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Travailler dur est une chose, gagner sa vie en est

une autre !

C’était juste avant que la crise du Coronavirus ne s’invite chez nous. Jo et Stefanie De Clercq De Roo, tous deux établis à Poesele, ont remporté le Prix DGZ (pendant flamand de l’Arsia) pour la biosécurité. « Notre philosophie, nous l’appliquons au quotidien : travailler proprement, sainement et en toute sécurité. Si nous aimons travailler énormément, il faut toutefois que l’on puisse en vivre ! »

Temps de lecture : 8 min

Quel que soit le secteur, en agriculture, la recherche de l’optimum économique est une constante si l’on veut s’inscrire dans la durée. Dans la région rurale de Poesele – à la frontière entre la Flandre orientale et la Flandre occidentale – Jo De Clercq (39 ans) et Stefanie De Roo (33 ans) travaillent de 5 à 20 h. Jour après jour.

Travail et investissement

C’est dans la ferme parentale à Poesele (Nevele) que le couple élève un cheptel laitier.

Après plusieurs agrandissements importants et de lourds investissements – notamment l’arrivée d’animaux du coin, la construction d’une nouvelle étable laitière et la rénovation des étables existantes – l’élevage compte aujourd’hui près de 450 animaux. « Nous trayons généralement 235 vaches (principalement des pie noire), pour 40 taries. Au niveau des jeunes bêtes, nous en comptons 180. »

Ce bon résultat est le fruit d’un travail acharné. Le grand avantage aujourd’hui ? « Notre charge de remboursement diminue. Nous avons pu investir tout ce que nous avons gagné dans la ferme au cours des dernières années. Pas à pas, nous avons presque atteint un optimum économique. Ne pourrait-on pas faire mieux après tout ? Si nous examinons tout de près, il y a quelques points auxquels nous pouvons encore accorder une attention particulière. Le reste ce sont des détails. Mais Jo et Stefanie sont également prêts à s’y attaquer. Ceci caractérise bien leur dynamisme, leur amour du métier, leur esprit d’entreprendre.

Modérément positif, c’est le terme qui décrit le mieux l’état d’esprit du couple. La raison ? Le prix du lait pourrait être meilleur, certainement avec la coopérative laitière Milcobel.

Abandon du lait à l’herbe

Il y a quelques années, le couple d’agriculteurs de Flandre orientale a été contraint de passer de Friesland Campina à Milcobel. Avec un prix plus bas à la clé, certes, mais il y avait aussi des aspects positifs à ce passage obligatoire. L’abandon du pâturage a permis un rendement laitier plus élevé, moins de problèmes de santé. Le pâturage est une bonne chose en théorie, mais pas toujours aussi excellent et évident à mettre en pratique.

« Heureusement, ces dernières années ont été plus sèches. Sinon, l’éleveur voit une charge de travail supplémentaire quand les vaches reviennent des pâturages : le nettoyage des animaux en salle de traite. Les animaux ont également tendance à se trouver près les uns des autres en prairies. Cela peut entraîner des problèmes d’hygiène de la mamelle, entre autres… La ration est également loin d’être optimale au pâturage. On ne sait jamais exactement ce que les vaches ont mangé. Nous avons un prix du lait plus bas, mais nous avons des rendements laitiers plus élevés », estime Jo.

Le retour aux pâturages n’est donc pas une option pour le moment. « Sauf si c’est obligatoire ! Certains de nos bovins sont sujets aux mammites… Raison pour laquelle nous prenons des mesures supplémentaires : rasage des queues, traite des vaches à problème en dernier, avec ensuite désinfection complète de la salle de traite… »

Il utilise également le système de détection de problèmes Keno-M, un assistant virtuel pour une gestion facile et efficace des mammites en élevage laitier. « Notre conseiller d’exploitation nous alerte dès que le taux de cellules somatiques augmente chez une vache. Il ne se contente pas de détecter les éventuels problèmes de santé, mais fournit également des solutions. Nous soumettons également souvent les vaches à problèmes à un examen bactériologique. Dès lors, nous pouvons ainsi identifier à quel problème nous faisons face. Et si on sait soigner l’animal directement avant tarissement, elles peuvent généralement facilement guérir et repartir sur une bonne base pour la prochaine lactation.

Pas fan des robots

Aujourd’hui, l’exploitation peut compter sur une production laitière moyenne par vache de 10.352 l, avec une teneur en matière grasse de 4,21 % et en protéines de 3,61 %. La traite a lieu 2 fois par jour dans une salle de traite Gea 2x16 côte à côte. « Nous avons un peu modifié le système avec un manchon trayeur Milkrite avec ventilation de la tête. L’avantage ? Les effets potentiellement nuisibles du vide sont réduits. La ventilation aide à chasser le lait hors des trayons, les gardant secs, réduisant les éclaboussures et empêchant les bactéries d’entrer dans le trayon. Le résultat global de cette ventilation permet un massage doux sur le trayon, tout en réduisant le nombre de cellules somatiques et le risque de mammite. Nous ne sommes pas partisans du robot de traite. »

« Nous aimons toujours la traite. Le temps qu’une vache aille au robot, j’en ai déjà trait 30 », rit Jo. À notre avis, un tel robot donne un faux sentiment de sécurité. Vous pouvez être appelé à tout moment de la journée si quelque chose ne fonctionne pas. Non, nous ne sommes pas convaincus. Et bien sûr, il faut tenir compte du prix de revient d’un tel robot. Chacun est bien sûr libre de le faire. En tout cas, il ne s’inscrit pas dans notre gestion opérationnelle. »

la biosécurité, ce fil rouge

Les chiffres positifs vont de pair avec une bonne santé, mais aussi avec la biosécurité. Cette attention à tout ce qui touche à la biosécurité (voir encadré) est un véritable fil rouge dans toute la gestion opérationnelle. Et si des problèmes surviennent – comme par le passé avec des cas de mammites ou la néosporose – ils sont traités de manière très efficace par les bons experts.

