Pourquoi les poireaux d’hiver ne se développent pas davantage?

Plusieurs explications sont possibles. Passons en revue les plus fréquentes d’entre elles.

La rotation doit être longue

La rotation devrait être longue de 4 à 5 années sans Alliacées. Une des raisons est la limitation de la propagation de la pourriture blanche (Sclerotium cepivorum) qui se retrouve aussi sur les oignons, échalotes, et ails. Ce champignon persiste dans le sol sur les débris de culture et sous formes de sclérotes.

Homogénéiser les lots

Les semenciers nous proposent des variétés représentant des populations et des variétés hybrides. Les premières sont meilleur marché, les secondes ont un potentiel de production supérieur et leurs récoltes sont plus homogènes.

L’homogénéité des lots est importante pour permettre une récolte mécanique planifiée. Pour notre usage de jardinier amateur, une certaine hétérogénéité permet d’étaler la récolte sélective des poireaux les plus avancés du lot.

‘Géant de Liège’, ’Bleu de Solaize’, ’De Saint-Victor’ et ’Géant d’hiver’, sont quelques-unes unes des variétés classiques adaptées à nos conditions de terrain et de climat.

Disposer de ses plants à temps

Les poireaux que nous utiliserons en cuisine en fin d’automne et en hiver devraient être plantés en juin. Les dernières plantations devraient se faire au plus tard à la mi-juillet.

Si nous plantons nos poireaux beaucoup plus tard, ils n’ont plus assez de temps pour se développer et grossir. Ils pourront encore croître un peu au printemps, mais dès mai ils monteront à graines et un axe se développe au cœur du fut du poireau.

Pour disposer de ses plants à temps, le semis en plein air se fait au moins 11 semaines plus tôt.

Les planter profondément

Les poireaux sont plantés profondément en vue d’obtenir un fut blanc de bonne longueur. Nous espérons que ce fut soit d’au moins 17 ou 20 cm de longueur, et même plus si possible. La partie blanche devrait représenter au moins la moitié de la longueur du fut (partie enveloppée). Elle représente alors environ un tiers de la longueur totale du légume.

Pour y arriver, nous pouvons facilement mettre en œuvre deux techniques : la profondeur de plantation et le buttage.

Une grosseur variable

La pépinière de production de plants de poireau était le thème d’articles du Sillon Belge, notamment dans les éditions du 16 avril 2020 et du 24 février 2022.

Pour avoir une bonne reprise, nous essayons de disposer de plants d’un diamètre de l’ordre de 7 mm. C’est environ la grosseur d’un crayon. La régularité de semis dans la ligne permet d’homogénéiser la taille des plants que nous obtenons. Les semis très denses produisent des poireaux qui se concurrencent fortement dans la pépinière, la grosseur des plants est alors très variable. Un semis de 100 graines par mètre de ligne convient bien pour les variétés traditionnelles et de 80 graines par mètre courant pour les hybrides.

Lorsque nous arrachons les plants dans la pépinière, un tri est nécessaire. Les plants très fins peuvent être plantés aussi. Nous traçons d’abord un sillon profond au fond duquel nous perçons les trous de plantation de quelques centimètres seulement. Au fur et à mesure de la croissance des plants, nous intervenons toutes les deux ou trois semaines. Nous égalisons l’ornière puis commencerons le buttage.

Les plants très gros sont plantés aussi, dans un lot qui sera suivi quant aux arrosages afin de leur assurer une bonne reprise.

L’habillage des plants

Qu’ils viennent de notre propre pépinière ou qu’ils aient été achetés chez un producteur, les plants de poireaux sont généralement à racines nues. Nous les habillons. Cela signifie que nous sectionnons les racines trop longues et que nous écourtons le feuillage.

Nous laissons environ 1 cm de longueur aux racines ; lors de la plantation, celles-ci n’auront pas tendance à être recourbées. La reprise sera meilleure, sans retard.

En écourtant le feuillage, nous diminuons la surface foliaire et donc l’évapotranspiration. La reprise sera améliorée.

Dans le cas de plants produits en petits conteneurs, la plantation se fait en enterrant le plant jusqu’au niveau de la partie supérieure du fut.

