à comment nous pouvons nous améliorer »
La direction opérationnelle est assurée par ses neveux Jean-Christophe Smeets, qui occupe le poste de directeur général, et Julien Van der Haeghe, Business Unit Manager de HH Agri (distribution des marques Fendt et Amazone).
Alors que l’entreprise célèbre son 125ème anniversaire, il a fallu plusieurs décennies avant qu’elle ne se lance dans la distribution de machines agricoles. Quand et comment est-ce arrivé ?
Christian Van der Haeghe (CVdH) : Hilaire, jeune Flamand occidental originaire d’Elverdinge, a effectué la « grande traversée » vers l’Amérique et en est revenu avec plusieurs idées. Il y a découvert de nouvelles machines (c’est-à-dire des appareils ménagers) et a commencé à vendre des « machines industrielles », telles que des machines à laver et des essoreuses (l’ancêtre du sèche-linge) en 1898. À l’époque, ces technologies étaient de vraies innovations.
En 1935, les fils d’Hilaire sont entrés par hasard en contact avec la famille allemande Fahr, qui cherchait un distributeur pour ses machines en Belgique. La société Van der Haeghe n’avait aucun lien avec l’agriculture, mais elle avait une expérience dans la distribution de produits techniques. Quelque temps plus tard, un contact similaire a été pris avec Amazone.
Les activités dans le secteur des espaces verts ont vu le jour de la même manière : par une simple rencontre avec un fabricant anglais de tondeuses à gazon.
Trois secteurs d’activité
Aujourd’hui, l’entreprise compte 130 collaborateurs, plusieurs succursales, et distribue une trentaine de marques. Comment gérez-vous cela en pratique ?
Julien Van der Haeghe (JVdH) : La solution consiste à travailler avec différentes business units (secteurs d’activité) : HH Agri, HH Garden & Municipal, HH Industry et Claas. Au sein de chaque business unit, le personnel travaille de manière autonome, ce qui lui permet aussi de se spécialiser. Bien entendu, il y a un partage de connaissances et certaines business units travaillent parfois ensemble.
Dans ces différents secteurs, nos clients finaux sont différents, ont des attentes uniques et sont confrontés à des défis qui leur sont propres. En tant qu’importateur, nous devons constamment veiller à identifier où se situe notre valeur ajoutée, ce que permet la division en business units.
Les trois secteurs susmentionnés contribuent-ils tous de la même manière au chiffre d’affaires ?
Jean-Christophe Smeets (JCS) : Non. Le prix d’une moissonneuse-batteuse Claas n’est pas le même que celui d’un tracteur Fendt, d’un semoir Amazone, d’un mini-tracteur Iseki ou encore d’un chariot élévateur Yale. Le résultat généré par nos différents secteurs d’activité est donc variable et dépend du prix des produits. Le chiffre d’affaires le plus important est celui du secteur « Agriculture », suivi des « Parcs & Jardins ». Nous obtenons également d’excellents résultats dans l’industrie, secteur dans lequel nous vendons davantage aux clients finaux.
Depuis 2012, vous possédez également une succursale à Geldermalsen, aux Pays-Bas, spécifiquement pour HH Garden & Municipal. Pourquoi l’avoir ouverte ?
Une même activité sur plusieurs implantations, est-ce que cela fonctionne bien ? En tant que chef d’entreprise, vous ne pouvez pas être partout…
Une politique de marques « premium »
Comment les marques que vous distribuez se sont-elles retrouvées dans votre portefeuille ?
CVdH : Il s’agit d’une combinaison entre l’expérience, un peu de chance et la capacité à saisir les opportunités. Comme nous l’avons déjà mentionné, Fahr et Amazone ont été des rencontres fortuites que nous avons réussi à rentabiliser. Il y a 55 ans, Allis-Chalmers (Fahr) a cessé sa production pour l’Europe. Nous nous sommes retrouvés sans marque de tracteur… Nous sommes tombés sur l’entreprise wallonne Lambert qui ne croyait plus en Fendt. Reprendre cette importation était une excellente solution pour nous… Et voyez où en est Fendt aujourd’hui.
