
Les modes de croissance et de fructification des arbres fruitiers varient certes selon les espèces, mais aussi selon les variétés (on devrait dire les « cultivars » !) et les sujets porte-greffe. Les techniques culturales doivent par conséquent être adaptées à chaque cas.
Et comme la liste du matériel végétal proposé s’allonge constamment, surtout en ce qui concerne l’assortiment variétal, l’arboriculteur professionnel ou amateur se trouve en situation permanente de recherche qui aiguise sa curiosité.
Trois parcelles et trois situations différentes
Dans une parcelle donnée, les conditions de culture sont déterminées à la fois par les caractéristiques physiques, chimiques et biologiques du sol, et par le microclimat. Celui-ci dérive du climat général de la région, ainsi que de la topographie (pente et orientation), du voisinage immédiat et de l’altitude.
Les trois petits vergers que nous avons créés respectivement en 1973, 1976 et 1984-85 totalisent 38,6 ares. Ils présentent certes des différences en ce qui concerne le sol, mais surtout des microclimats différents. Par exemple, un écoulement différent de l’air froid et humide selon la pente, avec des répercussions en ce qui concerne les maladies cryptogamiques, un éclairement plus ou moins bon en fonction de la végétation ligneuse voisine…
Les pommiers interviennent à raison de deux tiers des plantations, et les poiriers un dixième ; la quasi-totalité en système basse-tige intensif. Au fil du temps et des replantations après 20 à 25 ans, l’assortiment variétal a évolué : variétés classiques du moment, quelques variétés anciennes, et les variétés nouvelles qui semblent prometteuses, dans la limite de l’espace disponible. De la première plantation de 1973 subsistent encore deux pommiers ‘Melrose’ en buissons basse-tige, greffés sur ‘Malling 4’ qui ont encore eu en 2020 une bonne croissance et une très belle fructification.
Choisir les variétés
Les qualités jugées prépondérantes pour une variété de fruits dépendent fortement de la personne en cause et de l’utilisation prévue : fruits de table ou à transformer, autoconsommation familiale ou vente d’un surplus… Pour tous, la productivité, l’époque de récolte, les caractéristiques organoleptiques et techniques et le comportement des arbres envers les bio-agresseurs sont les critères principaux ; de nombreux autres s’y ajoutent comme l’adaptation aux conditions de milieu, ou le comportement après la récolte. La grande diversité de variétés proposées par les pépinières permet à chacun de composer un assortiment qui répond à ses attentes.
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Les meilleures pommes de table ou à transformer : plantation de 1973
‘James Grieve’
Dans la plantation de 1973, en fuseaux basse-tige greffés pour la plupart sur ‘Malling 9’, la variété hâtive la plus intéressante était ‘James Grieve’, une variété anglaise excellente comme fruit frais ou pour compote parce qu’elle cuit rapidement.
Son goût est très équilibré, sa fertilité est bonne et régulière ; l’épiderme est lisse, vert-jaunâtre, avec parfois une légère coloration rouge en stries ; elle est un très bon pollinisateur pour les autres pommiers. Elle se
L’arbre est vigoureux, assez sensible à l’alternance si on néglige l’éclaircissage. Le fruit est (très) gros, avec une chair croquante, à dominante acide qui masque le caractère sucré et aromatique. Cueillie début octobre, elle conserve ses qualités jusqu’en février, puis perd son goût et devient farineuse. Plusieurs mutants à fruits plus colorés et/ou de forme différente sont diffusés.
Focus sur ‘Reinette de France’, dans le verger de 1976
Qu’en est-il de la plantation de 1984 et 1985
Ce verger a été conçu comme un verger commercial intensif : arbres greffés sur ‘Malling 9’ plantés à 3,75 x 1,90 m, conduits en fuseau ; par ordre de maturité : 15 ‘James Grieve’ + 10 ‘Alkmene’ +25 ‘Elstar’ + 20 ‘Cox’s Orange Pippin’ + 20 ‘Belle de Boskoop’ + 40 ‘Jonagold’ + 20 ‘Melrose’ + diverses autres variétés à raison de 3 à 4 arbres pour chacune. Il comporte aussi un noyer actuellement centenaire et une dizaine de pruniers demi-tige.
‘Alkmene’
Cette pomme allemande se cueille en plusieurs fois en septembre et se conserve bien jusque fin-octobre. Son goût rappelle, en plus léger, ‘Cox’s Orange Pippin’ qui fait partie de son ascendance.