Aujourd’hui, par exemple, l’élevage a le statut I3 pour l’IBR, le niveau de statut A pour le para-TBC et est exempt de BVD et de néosporose. « Tous ceux qui, comme nous, ont dû nettoyer une dizaine de bêtes savent combien il est important d’être très pointilleux à ce sujet. Un point de travail cependant : le tarissement sans antibiotique et les tests de marquage des jeunes bovins. »

Le couple fait donc de la biosécurité une priorité, et ce, à tous les niveaux, à tous les stades de la vie de ses animaux, des vêlages à la livraison du lait. « Les jeunes bovins sont répartis sur 3 étables, indique Stefanie, qui prête beaucoup d’attention aux différents parcours, à l’utilisation de matériel marqués de couleurs distinctes pour les différents lots, pour la désinfection des bottes et l’utilisation des vêtements de sécurité propres à chaque stabulation du jeune bétail allant jusqu’à 14 mois

C’est à cet âge que les génisses sont inséminées pour la première fois. Si Jo et Stefanie sont très pointilleux dans ce domaine, lorsqu’il s’agit d’élevage, ils sont principalement guidés par les chiffres.est aussi synonyme d’esprit de décision numérique.

« Le lait, et les niveaux de matières grasses et de protéines qu’il contient, c’est tout ce qui m’importe », dit Jo en riant. Les origines de mes animaux ? Je m’en fiche ! Je me contente de suivre les conseils d’insémination que l’on me donne, par rapport à mes objectifs. Et ce qu’il en ressort correspond à la vision que nous avons de l’élevage », sourit Jo.

Dans la ration alimentaire

L’exploitation dispose également de 100 ha de terres, qui sont travaillées pour 45 ha de maïs, 40 ha d’herbe, 6 ha de blé et 9 ha de pommes de terre. Les vaches reçoivent 12 kg d’ensilage et 21 kg de maïs, complétés par 12 kg de pulpe de betterave, 1,5 kg de blé concassé et 2,7 kg de soja.

« Si nous aimons notre travail, nous connaissons aussi des moments difficiles. C’est la même chose pour tout le monde, quel que soit son emploi. Quoi que nous fassions, il faut que ce soit bien. C’est notre attitude et notre philosophie d’entreprise : travailler durement, mais proprement, sainement et en toute sécurité. Les résultats viennent alors naturellement. C’est comme ça que nous avons toujours travaillé. Par exemple, nous continuons à trouver anormal que certains visiteurs soient surpris de devoir enfiler des bottes et des vêtements de sécurité en rentrant chez nous. Ou qu’ils doivent désinfecter leurs bottes lorsqu’ils entrent dans une autre étable. Pour nous, c’est un mode de vie, une façon de gérer notre entreprise », explique le couple.

Attention à l’isolement

Sans pour autant porter d’œillères. Parce qu’il y a évidemment autre chose que le travail.

« Il faut aussi pouvoir prendre du temps hors de la ferme. Si on n’y parvient pas, il y a un risque que l’on devienne amer. De temps en temps, il faut sortir complètement pour se détendre et recharger les batteries. Ensuite, nous partons en vacances à l’étranger, pour faire de la randonnée ou du ski. Ou… juste ne rien faire pendant quelques jours. Il est important que les agriculteurs le fassent et continuent à le faire, au risque de s’isoler davantage. Ce n’est peut-être pas toujours facile, mais il existe de nombreuses possibilités de donner quelques jours de congé à l’entreprise. Ensuite, vous devez également faire des choix », estime Jo.

Réduction du nombre de bovins

Au vu de la charge de notre travail, il est temps de chercher des solutions et de réduire le nombre de bovins. Nous sommes au maximum pour le nombre de bovins et tout le travail qui va avec. Nous ne sommes pas en expansion, au contraire. Nous faisons réaliser une étude sur les conséquences de la réduction du nombre de bovins. C’est juste trop pour nous. Faire appel à du personnel externe n’est pas non plus toujours une solution.

Faire du volume pour faire du volume n’aide en rien. L’offre lait est déjà assez grande pour une même demande, avec un prix relativement bas. Nous travaillons donc les perspectives qui s’offrent à nous. Jasper nous succédera-t-il un jour ? Il peut faire ce qu’il veut. Mais nous ne sommes pas dans cette optique actuellement. À son âge, nous étions très souvent à l’extérieur, à jouer dans les étables, lui préfère rester à l’intérieur…, mais ça peut encore changer. Ce qui nous importe ? Laisser derrière nous une exploitation agréable et rentable. Et assez de temps pour nous pour vivre !

D’après Lieven Vancoillie

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