suivi par un mois de février doux et sec. Leur ont succédé mars, très humide et sombre, et avril, froid, humide
et sombre. Les premiers jours de mai ne nous ont pas
permis d’effectuer les plantations et semis aux dates
habituelles. Décidément, ce n’est pas simple cette année.
Un des soucis est la gestion des plantations en extérieur. Nous devons nous efforcer de maintenir les plants en croissance un peu ralentie en vue d’essayer de les maintenir en état. Ralentir les arrosages permet de ralentir la croissance. En les sortant, nous abaissons la température, mais les arrosages reprennent via les pluies répétées. Essayons de tenir bon encore quelques jours.
Dans de telles conditions ce n’est pas facile d’ajuster les livraisons aux calendriers théoriques d’une part et de s’adapter aux demandes ponctuelles des clients en légumes frais pour les rencontres festives qui pourront reprendre dans quelques semaines, du moins nous l’espérons.
Le développement des cultures, les évolutions épidémiques de maladies et les cycles de ravageurs sont à surveiller avec attention.
Surtout, efforçons-nous à ne pas travailler sur sols encore trop humides. Nous sommes en retard par rapport au calendrier. Mais il faut pouvoir attendre quant à l’état de la structure du sol. Toutes les sous-régions ne sont pas dans le même cas. D’une part, les précipitations différant fortement en quantité d’une sous-région à une autre. D’autre part, la capacité de drainage des sols n’est pas la même d’une parcelle à une autre.
Nous savons déjà que des semis et plantations seront retardés. Mais si nous travaillons un sol qui n’est pas ressuyé, nous ajoutons un frein considérable au développement futur des cultures.
Faisons un point de la situation.
Une analyse de sol avant les compléments de fumure
Les légumes à longue durée de végétation et à fort développement végétatif ont besoin d’une fertilisation adaptée. Bien que les situations soient très contrastées d’une parcelle à l’autre, les reliquats d’azote sont plutôt moyens en parcelles maraîchères. Après les fumures organiques de base, il est prudent de se baser sur une analyse de profil avant de se lancer dans des apports complémentaires. Les laboratoires sont disponibles sur le site www.requasud.be. Ces apports complémentaires se calent 3 à 5 semaines après plantation en choux brocolis et choux-fleurs, 5 à 8 semaines après plantation choux pommés, choux de Bruxelles, céleris verts et dorés et 6 à 8 semaines après plantation en poireaux et céleris-raves. Les compléments se calculent d’après les analyses. Il ne sert à rien de forcer les doses, des apports totaux de 120 à 150 unités d’azote en poireaux, 100 à 120 en choux pommés ou un peu plus en choux blancs, et 130 à 150 unités en céleris-raves suffisent généralement. En cas d’apports organiques avant la plantation, nous pouvons faire déterminer les reliquats et les disponibilités selon l’avancement réel de la minéralisation, l’état de notre parcelle et selon le climat.
Les légumes à courte période de végétation n’ont guère besoin d’un fractionnement de la fertilisation.
Des conditions favorables nécessaires pour travailler les sols
Les conditions climatiques de 2022 et l’hiver clément nous ont laissé des structures de sol impeccables en février. Mais c’est du passé. Dix semaines plus tard, les sols sont relativement froids et gorgés d’eau. Nous devons attendre pour retrouver des conditions favorables pour travailler nos sols
Pour les quelques parcelles déjà implantées, il est très malaisé voire impossible de procéder à des faux-semis et des binages. La question de l’enherbement s’y pose clairement.
Les maladies et ravageurs
Chaque année vient avec son lot de maladies et de ravageurs.
Les pucerons
Les populations de pucerons ont été repérées tôt cette année, elles se sont plutôt peu étendues sous abris comme en plein air. Mais ce n’est pas une généralité, en certains sites, les populations sont localement fortes, rarement sur toute la parcelle. Nous pouvons expliquer cela par des conditions peu favorables aux vols et ce sont plutôt d’anciens foyers qui s’étendent de proche en proche.
D’autre part, les conditions météo des dernières semaines sont défavorables au bon épanouissement des populations d’auxiliaires naturels. Actuellement, leur activité est ralentie. Il faudra d’abord une relance sérieuse des populations d’auxiliaires puis leur dispersion avant de constater une maîtrise des populations de pucerons.
