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Transport animal : vers une «monétisation» du bien-être?

L’exploitation, par les producteurs de viande de l’UE, des différences de coûts entre les États membres conduit à des trajets de transport d’animaux longs et au cours desquels le bien-être animal n’est pas pris en compte. Et si cela changeait ?

Temps de lecture : 3 min

Les coûts du transport d’animaux ne représentent qu’une faible part du prix de détail de la viande, ce qui pousse « agriculteurs et producteurs de viande à exploiter les différences de coûts (de production, d’abattage…) entre les régions pour gagner en rentabilité », constate dans une analyse publiée le 17 avril la Cour des comptes de l’UE.

Or, plus d’un trajet sur trois excède huit heures et les normes en matière de bien-être animal ne sont pas toujours respectées. Selon les données disponibles concernant le transport d’animaux entre 2017 et 2021, 63 % des trajets étaient courts (jusqu’à huit heures), 33 % étaient longs et 4 % étaient très longs (plus de 24 heures).

Pour remédier à cette situation, et alors que la commission européenne doit présenter des propositions en la matière d’ici la fin de l’année, la Cour des comptes suggère notamment d’« attribuer une valeur monétaire à la souffrance animale pendant le transport et de l’intégrer dans le coût du transport et le prix de la viande ».

Une mesure qui pourrait encourager les sociétés de transport à prévenir les manquements en matière de bien-être animal et « permettrait de réduire au minimum l’attrait économique de pratiques non conformes ».

Des causes profondes

Car les raisons plus profondes de l’allongement de la durée de transport des animaux semblent plus difficiles à contrer : les exploitations agricoles tendent à se spécialiser dans une espèce animale voire un stade de production, et parallèlement, le nombre d’abattoirs et d’exploitations diminue, tandis que leur taille augmente. Des différences entre les coûts d’abattage par animal peuvent aussi encourager le transfert d’activités vers des États membres plus rentables.

Un exemple : l’engraissement des porcs avant leur abattage coûte plus cher en Allemagne qu’au Danemark, mais l’industrie de la viande en Allemagne est plus efficiente en raison de coûts de main-d’œuvre plus bas.

À cela s’ajoute le fait que les États membres n’appliquent pas de la même manière la législation européenne sur le transport d’animaux ; le risque existe donc que les transporteurs optent pour un itinéraire plus long afin d’éviter les pays qui appliquent plus strictement la réglementation de l’UE et imposent des sanctions plus sévères.

Au-delà de sa proposition d’élaborer une méthode de tarification de la souffrance animale, la Cour formule d’autres propositions, plus proches de celles que devrait mettre sur la table Bruxelles : étiquetage pour mieux informer les consommateurs, soutien au développement d’abattoirs locaux ou mobiles, promotion du transport de viande plutôt que d’animaux vivants, ou encore recours aux outils numériques pour améliorer le suivi des conditions de transports d’animaux.

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