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Forte baisse prévue des importations

de céréales et d’oléagineux

Conséquence directe du conflit russo-ukrainien, les importations européennes de céréales et d’oléagineux devraient, selon la commission, fortement chuter lors de la campagne 2021/2022.

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C’est ce qu’elle explique dans son rapport trimestriel sur les perspectives agricoles à court terme. En revanche, la sécurité alimentaire de l’UE n’est pas menacée grâce à de bonnes perspectives de récolte et avec des prix élevés pour pratiquement tous les produits agricoles.

« La guerre en Ukraine a considérablement perturbé les marchés agricoles mondiaux, créant davantage d’incertitudes quant à la disponibilité future des céréales et des oléagineux dans le monde, et ajoutant une couche d’instabilité dans des marchés déjà tendus », alerte la Commission européenne dans ses Perspectives à court terme des marchés agricoles de l’UE publiées le 5 avril. La guerre entre la Russie et l’Ukraine – principaux fournisseurs de céréales et d’oléagineux à l’échelle du globe – devrait selon les estimations de l’exécutif européen, entraîner sur la campagne 2021/2022 une baisse de 10 % des importations de céréales de l’UE par rapport à 2020/2021, pour atteindre 18,9 Mio t, l’Ukraine étant la principale source de maïs importé pour l’UE (6,5 Mio t en 2020/21). Les prix du maïs de l’UE ont d’ailleurs augmenté d’environ 25 % depuis février en raison de l’arrêt des exportations ukrainiennes par voie maritime. Des expéditions beaucoup plus faibles ayant lieu par train et par barges, explique la Commission.

Oléagineux et pommes fraîches

Tout comme les prix intérieurs des céréales (blé, maïs, orge), les prix du tournesol (déjà élevés au début de la campagne 2021/2022) ont de nouveau fortement augmenté de 50 % pour atteindre un record de 1 000 €/t. Alors que d’autres oléagineux (par exemple, le colza) ont également atteint de nouveaux sommets historiques, constate la Commission européenne.

Les importations de graines oléagineuses de l’UE devraient ainsi diminuer en 2021/2022 par rapport aux niveaux enregistrés en 2020/2021 (-8,3 %) mais devraient être proches d’une moyenne sur 5 ans (+0,5 %), indique l’exécutif européen. Les importations de tournesol devraient connaître une forte réduction (-45 % en glissement annuel).

Historiquement, l’Ukraine et la Russie représentent plus de 50 % de la production mondiale de tournesol et 70 à 80 % des échanges d’huile de tournesol. Une situation qui a d’énormes répercussions sur la disponibilité et les coûts des aliments pour animaux. La perte des exportations ukrainiennes et l’incertitude concernant les exportations russes maintiendront les prix des céréales et des oléagineux à des niveaux élevés sur le long terme. Une évolution qui sera ressentie en particulier par l’industrie de l’élevage de l’UE, s’inquiète Bruxelles.

Concerné à la fois par l’embargo imposé par la Biélorussie mais aussi par le conflit russo-ukrainien, le secteur des pommes fraîches est aussi fortement touché. Les exportations de l’UE devraient ainsi baisser de 14 % en glissement annuel (-22 % en moyenne sur 5 ans). Une perspective qui s’explique aussi par des difficultés logistiques persistantes (coûts de fret élevés et disponibilité des conteneurs). Conséquence également de la guerre, les importations de pommes transformées en provenance d’Ukraine devraient s’arrêter pour la période 2021/2022. L’Ukraine en avait exporté 30 000 t vers l’UE en 2020/2021.

Pas de menace pour la sécurité alimentaire de l’UE

En raison de bonnes perspectives de récolte et avec des prix élevés pour pratiquement tous les produits agricoles dont beaucoup ont atteint des niveaux records, la Commission européenne assure toutefois que l’UE n’est pas actuellement confrontée à une menace pour sa sécurité alimentaire. Pour la campagne 2021/2022, la production céréalière de l’UE devrait connaître une nette augmentation (+4,3 % pour atteindre 293,3 Mio t) avec des disponibilités abondantes.

Les exportations de céréales de l’UE en 2021/2022, qui étaient déjà en hausse avant la guerre en Ukraine, devraient ainsi augmenter de 14 % pour atteindre 48,9 Mio t. Pour la campagne 2022/2023, dans l’hypothèse de conditions météorologiques moyennes au printemps et en été, la production totale de céréales de l’UE pourrait atteindre 297,7 Mio t (+1,5 % en glissement annuel).

La production de blé tendre devrait, quant à elle, atteindre 131,3 Mio t, celle d’orge 53,6 Mio t et celle de maïs 74,0 Mio t. Sur la même période, la demande totale de l’UE d’aliments pour animaux devrait diminuer de 1,1 % par rapport à 2021/2022 pour atteindre 159,1 Mio t.

Concernant le marché européen des oléagineux, il est globalement suffisamment approvisionné, assure Bruxelles. La production de graines oléagineuses de l’UE en 2021/2022 était supérieure de 6,5 % à celle de 2020/2021, à 30,2 Mio t, dont 10,5 Mio t de graines de tournesol, soit une augmentation de 16,2 % en glissement annuel et de 8,0 % par rapport à la moyenne sur 5 ans.

Pour la campagne 2022/2023, la production totale de graines oléagineuses de l’UE pourrait augmenter de 6,4 % en glissement annuel pour atteindre 32,2 Mio t pour la première fois depuis 2017. Un tel niveau de production devrait permettre de compenser la perte d’approvisionnement en provenance d’Ukraine.

La production d’huile végétale de l’UE devrait également augmenter, de 3,5 % en glissement annuel pour atteindre 15,9 Mio t. Quant à la production d’huile de tournesol, elle devrait augmenter de 6,5 % pour atteindre un niveau record de 4,2 Mio.

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