Nous devons rester attentifs pour les cultures en place, il se pourrait que les foyers de pucerons déjà repérés actuellement soient en expansion temporaire lors des quelques prochaines semaines. Dans une large majorité de cas, il n’y a pas lieu d’intervenir, mais restons attentifs. C’est surtout important pour les cultures sensibles (laitues…), surtout si l’environnement de la parcelle est peu propice (peu de haies, peu de végétaux permanents près de la parcelle, etc.) à l’installation rapide des auxiliaires.
Les limaces et les escargots
Les populations sont en forte augmentation en plein air comme sous abris. Les populations semblent importantes sur certains sites et plutôt faibles ailleurs. La biologie de ces bestioles, la structure du sol après l’année 2022 et la biodiversité peuvent expliquer partiellement ces constatations (lire aussi Le Sillon Belge du 21 avril 2022).
Les limaces adultes mangent jusque la moitié de leur poids par 24 heures, ce qui est énorme en termes de jeunes plantules.
Les limaces peuvent être observées directement par leur présence ou par les traces de passage sur les feuilles couvertes de la rosée matinale ou les traces de mucus. Les pièges permettent d’apprécier le niveau d’importance des populations. Les résultats doivent être interprétés selon la grandeur des risques, dépendant eux-mêmes de la culture et de l’époque de l’année.
En pratique, 4 pièges de 0,25 m², constitués de cartons humidifiés et recouverts d’une bâche, sont disposés sur la parcelle. Le comptage se fait 3 jours plus tard et s’exprime en individus/m². Le seuil de tolérance dépend de la sensibilité de la culture. Nous considérons que le maximum tolérable est de 1 individu/m² en cultures sensibles comme les laitues, les choux, les radis, les navets, les fraises et les épinards. Nous pouvons retenir le niveau maximum de 2 individus par m² sur chicons et celui de 12 par m² sur haricots.
Plusieurs espèces de carabes et de staphylins dévorent les œufs de limaces, leur action est précieuse vis-à-vis des pontes, dès le début du printemps. Pour favoriser les carabes et les auxiliaires, il convient de maintenir des zones refuges enherbées aux flores diversifiées constituant un maillage autour des parcelles.
Les molluscicides homologués apportent un autre type de solution. Le métaldéhyde (plusieurs noms commerciaux, 0,30 à 0,42 kg de m.a./ha) détruit les cellules productrices de mucus, la limace se déshydrate. Avec le phosphate ferrique, les limaces cessent de s’alimenter (plusieurs noms commerciaux, 0,21 à 0,5 kg de m.a./ha). Des renseignements à ce sujet sont également disponibles www.fytoweb.be.
Les résultats seront meilleurs par interventions précoces, au semis et avant la levée de la culture. La lutte doit s’organiser pour éviter les surpopulations aux premiers stades de la culture surtout.
Les mildious
Les services d’avertissement soulignent la présence de mildiou sur les tas d’écarts de triage depuis plus d’une semaine. En pommes de terre primeur, nous devons nous attendre à constater des taches sur le feuillage des cultures dès le débâchage.
Pour les tomates en serre, en principe, les risques sont réduits. En effet, la température peut dépasser les 35ºC plusieurs heures du jour à partir de fin mai, mettant ainsi un frein à l’épidémie en interne de la serre. Mais, les risques sont bien présents pour des contaminations au départ de spores amenées par les vents depuis un foyer voisin. Or, des repousses sauvages ou des tas de vieux tubercules de pommes de terre abandonnés dans le voisinage peuvent être des foyers, les spores y sont véhiculées par le vent. Nous devons rester attentifs pour agir avant que les dégâts ne soient importants (élévation de la température jusqu’à 35ºC quelques heures, en réduisant l’aération en journée, par exemple).
En choux
Les plantations sont en attentes presque partout. Restons attentifs pour les dégâts de pigeons (et parfois de gibier) sur les lots de plants en attente de plantation. De même, nous sommes dans la période de risques de vol de mouche du chou. Les attaques en pépinières sont potentiellement fréquentes. La pose de filets anti-insectes a tout son sens.
En poireaux
Nous devrions être au début de la période des vols de la mouche mineuse Phytomyza gymnostoma. Soyons vigilants. Pour mémoire, les observations sur ciboulettes jeunes plantées en bord de parcelles sont aisées. La pose soignée de filets est aisée en pépinière d’élevage de plants.











