les bonnes variétés, pour les inviter au verger
Une famille nombreuse
Les fruits à noyau appartiennent tous au vaste genre Prunus qui compose à lui seul la famille des Amygdalacées. Celui-ci était autrefois une sous-famille des Rosacées sous la dénomination des Prunoïdées.
Pour les botanistes, le genre Prunus comporte environ 300 espèces répandues dans les zones tempérées et subtropicales de tout l’Hémisphère Nord. Une douzaine d’entre elles produit des fruits comestibles et/ou des sujets porte-greffe. Il existe aussi de nombreux hybrides interspécifiques naturels ou créés par l’Homme.
Pour les jardiniers, les fruits à noyau comestibles sont classés en six groupes. Trois d’entre eux sont parfaitement rustiques sous notre climat : les cerisiers, les prunelliers et
La floraison des espèces à noyau est très spectaculaire parce qu’elle se produit avant la feuillaison, sur le bois encore nu.
Le réchauffement annoncé du climat laisse espérer que les trois dernières espèces citées auront chez nous une fructification meilleure : plus abondante et plus régulière, mais les gelées tardives printanières restent un risque auquel elles sont exposées en raison de leur floraison (très) précoce.
Les abricotiers : opter pour des variétés très anciennes
Ce fruit délicieux originaire d’Extrême-Orient, puis cultivé dans les vallées d’Asie centrale, a été introduit dans le pourtour méditerranéen par les Romains après la conquête de l’Arménie, ce qui explique la dénomination Prunus armeniaca. Son extension vers le Nord de l’Europe remonte à la Renaissance.
Dans notre pays, des abricotiers se rencontrent dans les jardins de certains amateurs qui apprécient la qualité tout à fait supérieure de ces fruits, mais qui savent que leur fructification est aléatoire même s’ils sont plantés dans un sol filtrant, et à bonne exposition. L’idéal est de les cultiver greffés sur un prunier ‘Saint-Julien’ ou ‘Myrobolan’ qui tolère le mieux l’humidité du sol, et conduits en palmettes « à la diable » adossées à un mur. La conduite en buisson basse-tige est possible à condition de disposer d’un espace libre de 25 à 30 m².
Toutefois, il faut savoir que, de manière générale, cet arbre n’apprécie guère des tailles sévères et qu’il peut facilement perdre des branches et manifester des écoulements de gomme ; la cicatrisation des plaies est difficile, et un traitement est vivement conseillé.
De nombreuses variétés d’abricotier sont auto-fertiles, par exemple ‘Luizet’ (=‘Suchet’) à floraison tardive, ou ‘Royal’ ; ils mûrissent en juillet. La variété ‘Pêche de Nancy’ est un peu plus tardive : elle mûrit à partir de mi-août ; elle demande la présence d’un pollinisateur. L’abricot ‘de Hollande’ est précoce ; le fruit est de très bonne qualité mais de calibre petit ; il peut se multiplier par semis de noyaux après stratification dans du sable. Il s’agit de variétés très anciennes, dont le comportement en Belgique est bien connu.
Les pépinières françaises proposent une très vaste gamme de variétés d’abricot anciennes comme ‘Bergeron’ ou ‘Polonais’ dont la bonne rusticité est connue. Ils sont le plus souvent greffés sur un abricotier franc, moins bien adapté à nos sols humides que les pruniers cités plus haut. De très nombreuses variétés nouvelles sont proposées. Leur comportement est à l’étude depuis quelques années au Centre fruitier wallon à Merdorp (Hannut) ; leur jugement demande une dizaine d’années.
Les amandiers, annonciateurs du printemps
La culture en espalier permettra d’installer un système de protection par un voile de forçage ou une toile de jute.
Les amandes se classent selon la dureté de leur coque (dure ou tendre) et leur goût (amandes amères ou amandes douces). Les amandes peuvent être récoltées précocement : ce sont les amandes vertes ; ou à maturité : ce sont les amandes sèches.
Pour la culture en Belgique, on greffera sur prunier ‘Saint-Julien’ ou ‘Damas’ alors que sous des climats plus chauds, on utilisera comme sujet porte-greffe soit un amandier franc soit un hybride pêcher X amandier. Ces deux espèces sont aussi utilisées comme sujet porte-greffe pour les pêchers et les abricotiers à planter dans un sol calcaire.
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Les pêchers : plus résistants au froid hivernal
Comme l’abricotier, le pêcher est originaire d’Extrême-Orient, où il a été introduit en Asie centrale, ce qui lui a valu sa dénomination botanique Prunus persica, puis dans le Bassin méditerranéen sous l’Empire romain.
Sous notre climat, il est nettement plus rustique que les deux espèces précédentes en ce qui concerne le froid hivernal. Par contre, sa floraison précoce l’expose aux gelées printanières tardives. Un souvenir d’enfance à ce sujet : les pêchers en espaliers dans le jardin de nos grands-parents à Ganshoren, où pendant la période sensible des fleurs, des rideaux en toile de jute étaient fermés chaque nuit.
Pour les gourmets les plus fins, la pêche et l’abricot rivalisent lorsqu’il faut décréter lequel des deux est le meilleur. La pêche semble avoir gagné le challenge, au moins par la quantité de fruits consommés annuellement, mais nous restons supporter de l’abricot lorsqu’il est exactement à sa pleine maturité.
Les pêches dites rondes (c’est-à-dire sphériques) se subdivisent en quatre groupes, auxquels il faut en ajouter un cinquième : les pêches dites plates (c’est-à-dire aplaties). Les pêches proprement dites ont un épiderme duveteux, et une chair tendre de couleur blanche, sanguine ou jaune, très juteuse ; leur noyau se détache facilement de la chair. Les pavies ont également un épiderme duveteux, mais la chair, le plus souvent jaune, est ferme et adhère fortement au noyau. Ces fruits sont utilisés pour la mise en conserve : en oreillons, en quartiers ou en morceaux.
De manière générale, les variétés à chair blanche ont une qualité gustative plus marquée que celles à chair jaune. Elles semblent aussi mieux adaptées à notre climat actuel parce qu’elles sont moins exigeantes en chaleur. L’évolution du climat pourrait modifier ce point de vue.
À suivre
Wépion
