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En mode classique, bokashi ou lombricompost, à réfléchir

selon son espace et son usage

De compostages, il en est souvent question sous cette rubrique

de jardinage. Nous évoquons ici les matières à composter ou

leur usage final, ainsi que la manière de mener son compost.

Temps de lecture : 8 min

Faisons le point des techniques à mettre en œuvre en tenant compte des matières organiques disponibles et des surfaces concernées.

Le compostage des déchets de jardinage et de cuisine fait partie des traditions paysannes. Même si l’habitude fut un peu perdue avec le réflexe du tout à l’égout et du tout à la poubelle, le bon sens, la responsabilisation de chacun et aussi les aspects financiers incitent tous les jardiniers à revoir leurs habitudes.

La nature et les quantités disponibles à l’entrée de la compostière varient d’un jardin à un autre. Le compost final variera dans les mêmes proportions.

Lorsque la compostière est aménagée en plein air au jardin, nous n’avons pas les mêmes contraintes que pour les dispositifs adaptés aux appartements. Pour ce dernier cas, il est souvent évoqué le cas du lombricompost et du bokashi. C’est à juste titre. Mais rien ne nous empêche de faire de même en plein air aussi, du moins avec le lombricompost.

Que pouvons-nous composter ?

Les déchets de cuisine ont bien leur place dans le compost. Mais leur odeur peut attirer les rats. Pour limiter l’odeur attractive, nous pouvons efficacement recouvrir les déchets de cuisine par d’autres matières comme celles qui donnent de la structure.

Pour les grands jardins, le tas de compost peut devenir important. Mais surtout, nous avons assez bien de matières brunes en automne et en hiver (feuilles mortes, broyats, etc.) et beaucoup de matières vertes en été (tontes, déchets de légumes…).

Une question revient fréquemment pour les jardins munis d’une grande pelouse. Comment résoudre l’évacuation des tontes ? Plusieurs méthodes sont possibles. Nous pouvons tondre un peu plus souvent et laisser les tontes en mulch. Quand la météo le permet, laisser l’herbe sécher avant de la ramasser ; plus sèche, elle aura moins tendance à former une masse qui s’acidifie. De plus, l’herbe séchée convient bien en paillage de surface sur le sol. Pour les grandes pelouses, nous pouvons reconvertir une partie de la surface en prairie fauchée ou pâturée.

Les pelures d’oranges ou de citrons se réduisent comme bien d’autres épluchures et trognons. Il est vrai que le compostage de très grandes quantités de pelures d’agrumes, comme près des usines de préparations de mets, ne se réalise pas sans certaines précautions. Mais les quantités correspondant aux consommations de ménages sont compostées sans problème.

Les herbes sauvages issues des opérations de désherbage peuvent être compostées sans problème. La température de compostage va maîtriser les capacités germinatives des graines.

Les tailles de haies peuvent être compostées. Les grandes quantités de thuya, de cyprès ou d’aiguilles de résineux ne se décomposent pas rapidement. Leurs propriétés fongicides peuvent s’exprimer et inhiber les fermentations. Les grandes quantités de broyats de ces plantes seront utilement utilisées comme paillis pour les zones ornementales du jardin.

Le marc de café, les sachets de thés ou de tisanes en papier vont aussi au compost. Les cartons d’emballage non colorés aussi. N’oublions pas d‘enlever les rubans adhésifs en matières plastiques.

Les matières vertes et humides comme les tontes de pelouse, les tailles de haies et les déchets de cuisine complètent les matières brunes et sèches comme les feuilles mortes, les broyats, les tontes de haies sont apportées en alternance et en quantités équivalentes.

Et que ne pas y mettre ?

Nous trouvons de nombreux sites web sur le compostage. Chacun nous donne des conseils et des illustrations intéressantes. Mais nous voyons aussi apparaître des interdits. Sont-ils fondés chez nous ?

Les déchets de viande, de poissons, d’œufs et de fromages attirent les rats et seront donc évités.

Les huiles et les graisses ont plutôt leur place au parc à conteneurs pour être recyclées.

Les cartons colorés, les cendres, les litières de chats, les os et les poussières d’aspirateurs ne se compostent pas efficacement vu leur pauvreté en matières organiques.

Le compostage classique

Le compostage classique se fait à l’extérieur, dans un espace clos ou en andains. L’opération du compostage permet une élévation de la température à l’intérieur du tas, pour autant que le tas soit de taille importante. Le retournement du tas en phase de pleine activité permet de placer toutes les matières au cœur des températures les plus élevées. C’est cette élévation de la température qui permet l’assainissement des pathogènes des végétaux. L’aération, le mélange régulier des ingrédients et l’humidité des matières sont les clés de la réussite.

