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Le bio entre deux eaux

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La Wallonie vise 30 % de production biologique pour 2030. Mais où en est le secteur au sortir d’une pandémie dont les vagues successives auront fait trembler une Europe qu’un conflit à ses frontières fait actuellement vaciller ?

Eldorado des agriculteurs, des agro-industriels et des distributeurs pendant les années 2010, le marché du bio voit l’insolente croissance de son rayonnement ralentir quelque peu depuis deux ans, pénalisée notamment par l’inflation galopante sur les produits alimentaires. Les parts de marché du bio, nous informe GfK, n’ont heureusement reculé chez nous que de 0,2 point en valeur (en passant de 3,5 en 2021 à 3,3 % en 2022) et de 0,1 point en volume (avec un passage de 2,4 à 2,3 %).

Rien d’alarmant pour Philippe Grogna, directeur de Biowallonie, qui voit néanmoins dans ces chiffres quelques sources d’inquiétudes. « Si le secteur ne plonge pas, les perspectives ne sont pas spécialement florissantes. Depuis 2005, nous avions l’habitude d’avoir une demande qui portait l’offre et le développement du secteur et pour la première fois, ce n’est plus le cas » explicite-t-il.

Pour enrayer cette tendance, Biowallonie fait le pari de la communication au niveau de l’importance du secteur bio en Wallonie, la mise en évidence de ses spécificités et atouts, « sans toutefois opposer les systèmes agricoles », tempère son directeur. La structure d’encadrement du secteur bio en Wallonie encourage la grande distribution à se recentrer sur les produits wallons mais aussi à offrir aux producteurs un prix qui leur permette de poursuivre leurs activités en bio.

Outre-Quiévrain, on parle carrément de « déconversions », une tendance qui s’est accélérée en 2022. Environ 1.500, soit 2,5 % du bataillon d’agriculteurs bio, sont sortis du label. Tout comme les fermetures de commerces spécialisés, qui atteignaient 165 magasins fin octobre, et ne seront pas compensés par les 140 ouvertures de 2022.

En Wallonie, nous rassure Philippe Grogna, aucun acteur de la grande distribution ne pousse à la « déconversion » mais certains n’augmentent plus leur portefeuille de producteurs bio. D’autres se tournent vers des marchés extérieurs en raison de leur disponibilité en produits bio qui seront donc importés chez nous. Ce qui exerce inévitablement une pression sur le prix payé aux producteurs wallons et freine dans leur élan les agriculteurs désireux de sauter le pas de la conversion vers le bio en raison du manque de perspectives au niveau de la survalorisation de leur production.

M. Grogna admet que cela constitue, entre autres, un faisceau d’éléments qui entraînera un ralentissement du secteur. « Avant de passer en bio, réfléchissez au type de production que vous souhaitez développer et à la manière dont vous la valoriserez ». Tel est le message qu’il souhaite faire passer.

Marie-France Vienne

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