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L’urgence existentielle

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Promouvoir le renouvellement générationnel constitue l’un des dix objectifs principaux de la nouvelle Pac. L’Europe fait face à un défi de taille : celui de rendre le secteur agricole attractif pour encourager des jeunes à y construire leur avenir en les attirant vers les métiers de la terre.

Échouer constituerait une menace pour la durabilité socio-économique des zones rurales mais aussi pour la cohésion des territoires, voire notre autonomie alimentaire. Cela pourrait même mettre en péril notre modèle d’agriculture familiale.

Le dossier est revenu en force au parlement européen où a été discuté, la semaine dernière, le rapport d’initiative intitulé « Renouvellement générationnel dans les futures exploitations agricoles de l’Union européenne ». Sur le territoire de l’UE, pour chaque agriculteur de moins de 35 ans, il y en a plus de cinq de plus de 65 ans.

En France, ce sont près de 45 % des agriculteurs qui ont plus de 55 ans nous a appris l’eurodéputée démocrate chrétienne Anne Sander, rapporteure fictive du rapport, pour qui le revenu reste le défi majeur dans la course au renouvellement générationnel. « Quand un commerce n’est pas rentable, il ne sera pas durable et son patron finira par devoir mettre la clef sous la porte » a alerté l’une de ses collègues espagnole, laquelle a évoqué la situation encore plus préoccupante de son pays puisque l’âge moyen des agriculteurs y grimpe à… 61 ans et seul 0,3 % sont âgés de moins de 25 ans.

L’élue française a appelé à travailler à l’impact des décisions législatives sur l’installation. « Être agriculteur est un métier difficile même quand on est passionné, et les jeunes le sont » a, pour sa part, embrayé Jérémy Decerle, éleveur et eurodéputé centriste qui a invité les institutions à agir en « facilitatrices » en termes d’aide à la modernisation du monde agricole, en particulier au niveau des nouvelles technologies, pour s’assurer que les jeunes puissent bénéficier de tous les progrès scientifiques.

Mais pas que. Anne Sander a évoqué la notion de regroupement d’agriculteurs dans le secteur de l’élevage pour permettre aux jeunes d’entrer dans le métier dans les meilleures conditions.

La coordination européenne Via Campesina a quant à elle renouvelé, début de ce mois de mars, sa proposition d’une directive européenne pour combattre la concentration des terres et favoriser l’installation paysanne. L’idée est d’établir une norme minimale pour éviter la concentration et l’accaparement des terres, favoriser un usage agroécologique des sols et promouvoir le renouvellement générationnel. Cette proposition vise notamment le plafonnement des surfaces, la constitution et le bon fonctionnement de banques foncières publiques, l’allocation des terres aux jeunes agriculteurs et aux projets agroécologiques, ou encore la régulation publique des transferts des droits d’usage des terres agricoles.

L’urgence est là. La plus grosse richesse que nous devons arrêter de perdre, n’est-elle pas la richesse humaine ?

Marie-France Vienne

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