
C’est ce que Mathilde Grégoire, cheffe de projet environnement au Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel), et Catherine Brocas, responsable de projet à l’Institut de l’élevage, ont détaillé lors du Space, organisé à Rennes (France) en septembre dernier.
Réduire de 20 % les émissions d’ici 2025
Afin de revoir ces chiffres à la baisse, le programme « Ferme laitière bas carbone » est né en 2015. Il doit permettre aux éleveurs de réduire de 20 % leurs émissions de GES à l’horizon 2025. Pour ce faire, la ferme passe entre les mains d’un conseiller qui, à l’aide de l’outil Cap’2ER (lire encadré), collecte diverses données et les analyse avec l’éleveur. Une fois cette étape achevée, tous deux élaborent un plan d’action qui sera évalué au fur et à mesure du temps.
Ce programme, soutenu par les instances publiques et certains industriels de la filière, rassemble déjà plus de 18.000 éleveurs qui réfléchissent à comment limiter l’impact de leur exploitation sur l’environnement. « Soit, pas moins de 40 % des exploitations laitières françaises ! » De quoi poursuivre l’effort déjà réalisé entre 1990 et 2010 et qui a permis de réduire de 24 % l’empreinte carbone du lait en sortie de ferme.
Sans impacter les autres paramètres
Catherine Brocas poursuit : « Les activités d’élevage ont un impact sur l’air (ammoniac et GES) et sur l’eau (nitrates). Mais n’oublions pas leurs contributions favorables à nos territoires (entretien des paysages, valorisation des surfaces peu accessibles, plantation de haies propices à la biodiversité…), aux sols (stockage de carbone, lutte contre l’érosion) et, surtout, à la production de notre alimentation. Certes, l’élevage présente des points négatifs, mais aussi positifs, qu’il convient d’évaluer ». Ce que Cap’2ER permet.
On constate d’ailleurs que l’empreinte carbone du lait est à mettre, pour moitié, sur le compte des émissions de méthane entérique. Mais si les animaux sont responsables de cette moitié, ils ne le sont pas pour le solde. Celui-ci revient aux intrants (engrais, carburant…), à la gestion des effluents, à la fertilisation azotée… À côté de cela, il y a également le stockage de carbone à travers les prairies permanentes principalement, mais aussi par l’intermédiaire des haies des intercultures ou encore des prairies temporaires.
Cap’2ER renseigne encore quant aux résultats environnementaux de deux systèmes d’élevage, en l’occurrence herbager ou basé sur le maïs. « On constate qu’il n’y a pas de grandes différences en termes d’émissions de GES. Par contre, le stockage de carbone est supérieur dans les exploitations ayant opté pour l’herbe », détaille M. Brocas. Cela s’explique par les capacités de stockage supérieures des prairies mais aussi, le cas échéant, par la présence de haies entre les parcelles.
« Cependant, on observe aussi que le maïs permet de nourrir davantage d’animaux à l’hectare… C’est donc un compromis à trouver entre les deux », nuance-t-elle ensuite.
Et de livrer, dans la foulée, plusieurs pistes pour réduire l’impact carbone des élevages laitiers : réduire le recours aux engrais azotés, accroître l’autonomie protéique ou réduire l’âge au premier vêlage.