Souhaitez-vous encore ajouter des marques à votre portefeuille ?
JVdH : Nous recevons presque chaque semaine des propositions de partenariat de la part d’entreprises du monde entier. Nous sommes ouverts à la distribution de nouvelles marques et à l’élargissement de notre offre, mais nous sommes très critiques. Nous optons pour des produits de qualité, de vraies marques haut de gamme auxquelles nous croyons et pour lesquelles nous nous engageons à long terme afin de réaliser une valeur ajoutée. Choisir des opportunités à court terme a des conséquences sur l’ensemble du réseau de distribution.
Nous courons un marathon, pas un sprint. Nous préférons prendre plus de temps pour déterminer notre trajectoire plutôt que de devoir changer constamment de cap. La prochaine génération doit aussi être en mesure de continuer à évoluer et à grandir avec les produits.
Vous proposez des marques haut de gamme, avec un prix plus élevé. Comment gérez-vous cela vis-à-vis des clients et des fabricants ?
JVdH : Nos produits étant plus chers, nos clients doivent rester satisfaits à long terme. Nous mettons tout en œuvre pour qu’ils puissent rentabiliser au mieux leur investissement.
Les fabricants connaissent aussi notre rôle, les coûts que nous supportons et notre valeur ajoutée. Nous avons de bons résultats, qui leur donnent satisfaction. Bien avant de produire, ils veulent avoir une idée de la demande. C’est pourquoi nous les rencontrons et leur exposons la situation pour le marché belge.
JCS : Les attentes des fabricants sont revues chaque année. Nous discutons d’où nous en sommes et où nous voulons aller, nous identifions les bonnes et les moins bonnes performances… Grâce à notre expertise du marché belge, nous entamons un dialogue ouvert avec les fabricants sur la manière de gérer concrètement les choses.
Les tâches des importateurs évoluent
Quels changements avez-vous constaté au fil des ans dans votre rôle d’importateur ?
Auparavant, les échanges en devises étrangères (marks, livres ou francs) étaient nombreux. Parfois, les taux de change suscitaient de vives inquiétudes. Depuis l’arrivée de l’euro, c’est une situation qui n’existe heureusement plus.
Pour Iseki (produit au Japon), la situation est différente. Il faut plusieurs semaines pour recevoir des pièces détachées, parfois dix jours pour une commande urgente. Nous avons donc davantage de pièces en stock.
Aujourd’hui, quelles sont les principales tâches qui vous incombent en tant qu’importateur ?
Les reprises de machines d’occasion sont de plus en plus fréquentes ces derniers temps, particulièrement pour notre secteur « Industrie ». Dans celui-ci, les machines sont souvent louées pour une longue période, cinq ans par exemple. Au moment de la vente, nous devons déjà tenir compte de leur valeur résiduelle lors de la reprise. Nous devons aussi disposer de circuits de commercialisation pour ces machines.
Quel est votre plus grand défi à l’heure actuelle ? Le personnel ?
JCS : En effet. Trouver du personnel compétent est difficile, particulièrement pour les profils techniques. Nous subissons de plein fouet la guerre des talents. Les attentes à l’égard du personnel sont élevées dans un marché concurrentiel. En tant qu’entreprise, nous essayons de nous positionner comme un employeur attractif. Nous recrutons principalement des personnes désireuses d’apprendre et donnons la possibilité aux collaborateurs de se former continuellement.
Nous tenons compte de l’évolution des conditions de travail et anticipons des carrières plus courtes et le fait que les travailleurs changent d’emploi plus rapidement qu’auparavant. C’est pourquoi nous veillons à ce que le savoir ne soit pas l’apanage d’une seule personne, mais qu’il soit partagé. Nos collaborateurs doivent donc avoir l’esprit d’équipe. Nous avons la chance d’avoir une faible rotation du personnel.
Dans le secteur agricole, des entreprises familiales d’importation ont disparu. Cela vous effraie-t-il ?