Une décompaction nécessaire

Nous décompactons le sol sur une profondeur d’au moins 17 ou 20 cm. La plantation peut alors se faire assez profondément. Que nous retournions le sol ou pas, la décompaction est nécessaire pour permettre aux radicelles de s’ancrer et de se développer en profondeur. Les plantes pourront puiser l’eau dont elles ont besoin pour leur développement.

Pour les poireaux d’hiver, la plantation peut s’envisager à une profondeur moindre si nous craignons un drainage faible. Pour que la longueur du blanc soit suffisante, nous réaliserons un buttage plus marqué. Dans cette perspective, nous écartons plus largement les lignes de plantation : 0,6 ou 0,7 m par exemple.

Notons que le trou de plantation se fait à l’aide d’un plantoir à broche. Nous plantons en sol frais mais non gorgé d’eau. Si le sol est très sec, les trous se rebouchent dès que nous avons retiré le plantoir, un arrosage préalable est requis. Si le sol est trop humide, les parois du trou de plantation seront lissées, cela nuit à la croissance du poireau.

Orienter les plants

Nous plantons les poireaux d’automne-hiver à une densité d’environ 17 plants/m².

Les feuilles du poireau sont disposées naturellement selon un plan. Nous reconnaissons facilement l’orientation des feuilles. Au moment de la plantation, nous orientons les plants pour faciliter ultérieurement les travaux dans les espaces interlignes : les binages, les buttages.

Lorsque l’état d’humidité du sol le permet…

Nous prévoyons un espace suffisant entre les lignes. Il est alors possible de butter progressivement notre plantation. Dans un premier temps, après le repiquage, nous travaillons simplement le sol en surface pour faciliter le désherbage et pour reboucher les trous de plantation. Lorsque les fûts des poireaux commencent à s’allonger, après quelques semaines, nous réalisons un premier buttage de quelques centimètres. Les buttages suivants se feront en plusieurs passages toutes les deux ou trois semaines.

Ces travaux aratoires se font lorsque l’état d’humidité du sol le permet. Il faut de toute façon s’abstenir si la terre est humide et collante.

Une fertilisation abondante

Le poireau doit recevoir une fertilisation abondante. Un apport de compost avant son implantation est conseillé. Cette fertilisation doit être disponible pour les racines qui sont en profondeur du trou de plantation. Cela signifie qu’elle est apportée avant le travail du sol en cas de retournement. Elle sera apportée plusieurs mois à l’avance si le sol n’est pas retourné mais simplement décompacté.

Si nous ne disposons pas de fertilisant organique en suffisance, le recours à une fertilisation minérale est possible. Dans ce cas, évitons les apports entre la plantation et le premier travail entre les lignes de plantation. Il s’agit d’éviter que des granulés d’engrais ne tombent dans le fond du trou de plantation. L’effet de concentration saline qui se manifeste quelques jours après épandage est peu propice au démarrage de l’enracinement.

Le maintien de la fraîcheur dans le sol

Le manque d’humidité dans le sol peut être la cause d’un manque de croissance des poireaux. L’année culturale 2022 nous l’a rappelé. Le maintien de l’humidité dans le sol est obtenu en limitant l’évaporation, par le paillage. Il est complété par des arrosages.

Le premier arrosage est celui de la plantation. Il est réalisé immédiatement après la plantation. Le plant a quitté la pépinière et doit très vite développer des radicelles pour puiser l’eau dans le sol. Un apport rapide, au goulot, directement dans le trou de plantation est nécessaire. Comme ordre de grandeur, cet apport sera de 0,1 litre d’eau par plant.

La plantation le soir donne quelques heures de répits au plant pour commencer à développer des ébauches de radicelles. La chance de reprise est augmentée.

La protection

Les voiles insect-proof permettent de protéger les pépinières contre les thrips, les teignes et mineuses : il faut les poser hermétiquement. La mouche mineuse des Allium (Phytomyza gymnostoma) est redoutée en Wallonie depuis plusieurs années maintenant. Elle s’attaque aux poireaux aussi. Notons que la mouche des Alliacées peut pondre au travers d’un voile. Il est donc conseillé de poser celui-ci sur des arceaux et de le fixer hermétiquement au sol de part et d’autre de la pépinière.

F.