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Des résultats prometteurs grâce aux bandes fleuries

Les papillons de jour et autres insectes butineurs sont menacés par la diminution des ressources florales dans les milieux agricoles. Une des mesures visant à limiter leur déclin consiste à semer des bandes à fleurs des prés le long des cultures. Le suivi annuel des papillons dans ces bandes, réalisé par Natagriwal, permet d’évaluer l’efficacité de cette mesure de conservation.

Temps de lecture : 4 min

Depuis plusieurs décennies, les insectes butineurs connaissent une baisse considérable dans les milieux agricoles.

L’indicateur européen des papillons de jour des prairies (European Grassland Butterfly Index) a souligné un déclin de 39 % entre 1990 et 2017 au niveau de leur abondance.

Parmi les 115 espèces de papillons de jour présentes en Wallonie, 33 % ont décliné et 51 % sont menacées ou régionalement éteintes.

Pour cause, la dégradation des milieux semi-naturels, au travers de l’intensification agricole, l’urbanisation et les plantations de résineux, a conduit à la disparition d’habitats favorables et de ressources florales dans notre région.

La mise en place de bandes aménagées à fleurs des prés le long des cultures (mesure agro-environnementale et climatique MC8c) permet de fournir diverses ressources alimentaires aux papillons.

Ces bandes fleuries sont composées de plantes nectarifères, butinées par les adultes, et de plantes hôtes, sur lesquelles sont pondus les œufs et dont se nourrissent ensuite les chenilles.

De plus, les bandes fleuries créent un réseau d’habitat propice au déplacement et au développement des insectes au sein du paysage agricole.

Un suivi de longue durée

Depuis plus de dix ans, la cellule scientifique de Natagriwal suit les populations de papillons dans les bandes fleuries wallonnes.

Quatre recensements sont effectués chaque année, entre mai et août, sur une trentaine de bandes.

Entre 2010 et 2020, 56 espèces de papillons de jour ont ainsi été aperçues dans les bandes fleuries, soit près de la moitié de la diversité wallonne.

Parmi les espèces les plus abondantes, on retrouve principalement des espèces communes, comme le Myrtil, la Piéride de la rave ou l’Azuré commun.

Toutefois, les bandes fleuries accueillent aussi des espèces moins courantes, voire menacées : 43 % des espèces recensées sont rares ou assez rares à l’échelle régionale, dont 6 espèces protégées (annexe IIb du décret Natura 2000).

Notons la présence de l’Azuré du trèfle, anciennement éteint en Wallonie, ainsi que celle du Nacré de la ronce.

En expansion vers le nord, ces deux espèces méridionales ont fait leur apparition il y a quelques années dans la région (ou réapparition dans le cas de l’Azuré du trèfle, après plusieurs décennies d’absence).

Hausse des populations de 80 %

Autre constat encourageant : les papillons sont à la hausse dans les bandes fleuries. Leurs populations ont globalement augmenté de plus de 80 % en dix ans.

Cette tendance va donc à l’encontre de l’indicateur européen.

De plus, le nombre d’individus et d’espèces de papillons par bande est aussi en augmentation, ce qui renforce l’idée que les espèces colonisent et se développent peu à peu dans les bandes fleuries.

Deux hypothèses sont proposées pour expliquer cette hausse.

D’une part, les conditions estivales, devenues plus chaudes et plus sèches en Wallonie au cours des dernières années, auraient stimulé le développement des populations de papillons.

D’autre part, le maintien des bandes fleuries sur le long terme a sans doute été lui aussi bénéfique. Les plus grandes diversités et abondance de papillons ont en effet été observées parmi les bandes les plus anciennes.

Grâce au renouvellement des engagements, certaines bandes sont en place depuis plus de 14 ans.

Des fleurs au goût des papillons

Une étude menée en 2020 a mis en évidence que, parmi la soixantaine d’espèces végétales recensées, seules 14 (dont 7 comprises dans le semis) ont été butinées par des papillons.

La Centaurée jacée, une espèce semée, était de loin l’espèce la plus appréciée par un grand nombre d’espèces puisqu’elle a fait l’objet de 72 % des interactions observées.

La Centaurée jacée, qui fleurit à partir de juin, contribue grandement à la production de nectar au sein des bandes (plus de 90 % du nectar produit fin juin !).

D’autres plantes appréciées des papillons sont le Lotier corniculé et la Luzerne cultivée, qui se répand spontanément dans les bandes.

Cette même étude a révélé que les fleurs disponibles en mai étaient principalement des espèces spontanées produisant de faibles quantités de nectar.

Les bandes fleuries sont donc surtout bénéfiques aux papillons durant l’été.

Il est dès lors primordial d’associer les bandes avec d’autres éléments (haies, forêts, prairies extensives, etc.) afin de pourvoir du nectar aux papillons actifs au printemps.

De plus, la connectivité avec d’autres habitats favorables permet de réduire la fragmentation du paysage et d’améliorer localement la diversité des ressources.

Enfin, la proximité de haies et de forêts permet également aux espèces bocagères et forestières de profiter des bandes fleuries.

Alyssa Kolkman

Natagriwal

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