Le compostage classique convient bien pour les jardins de taille moyenne et grande. Il est difficile de composter les seules matières issues de la cuisine d’un ménage avec cette méthode. La masse totale ne serait pas suffisante pour atteindre une élévation correcte de la température.

Le compostage est le résultat de l’activité des bactéries, champignons, micro-organismes, cloportes, vers de compost.

Pour que la vie s’y développe à souhait, le compost doit être humide mais sans excès. Pour s’en assurer, nous prenons une poignée de compost et la serrons dans le poing.

Si la poignée tient la forme du poing et produit quelques gouttes de liquide sous la pression, l’humidité est correcte.

Si la poignée se délite en poussière, le compost est trop sec et il faut l’arroser.

S’il est trop humide, la poignée libérera de grandes quantités de liquides sous la pression et dégagera des odeurs désagréables ; il faut y ajouter des matières brunes et sèches.

L’aération du tas de compost

Une bonne aération de la masse est très importante. Plusieurs techniques la permettent. L’aération se fait régulièrement avec une tige aératrice pour les fûts de compostage. Pour les tas, prévoyons deux à quatre retournements par an au moins, à la fourche.

En incluant des éléments structurants comme du broyat de branchages, de la paille, des feuilles mortes par exemple, nous donnons une porosité à la masse. Cela favorise une bonne aération.

En retournant la masse ou en la travaillant avec des outils, nous l’aérons en profondeur. C’est d’ailleurs une bonne occasion d’incorporer de nouvelles matières lors d’une retourne pour relancer vigoureusement les réactions et la production de chaleur.

L’aération est nécessaire pour les processus de compostage. En outre, elle permet de réduire les risques de dégagement d’odeurs désagréables.

De manière générale, les réactions de compostage démarrent spontanément avec la flore présente sur les végétaux.

Lorsque le compost a bien été aéré durant sa fermentation, le pH est proche de 7 ou légèrement supérieur. Il n’est donc pas acide et ne nécessite pas de correcteur de pH.

Pour des tas de la taille correspondant à un jardin particulier, la durée totale de compostage est de l’ordre de 6 mois à deux ans. En aérant bien et en disposant de matières vertes autant que de matières brunes, la durée est plus courte.

Le compost « vert » n’est pas encore stabilisé, il peut convenir en apport d’automne et un léger enfouissement. Il poursuivra son évolution dans le sol.

Le compost est mûr quand son odeur évoque celle des sous-bois.

Le lombricompost

Le lombricompost est une technique favorisant l’activité de vers. Ces vers sont amenés lors de la première mise en route, avec la litière de démarrage. Par la suite, les restants après un compostage redémarrent avec les nouveaux apports.

La compostière peut être placée à l’intérieur de l’appartement ou à l’extérieur. La compostière ne dégage pas d’odeur désagréable.

La technique s’adapte bien aux petits et aux jardins de taille moyenne. Le compost est fait après 4 à 8 mois, selon la température et le type de matières. L’assainissement des matières se fait par l’action des vers.

Le bokashi

Le bokashi est inspiré par des techniques développées au Japon et ses pays voisins. La première phase de fonctionnement se déroule sans air, en anaérobie. Des sucres composant les matières introduites dans la masse se transforment en acide lactique. Cela nous fait penser à la fermentation de la choucroute, à celle du yaourt ou à celle des ensilages. Cette première phase dure deux semaines à la température d’un appartement. Comme le composteur est fermé, il n’y a pas d’odeur.

En ouvrant le composteur en fin de première phase, nous disposons d’une matière évoluée à pH proche de 3,5. Elle a gardé presque tout l’azote et le carbone issus des matières entrantes. Avant de l’employer pour la fertilisation de notre jardin, nous laissons cette masse enterrée sous quelques centimètres de terre durant deux semaines pour que son pH se neutralise. Encore faut-il disposer d’un espace de jardin pour cette deuxième étape.

Aux matières végétales destinées au compost traditionnel, nous pouvons encore ajouter les débris carnés et les litières d’animaux. La technique requiert des conteneurs adaptés pouvant être fermés. Elle s’adapte bien aux tout petits jardins d’intérieur ou d’extérieur. Idéalement, nous disposerons de deux ou trois réacteurs. Les matières sont amenées environ une fois par jour et sont tassées vers le fond. Nous refermons le réacteur le plus vite possible après l’ouverture. En principe, nous apportons de l’activateur de compostage adapté à chaque nouvelle réaction, après chaque vidange.

L’assainissement du compost se fait lors de la phase anaérobie. Le conteneur (réacteur) peut être placé dans l’appartement ou sur le balcon.

F.

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