de l’éleveur au consommateur

Réappropriation du territoire ruralet de ses productions
Vente de viande au cœur des fermes
Maintien des prairieset des élevages
Jean-François Moesen s’est inscrit dans la démarche défendue par « Les Broutards » et sa charte dont les grandes lignes imposent aux éleveurs de garder les bêtes sur une même implantation locale dans un système respectueux de l’animal, de la biodiversité.
Sur son exploitation classique de la région limoneuse, où il travaille en association avec son père, il développe des cultures (betteraves, maïs, pommes de terre, froment…) et élève environ 140 Blanc-Bleu, correspondant à 35 à 40 vêlages par an. Tout est fait en circuit fermé chez ce naisseur-engraisseur qui n’a jamais souhaité acheter à l’extérieur, évitant ainsi de passer par des intermédiaires.
L’agriculteur est quasiment en autonomie fourragère depuis qu’il a acquis une mélangeuse lui permettant de faire les aliments pour le bétail sur place.
Pour Jean-François Moesen, tout a commencé quand il a été contacté par l’association « Les planteurs d’avenir » en 2021 dans le but de reboiser les champs et bords de route, mais aussi, dans la foulée, d’organiser une vente de colis de viande dans le but de préserver le bétail sur l’exploitation afin de ne pas laisser disparaître les prairies dans les villages.
C’est quand le projet, exclusivement écologique, a évolué vers une sensibilisation citoyenne aux productions locales que M. Moesen s’est engagé au sein de la nouvelle association « Les Broutards » dont sa sœur devient présidente.
« Nous avions déjà proposé occasionnellement des ventes de colis sur la ferme avec des bêtes (d’accident) que nous ne pouvions pas valoriser par le biais du circuit classique, mais la démarche était compliquée à gérer surtout avec des vaches dont le poids avait atteint les 400kg » rembobine l’éleveur qui devait s’occuper tout seul des démarches liées à l’abattoir, à la découpe, mais aussi trouver des clients pour écouler sa viande en l’espace de trois jours.
La ferme, l’abattoir, le boucher :un circuit en terre liégeoise
Adhérer à l’association lui a permis de planifier sereinement son activité.
« Une fois la date de distribution des colis connue, je prévois une bête à l’engraissement. Une semaine avant la vente à la ferme, un transporteur vient la chercher pour l’amener à l’abattoir d’Aubel. Elle est abattue en général le mardi et sera reprise le lundi, après avoir reposé, par le boucher qui s’occupera de la découpe et de la mise en colis, lesquels seront distribués le mercredi.
Soucieux de travailler avec des acteurs locaux, Jean-François Moesen s’est tourné vers un collègue éleveur qui s’est diversifié en ouvrant la boucherie à la ferme « Du pré à la bouche », à Bombaye (Dahlem). La viande est mise sous vide en colis de 5kg et 10kg qui sont déposés dans des cageots et, enfin, acheminés dans une remorque frigorifique vers Villers-l’Evêque.
L’éleveur se dit « très satisfait » de cette solution. Elle lui offre l’opportunité de rencontrer les consommateurs qui viennent souvent en famille puisque les ventes sont organisées le mercredi. « Les enfants viennent voir les machines, les animaux, et s’approprient l’univers de la ferme » sourit-il, ajoutant que c’est « avec plaisir » qu’il explique tout ce qui se fait sur l’exploitation à leurs parents.
Une filière sans intermédiaire
Même si les ventes à la ferme sont financièrement plus avantageuses pour l’éleveur, les volumes qui sont écoulés par ce biais-là n’apportent pas de réelles plus-values financières à M. Moesen qui déclare avoir surtout à cœur l’accueil de clients à la ferme pour leur faire découvrir son métier, ses outils, ses animaux qui leur fourniront la viande qu’ils achètent en direct.
« Grâce à ce projet porté par des bénévoles, nous touchons 100 % du fruit de nos ventes, nous devons juste déduire les frais d’abattage, de découpe et de transport » développe l’éleveur ajoutant que « c’est plus intéressant de vendre une bête dans cette filière qu’à un marchand et en passant par tous les intermédiaires qui captent une partie de ce qui nous revient ».
Un modèle transposable ailleurs en Wallonie ?
L’Asbl a tout récemment remporté l’un des Prix des acteurs de la transition écologique de la province de Liège qui leur a permis de toucher 5.000€, un montant qui va aider les bénévoles à communiquer efficacement sur leur projet qu’ils comptent encore développer davantage pour continuer à sécuriser l’activité des éleveurs bovins de la région.
Il faut dire que leur nombre est en constante diminution, soit du fait de l’abandon de l’activité agricole (retraite), soit du fait de l’abandon de l’activité d’élevage, considérée comme trop peu rentable ou trop contraignante. Tant et si bien (ou plutôt mal) qu’en 2021, il n’y avait plus que 6 éleveurs de bovins viandeux sur tout le territoire awansois.
Au-delà de l’élevage, le projet vise aussi à contribuer ainsi au renforcement d’une ceinture verte protectrice de prairies, de haies et de vergers autour des villages.
« Je plante des haies et une dizaine d’arbres chaque année » tient d’ailleurs à préciser Jean-François Moesen.
Si la vocation affichée de l’Asbl est bien de rester ancrée dans ce petit territoire, les bénévoles sont prêts à accompagner un autre projet qui se calquerait sur le modèle vertueux des « Broutards » dans une autre province ou région en Wallonie, peut-être à Aubel ou du côté de Spa qui sont aussi des terres d’élevage. La marque « Les Broutards restera toutefois liégeoise » promet Sophie Raway.
