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Le pois mangetout :

une culture bien adaptée

aux fermes maraîchères

Une ferme maraîchère a besoin de se distinguer localement. Produire de la qualité est important pour attirer et fidéliser

la clientèle. Mais nous devons régulièrement mettre un ou quelques produits en évidence. Le pois mangetout peut être l’un d’eux. Sa cueillette essentiellement manuelle le rend plutôt adapté à ce type d’exploitation de dimension modeste ainsi qu’à une vente directe.

Temps de lecture : 7 min

Le pois mangetout répond à une demande de niche et permet de proposer un produit frais tôt en saison. Bien que de surfaces limitées et réduites en saison au tout début du printemps, cette production est la bienvenue, alors que les autres cultures printanières n’en sont encore qu’à leur début au milieu du printemps.

Grains variés et  floraison climatique

Les grains des variétés mangetout sont grisâtres, ils peuvent être ridés ou lisses. Ces derniers sont plus riches en amidon et moins riches en sucres.

Les premières fleurs apparaissent vers le 10ème nœud, deux mois après le semis des variétés précoces.

Juste avant l’initiation florale, le pois peut supporter des gelées de – 5ºC, voire plus froides encore pour certaines variétés. À partir de l’initiation florale (stades 9ème ou 10ème nœud) la sensibilité au froid change : à partir de – 1ºC, des pertes de primordia sont déplorées sur les nœuds florifères. À la floraison, les dommages dus au gel sont également sérieux. Notons qu’à ce stade, des températures maximum quotidiennes supérieures à 25-30ºC bloquent la croissance du pois en limitant ainsi le nombre d’étages florifères.

Lors de la floraison, de fortes pluies peuvent aussi provoquer la coulure, soit une absence de fécondation.

La lumière influence la poursuite de la floraison.

Le pois est autogame, les variétés lignées sont très stables.

Les gousses des variétés mangetout sont dépourvues de parchemin. En vieillissant, elles produisent un fil. La forme de la gousse est un caractère typique de chaque variété (forme droite ou arquée, aspect de la pointe).

Sa fertilisation

Le pois est exigeant quant au pH du sol : idéalement entre 6 et 6,5.

Les besoins en éléments minéraux sont peu importants en comparaison avec ceux d’autres cultures maraîchères, mais ces éléments doivent être disponibles rapidement (en quatre mois pour les premiers semis et trois mois pour les suivants).

Des quelques 140 unités d’azote, les gousses en exporteront les deux tiers et la moitié des 110 kg de K2O.

Les carences en bore et en manganèse sont parfois constatées en sols fraîchement et abondamment chaulés.

En sols maraîchers, les teneurs en azote à la sortie de l’hiver sont le plus souvent suffisantes pour couvrir les premiers besoins de la culture jusqu’à la prise de relais par l’azote capté par les nodosités.

Attention : le pois est associé à Rhizobium leguminosarum et le haricot à R.phaseloi.

Différentes variétés possibles

Les variétés traditionnelles n’ont pas fait l’objet de recherches de sélection intenses comme pour les pois à écosser. Il existe des variétés naines, demi-naines et à rames, ces dernières sont maintenant conduites sur filets pour faciliter la cueillette. Les variétés à grains ridés sont semées à partir de mars. Elles plus sucrées que celles à grains lisses.

Quelques variétés à palisser sur un grillage peuvent convenir, comme Carubel, Corne de bélier, Normand, Oregon Sugar, Serpette ou Carouby de Maussanne qui est, lui, plus tardif.

Une plante que l’on peut semer tôt

À condition que le sol soit suffisamment ressuyé pour le permettre, nous pouvons semer tôt le pois mangetout. Il germe bien dès 5ºC, ce qui est possible dès la fin de l’hiver. Les semis peuvent s’échelonner dès fin février début mars jusqu’en avril, bien que l’intérêt pour la vente directe soit surtout orienté vers les premières cultures. La parcelle est alors libérée en juin et peut accueillir diverses autres cultures.

Nous semons à une profondeur de 5 cm en sol à tendance sablonneuse, à 2 cm en sol à tendance argileuse. La distance entre deux graines est de 4 cm. Nous semons deux lignes distantes de 30 cm et laissons un espace de 120 cm entre deux groupes de lignes jumelles, pour faciliter la cueillette.

