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Vive l’élevage wallon!

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Comment croire que l’élevage, une activité précédant de milliers d’années l’avènement de la révolution industrielle, soit tout d’un coup devenu un problème pour le climat ?

Nicolas Perreaux a réalisé en 2019 son travail de fin d’étude à la Faculté vétérinaire de l’Université Liège sur le bilan carbone de la viande produite en Wallonie. Il a comparé l’analyse du cycle de vie de sa production, qui comprend toutes les étapes de l’élevage à son acheminement en grandes surfaces, à celle d’autres pays (Irlande, Amérique du sud et Japon), et les résultats nous prouvent tout le contraire. Ce travail de longue haleine a été mené en partenariat avec Benoît Billa, éleveur à Ronchamp (La Roche-en-Ardenne) qui a lui-même évalué le bilan carbone de son exploitation.

Il en est ressorti que notre bœuf wallon émet en moyenne 15,2 kg d’équivalent CO2 par kilo de viande. À titre de comparaison, il faut savoir qu’un aller/retour à Marseille en voiture pèse 500 kg d’équivalent CO2, soit environ 33 fois la consommation d’1 kg de bœuf wallon. Sachant que cette dernière est en moyenne de l'ordre de 10 kg par personne et par an, on pourrait donc manger de la viande pendant trois ans pour atteindre ce chiffre ! Le bon score wallon s’explique notamment par le rôle de puits de carbone que jouent nos prairies permanentes.

Une étude menée par Gembloux Agro-Bio Tech démontre qu’une prairie qui est permanente depuis une dizaine d’années est à même de capter près de 6 t d’équivalent CO2 par hectare et par an. 15,2 kg d’équivalent CO2 pour notre bœuf wallon, c’est moins que son collègue irlandais dont l’émission se monte à 24 kg. Pour mémoire, avec son modèle extensif qui se rapproche du nôtre, dans la mesure où les bêtes pâturent environ 8 mois par an, le bœuf irlandais représente la viande étrangère la plus consommée en Wallonie.

Passons au bloc des pays du Mercosur, qui constitue le deuxième producteur et premier exportateur mondial de viande. Qu’en est-il donc du bœuf sud-américain élevé en « feedlot », incarnation du désastre des élevages concentrationnaires, dont le modèle se base sur la déforestation et un engraissement hors-sol ? S’il ne produit « que » 28 kg d’équivalent CO2, le chiffre grimpe à 80 kg dès lors qu’on intègre l’impact de la déforestation associée dans le calcul. Un bilan calamiteux prouvant qu’un traité comme celui du Mercosur est une catastrophe écologique pour la planète en général et économique pour l’élevage wallon en particulier. Quant au bilan du bœuf japonais (Kobé), il se monte à 33 kg de CO2 pour 1 kg de viande.

Pour faire un geste en faveur de l’environnement, arrêtez d’acheter des ersatz de steaks qui ne sont jamais que de banals produits ultra-transformés, catastrophes nutritionnelles ne faisant qu’enrichir une poignée d’industriels peu soucieux de votre santé. Mangez à la place une côte d’un bœuf élevé à l’herbe par un éleveur de chez nous. Il représente un morceau de cet écosystème qui nous rend tant de services, la prairie.

Marie-France Vienne

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