L’arbre est facile à conduire en fuseau, très fertile, non alternant ; c’est un excellent pollinisateur. Comme la nouaison est en général très bonne, un éclaircissage permettra d’obtenir des fruits de bon calibre. La vigueur des arbres est modérée ; par conséquent, il est préférable, en replantation, d’utiliser comme SPG ‘Malling 26’ plutôt que ‘Malling 9’.
‘Elstar’
‘Jonagold’
Un article paru dans le « Sillon Belge » du 21 juin 2019 lui a été entièrement consacré.
Elle est le produit du mariage de ‘Jonathan’ et ‘Golden delicious’ réalisé aux États-Unis en 1943. Son introduction en Europe remonte au milieu des années 1960 ; ses nombreuses qualités ont été distinguées sous des climats où l’arrière-saison alterne des journées chaudes et des nuits fraîches avec formation de rosée. C’est le cas en Belgique ainsi que dans les bordures de l’Arc alpin.
Depuis la fin des années 1970, elle est en Belgique la principale pomme de table : très productive, gros fruits bicolores d’aspect très attrayant, de très bonne qualité gustative : juteuse,
Composer un verger de pommiers
Il faut savoir que, pour une même variété fruitière, des arbres basse-tige et des arbres demi- ou haute-tige diffèrent de sujet porte-greffe : à vigueur faible dans le premier cas, et à vigueur forte dans le second, et qu’ils confèrent leur vigueur à la variété greffée grâce à un flux de sève ascendante puisé dans le sol. Ceci explique que certaines variétés de pommes cultivées en basse-tige vont parfois manifester, surtout pendant les premières années, des carences en certains éléments minéraux. C’est le cas des points liégeux bruns que l’on peut rencontrer dans la chair ; ils sont dus à une carence en calcium dans les fruits, même si le sol est suffisamment pourvu en cet élément. Il est donc inutile de chauler, et il faut éviter d’apporter du potassium, qui est antagoniste du calcium et risque d’aggraver la situation.
La diversité et le nombre de variétés de pommes actuellement disponibles dans les pépinières belges permettent à tout un chacun de trouver de quoi combler ses désirs, tant en fruits de table, en fruits à usage culinaire qu’en fruits à transformer.
Pommes de table et à usage culinaire
On cherchera à répartir la production de pommes de table et à usage culinaire sur une période d’utilisation la plus longue possible en plantant environ 15 % de variétés hâtives (jusqu’à la mi- ou fin-septembre) + 40 à 45 % de variétés d’automne (jusqu’à fin décembre) et autant de variétés d’hiver (après le Nouvel An).
Pommes à transformer
Par contre pour les pommes à transformer, il importe de disposer d’une quantité suffisante en temps voulu, et au même moment. Il ne faut pas perdre de vue que, par exemple, des fruits à maturité trop avancée ont un rendement en jus nettement plus faible et que leur qualité gustative tend à diminuer.
La disponibilité des plants en pépinière détermine le choix variétal, mais aussi la qualité des arbres achetés. On reconnaîtra un arbre de qualité au bon développement et à la fraîcheur des racines, à l’aspect sain du ou des points de greffe, à un tronc épais, droit, avec une écorce saine, non ridée, dépourvue de blessures, de traces de chancres, de tavelure ou d’oïdium et d’œufs de pucerons, à des ramifications bien étagées sur le tronc, implantées avec un angle ouvert, qui seront la base de la future charpente. La différence de prix d’achat sera toujours très largement compensée par une entrée en production plus rapide et, les premières années, par une fructification plus abondante.
Le diagramme et le tableau ci-joints aideront à composer un assortiment équilibré de variétés de pommes correspondant à l’utilisation familiale ; ils permettent aussi de diversifier la production et de la compléter si on a constaté qu’il y a des périodes « creuses ».
Le choix des variétés peut être aussi la conséquence de « coups de cœur » que l’on a pu avoir suite à des visites de vergers, à des lectures, à des reportages télévisés ou sur Internet, et dans le passé en feuilletant ces somptueux catalogues de pépinières qui ont actuellement disparu en raison de leur coût, remplacés par des visites à faire sur des sites d’Internet. Nous en conservons précieusement quelques-uns… comme d’autres conservent des albums de « Pin-ups ».
Wépion