Nous visons une population de 40 à 80 plantes par m². Nous semons à 3 cm de profondeur et prenons soin d’assurer la couverture des graines en début et fin de ligne pour limiter l’attractivité envers les oiseaux. Ce point est d’autant plus important si le semis précoce est le seul de la plaine.

Bien préparer son sol

La structure du sol doit être impeccable. Le profil doit être décompacté sur au moins 25 cm de profondeur. Le lit de semis affiné et légèrement grumeleux sur 5 cm laisse des mottes en surface pour prévenir la battance. C’est facile à écrire, mais plus difficile à mettre en œuvre, d’autant que nous semons tôt en saison.

La confection de billons surélevés l’année précédente permet de ne laisser que la deuxième façon à réaliser juste avant le semis et améliore le drainage. Cette méthode permet aussi d’éviter les tassements dans la zone semée.

En sols asphyxiants, la croissance et la ramification sont fortement handicapées et les maladies liées au sol sont favorisées.

Le pois est très sensible à l’asphyxie du sol, surtout au début de la culture. Des pluies abondantes et battantes peu après le semis peuvent perturber la levée et l’installation de la culture. En sol battu en surface, les échanges gazeux entre l’atmosphère du sol et l’air sont réduits ce qui empêche le bon fonctionnement des bactéries fixatrices d’azote.

Entretien de la culture

Nous pouvons biner quand les pois ont 10 cm de hauteur et biner et butter légèrement au stade 4 feuilles.

La pose d’un voile de forçage après le semis permet de gagner un peu de chaleur et donc de précocité de la floraison. Le plus grand avantage est la diminution des dégâts d’oiseux. Le voile est enlevé quand les pois ont un peu plus d’une dizaine de centimètres de hauteur.

Les variétés demi-naines sont conduites sur filets verticaux de 1,2 de hauteur soutenus par des piquets reliés entre eux par un fil de fer d’accrochage. Les tiges de pois qui dépassent le filet peuvent être étêtées pour améliorer la précocité de la récolte.

Dans nos conditions belges, nous ne prévoyons généralement pas d’irrigation si tôt en saison.

Quant à sa récolte, la cueillette des pois mangetout se fait en trois ou quatre passages successifs au stade « grains fins ». Les gousses sont très sensibles à l’échauffement et ne se conservent pas ou seulement quelques jours en frigo à 0ºC.

Son désherbage

Le pois mangetout est cultivé le plus souvent sur des surfaces modestes dans les fermes maraîchères diversifiées. Le désherbage est alors limité aux binages et légers buttages.

Il existe de nombreuses homologations d’herbicides chimiques utilisables en cultures industrielles ou maraîchères. Vous pouvez consulter https ://fytoweb.be/ en faisant attention à la rémanence puisqu’en maraîchage, les cultures se succèdent rapidement les unes après les autres.

Attention aux maladies et ravageurs

Plusieurs champignons de sol peuvent être favorisés par une rotation trop courte (moins de cinq ans), le manque de drainage ou l’asphyxie du sol (battance) : Pythium spp., Rhizoctonia solani, Fusarium solani et F. oxysporum pisi, Thielavopsis spp.

Sur le feuillage et les gousses, plusieurs champignons peuvent amener des maladies : l’anthracnose, le mildiou, la pourriture grise, la pourriture blanche et l’oïdium. En conditions de culture très précoces, comme c’est généralement le cas en pois mangetout, c’est le mildiou (Peronospora pisi) et la pourriture grise (Botrytis cinerea) que nous rencontrons, le premier favorisant le second. Le mildiou se transmet au départ du sol et des débris de culture. Une attention particulière est portée sur l’importance de l’hygiène des supports de culture ayant déjà servi à tuteurer des pois. D’autre part, la culture sur support vertical est favorablement bien aérée, ce qui est une bonne méthode de lutte préventive contre les maladies foliaires.

Les ravageurs du pois mangetout les plus redoutés sont les pigeons. Les voiles de culture apportent une certaine protection aux stades jeunes. Les effaroucheurs (leurres) et les détonateurs apportent quelques effets également.

Par ailleurs, les insectes n’amènent généralement pas de dégâts importants en pois mangetout.

F.

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