
L’amplitude des variations du prix du lait et de son coût de production ne faisant que croître, le Mig a demandé en 2022 à la Daea de suivre l’évolution de ces paramètres économiques chaque trimestre. Il est donc désormais possible de disposer d’un indicateur de rentabilité « actualisé » quelques semaines après la fin de chaque trimestre, permettant de suivre la situation au plus près.
La synthèse de cette analyse est présentée ci-après.
Une méthode d’analyse éprouvée
L’analyse (figure 1) a trait à la production de lait « conventionnel » (bien que le MIG suive aussi la situation du lait biologique). Elle est basée sur les chiffres de la Daea, qui réalise des comptabilités de gestion dans plus de 400 exploitations agricoles wallonnes.
La Daea a estimé l’évolution des différents paramètres économiques sur base d’index et des pratiques agricoles observées en 2021. Le Mig est responsable de l’interprétation de ces données.
La différence entre les recettes liées ou induites par l’activité de production laitière des exploitations concernées (prix de vente du lait, aides de la PAC et autres recettes telles que la vente de bovins…) et le coût de production constitue un indicateur de rentabilité utilisé par la Mig depuis de nombreuses années dans la recherche d’un revenu équitable pour les producteurs laitiers.
Le coût de production intègre tous les coûts qui induisent des mouvements de trésorerie, ainsi qu’une « rémunération cible du producteur », qui n’est rien d’autre qu’un calcul de rémunération théorique à atteindre pour qu’en moyenne le producteur dispose d’un revenu égal au coût d’un salarié qualifié si le producteur doit se faire remplacer.
Les chiffres exprimés sont des moyennes tous type d’exploitations laitières incluses, qui ne permettent donc pas de mettre en évidence des différences selon la taille des exploitations, l’âge des exploitants…
Si le coût est supérieur aux recettes, la différence est nommée « part non-couverte des coûts ». Dans le cas contraire, elle est appelée « complément de revenus ».
Une nette amélioration de la rentabilité en 2022
Durant les trois dernières années, les recettes et le coût de production des exploitations laitières ont augmenté. Mais ces augmentations sont beaucoup plus marquées en 2022 qu’en 2020 et en 2021 (figure 2).
En 2020 en effet, le coût de production du lait (rémunération cible du producteur incluse) s’élevait d’après les chiffres analysés à 50,0 cents/kg de lait, pour des recettes de 40,70 cents/kg (dont 31,30 cents/kg pour la vente du lait). Il en résultait une part du coût de production non-couverte par les recettes, à hauteur de 9,40 cents/kg.
En 2021, le coût de production et les recettes, par le biais du prix du lait, ont progressé de manière proche, augmentant de près de 5,00 cents/kg. La part du coût de production non-couverte par les recettes s’élevait alors à 8,40 cents/kg.
En observant plus en détail la structure du coût de production, on observe que les postes de coût qui ont augmenté le plus en 2022 par rapport à 2021 concernent l’achat et la production de fourrages (+ 5,50 cents/kg), suivis par l’énergie (+ 0,90 cents/kg).
Un atterrissage compliqué en 2023 ?
D’après l’Observatoire du Marché du Lait Européen, le prix du lait en Belgique semble avoir atteint un pic à 58,40 cents/kg en octobre 2022. Il a depuis lors baissé progressivement pour atteindre 50,80 cents/kg en février 2023. Si cette tendance à la baisse se poursuit, il y a fort à parier qu’une tendance similaire (à la baisse) du coût de production du lait ne soit pas observée. Le Mig redoute dès lors que les recettes deviennent à nouveau inférieures au coût de production en 2023, mettant à nouveau à mal la rentabilité de la production, après une éclaircie de quelques mois…
Un prix équitable ?
D’après l’Association belge du commerce équitable, un prix équitable pour un producteur doit (1) couvrir les frais de production, (2) lui procurer un revenu décent pour son travail et (3) idéalement lui permettre d’épargner.
En 2020 et 2021, les recettes de la production laitière ont permis de couvrir les frais de production, mais pas d’offrir le revenu cible pour le travail des producteurs, et encore moins une capacité d’épargne (voir figure 2 : le niveau de remplissage de la « bouteille » avec les recettes est inférieur à la barre pointillée orange qui somme frais de production et rémunération).
La situation s’est nettement améliorée en 2022. Les recettes ont permis de couvrir les frais de production et d’atteindre le revenu cible pour les producteurs. Mais en moyenne, la capacité d’épargne est restée faible…
pour le Mig
