Pour rappel, celui-ci prévoit l’abaissement de 90 % des droits de douane entre l’Europe et le Mercosur. Ainsi, une entrée en vigueur de l’accord signifierait l’entrée en Europe de 99.000 t de bœuf à droits de douane réduit mais aussi de 180.000 de sucre, de 25.000 t de porc et de 180.000 t de volaille à droits nuls. L’accord porte également sur le fromage, le lait en poudre ou encore le lait pour bébé. Et il ne s’agit là que de quelques exemples.
En échange, le Mercosur a accepté d’ouvrir grand ses portes à l’industrie européenne, tout particulièrement ses voitures, mais aussi ses produits chimiques et pharmaceutiques, ainsi que ses marchés publics.
Concurrence déloyale
Pour les agriculteurs européens, ce traité est synonyme de concurrence déloyale. En effet, leurs homologues sud-américains ne sont pas soumis à des normes environnementales et sociales aussi strictes que celles appliquées en Europe. L’utilisation de certains pesticides et antibiotiques, notamment, est visée.
Ils voient d’ailleurs d’un très mauvais œil l’arrivée sur le marché européen de denrées alimentaires qu’ils produisent eux-mêmes, qui plus en en quantité suffisante que pour nourrir la population européenne. L’impact sur la viande bovine, pour ne citer qu’elle, pourrait être particulièrement important. De quoi inquiéter la Wallonie et ses verts pâturages…
Certaines Ong craignent également que cet accord n’ait pour conséquence d’intensifier la déforestation de l’Amazonie et mette en péril plusieurs écosystèmes déjà fragiles. En effet, pour satisfaire la demande européenne en bœuf, le Brésil pourrait être amené à étendre les surfaces dédiées, d’une part, au pâturage et, d’autre part, au soja destiné à l’alimentation animale (bovins bien sûr, mais aussi porcs et volailles).
Précisions toutefois que l’accord inclut un chapitre sur l’environnement, le développement durable et la gestion des forêts. À ce titre, la Commission européenne affirme « poursuivre son objectif d’atteindre un accord qui respecte les objectifs de l’UE en matière de durabilité et qui respecte nos sensibilités, notamment dans le domaine agricole ».
La Wallonie dit non !
Cet épineux dossier, qui anime les manifestations, s’est donc retrouvé au menu d’une réunion organisée entre les organisations syndicales et le gouvernement wallon. D’un côté de la table se trouvaient la Fédération wallonne de l’agriculture (Fwa), la Fédération des jeunes agriculteurs (Fja), la Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (Fugea) et l’Union nationale des agrobiologistes belges (Unab). De l’autre, siégeaient le ministre-président wallon, Elio Di Rupo, le ministre de l’Agriculture, Willy Borsus, et le ministre du Climat, Philippe Henry (suppléant sa collègue de l’Environnement, Céline Tellier).
Face aux revendications des agriculteurs, les représentants de l’exécutif régional ont pris l’engagement de s’opposer à l’accord de libre-échange entre l’UE et les pays du Mercosur. « Nous sommes contre ce projet d’accord et nous le disons clairement », a ainsi affirmé Elio Di Rupo, auprès de l’agence Belga. « Toutes les parties autour de la table sont contre. Ma demande, c’est qu’il y ait dès maintenant une expression tout à fait claire de la Wallonie à ce sujet », a enchaîné Philippe Henry.
Une position accueillie favorablement par les syndicats, contents d’entendre que la Wallonie ne souhaite pas de cet accord. Rappelons que si la Région de Bruxelles-Capitale partage cette même opinion, la Flandre, elle, se montre plutôt favorable à l’entrée en vigueur de ce traité, tout comme la Fédération des entreprises de Belgique. Il restera donc à la Belgique à s’accorder sur une position commune…
Quant aux autres pays européens, l’Allemagne se montre partante tandis que la France et l’Autriche s’opposent à ce traité. De toute évidence, le dossier s’invitera encore à la table de nombreux conseils des ministres européens de l’Agriculture.











