mais avec la même conviction »
L’Europe saperait-elle ses priorités ?
Ni les syndicats, vent debout à Libramont dans un front commun inédit (voir par ailleurs), ni Anne-Catherine Dalcq, qui a rapidement exprimé sa consternation, ne cachent leur inquiétude. « C’est un choc, une déception, un manque de reconnaissance pour le monde agricole », a réagi la ministre wallonne.
Pour rappel, la réforme, telle qu’envisagée par la commission, prévoit une réduction d’environ 20 % du budget alloué à la Pac. S’y ajoute une transformation structurelle jugée préoccupante : le budget agricole serait désormais englobé dans un vaste fonds transversal, sans mention explicite de la politique agricole.
« C’est comme si l’Europe oubliait qu’on ne peut pas saper ses priorités. La Pac a permis l’autonomie alimentaire. Aujourd’hui, on l’invisibilise », déplore encore la ministre.
Un désengagement budgétaire aux effets systémiques
Des garanties partielles, un risque de fracture européenne
Pour répondre aux légitimes inquiétudes du secteur, le commissaire Christophe Hansen s’est rendu à Libramont. Il a assuré que 80 % du budget Pac resterait protégé, via un mécanisme de fléchage budgétaire. Une promesse que la ministre juge insuffisante, précisant que si 80 % sont « menottés » à l’agriculture, « le reste devra être négocié, pays par pays, via d’autres enveloppes nationales ou européennes ».
Ce glissement vers une logique de cofinancement alarme les autorités wallonnes : « Cela ouvre la porte à des distorsions de concurrence entre États membres. Certains investiront davantage, d’autres moins. C’est une renationalisation déguisée de la Pac. On perd l’essence même de la politique commune ».
Un alignement inédit des syndicats agricoles
À Libramont, la réaction syndicale ne s’est pas fait attendre. Leurs représentants ont pris la parole d’une seule voix à l’issue de la séance inaugurale de la Foire. Pour Anne-Catherine Dalcq, ce sursaut était prévisible : « Nous échangeons régulièrement, et je partage leur colère ». Elle revendique une double légitimité : politique, bien sûr, mais aussi de terrain. « Il y a un an et demi, j’étais sur les tracteurs, moi aussi. Aujourd’hui encore, je me bats avec une autre casquette, mais avec la même conviction ».
Préserver un budget à la hauteur des enjeux
Alors que les négociations budgétaires s’intensifient à Bruxelles comme à Namur, la ministre entend rester mobilisée : « Nous analysons tous les textes, tous les chiffres. Mon objectif est clair, c’est d’obtenir, au minimum, un budget Pac équivalent à l’actuel. Idéalement, un budget renforcé ». Du côté wallon, la ligne est arrêtée. Côté fédéral, la Belgique doit encore harmoniser sa position. « Le ministre Clarinval et la ministre Simonet ont clairement exprimé leur volonté de défendre une Pac forte. Mais la position conjointe sera tranchée en septembre ». D’ici là, Anne-Catherine Dalcq réaffirme son engagement : « Je comprends les craintes des agriculteurs. Je les partage. Je continuerai à me battre pour une Pac ambitieuse, qui soutienne un modèle agricole familial, durable, ancré dans nos territoires », a-t-elle conclu.











