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Savoir choisir ses terreaux ou les produire

Le maraîcher et jardinier utilisent du terreau pour élever les plantules de leurs légumes. Il est possible de produire soi-même ce terreau sous trois conditions : disposer des constituants requis, en connaître la composition et avoir une expérience dans la technique.

Temps de lecture : 7 min

L a qualité globale du terreau conditionne la réussite des semis en terrines, en godets ou en mottes pressées. Pour ne pas rater leurs semis, les professionnels et les amateurs choisissent souvent l’achat de terreau auprès de maisons spécialisées.

 

Les qualités demandées pour un terreau

La structure doit rester bien légère pour permettre une bonne aération des racines. Mais elle doit être assez ferme pour permettre le bon ancrage des plantules. Le terreau doit avoir une bonne rétention en eau pour suffire aux besoins des plantules entre deux arrosages.

L’Arrêté Royal du 7 janvier 1998 précise les normes de qualité et les indictions sur les emballages. Il a été complété à plusieurs reprises jusqu’en janvier 2006. Le texte coordonné est disponible sur le site fédéral de l’économie.

L’acidité du mélange pour les cultures de plantes neutrophiles est de l’ordre de 6,0 à 6,5. Nos légumes habituels font partie des plantes neutrophiles. Le fabricant corrige le pH si nécessaire, le plus souvent en apportant une matière calcaire ou calcaro-magnésienne.

La salinité exprime la teneur en sels solubles dans la partie humide du terreau. Entre 250 et 750 µS (micro Siemens), elle est correcte pour un terreau de semis. Pour les repiquages, nous pouvons utiliser des substrats avec des teneurs en sels disponibles immédiatement un peu plus élevées, entre 750 et 1250 µS. Ce critère est important, nous y revenons dans le paragraphe sur le stockage.

 

Différents composants utilisés

Plusieurs types de composants sont utilisés. Ils varient en cours d’année selon leur disponibilité et leur coût.

La tourbe blonde est très appréciée pour leur fabrication. Elle retient bien l’eau et les minéraux, elle reste aérée. Mais les tourbières sont surexploitées depuis des dizaines d’années. Son usage doit absolument être limité, il s’agit de préserver les milieux naturels d’extraction. Les fabricants utilisent aussi des matières alternatives en essayant de les combiner pour garder des qualités correctes au terreau final.

La tourbe brune retient bien l’eau et les minéraux. Sa structure moins fibreuse la rend plus sensible à l’asphyxie. Elle est combinée à d’autres matières pour donner de la structure à l’ensemble. Les sites d’extraction doivent aussi être préservés.

Les combinaisons de fibres de coco, de chanvre, les glumes de céréales et autres fibres végétales permettent de suppléer aux tourbes.

Les broyats d’écorces sont employés pour donner de la structure à l’ensemble des composants, pour garder une bonne aération de la masse.

Les broyats fins de bois donnent aussi une structure à l’ensemble. Les broyats de paille les complètent parfois. Ils se décomposent assez rapidement en réclamant une partie de l’azote disponible. Ils sont donc nécessaires, mais en quantités limitées.

De la terre argileuse est apportée à certains mélanges de terreau afin d’augmenter la capacité de rétention en éléments fertilisants. C’est le cas notamment pour les substrats destinés aux bacs fleuris qui doivent rester en forte production plusieurs mois. C’est moins le cas pour l’élevage de plants à repiquer.

De l’engrais organique ou minéral est ajouté pour équilibrer leur richesse. Ils sont parfois à libération lente pour les terreaux destinés aux jardinières et potées. Pour l’élevage de plantules à repiquer, la disponibilité des éléments minéraux ne doit pas être retardée.

Le compost de champignonnière est épuisé pour la production de champignons mais peut apporter des qualités à un mélange pour produire du terreau.

Le fumier de ferme peut augmenter la fertilité mais il est peu disponible sur le marché, il reste en ferme pour maintenir la fertilité des sols. Le compost est plus souvent utilisé ; les proportions sont liées à sa composition mais sont souvent inférieures à 1/3.

Le sable permet de maintenir une certaine structure. Il est employé en petite proportion à cette fin. Il est aussi employé en couverture de terrine, de motte ou de cellule de semis pour affermir la surface et bien refléter la lumière.

 

L'enracinement de ces céleris rave est très dense. Mais la végétation indique clairement que les réserves de la motte sont épuisées. Si la plantation ne pouvait se faire rapidement en pleine terre, une fertilisation d'appoint serait nécessaire, ou un repiquage pour des lots  de taille modeste.
L'enracinement de ces céleris rave est très dense. Mais la végétation indique clairement que les réserves de la motte sont épuisées. Si la plantation ne pouvait se faire rapidement en pleine terre, une fertilisation d'appoint serait nécessaire, ou un repiquage pour des lots de taille modeste.

U n choix guidé par l’usage que nous en ferons

Pour l’élevage en plateaux multi cellules, nous choisissons un substrat plutôt fin, facilement réparti dans les cellules. La constitution de mottes pressées est plus facile avec un mélange avec une structure légèrement fibreuse.

La richesse en éléments minéraux est un critère très important aussi. Mais seules des analyses sur des échantillons représentatifs peuvent la quantifier. Pour les semis, nous avons besoin d’un terreau sain, bien sûr, mais avec une teneur en sels peu élevée. La salinité élevée peut ralentir ou inhiber la germination ; certaines espèces végétales sont plus sensibles (laitue) que d’autres (tomate).

Lorsque nous replantons des plantules dans un contenant plus grand, les besoins en éléments minéraux sont plus importants. Les terreaux plus riches, de qualité plus standard, conviennent.

Une matière vivante

Les processus qui ont été mis en œuvre lors des mélanges sont réalisés dans l’entreprise spécialisée. Le terreau est ensuite conditionné et livré. Il garde des qualités proches de celles d’origine pendant plusieurs mois mais pas éternellement. Ce n’est pas intéressant d’en acheter en quantités trop importantes pour une utilisation étalée sur plusieurs années. Lors de son évolution, l’ensemble des éléments présents reste le même. Mais leur forme évolue. Des matières organiques se décomposent en libérant des minéraux, parfois en quantité excessive. Au contraire, l’évolution peut aller vers une organisation des matières minérales présentes, ce qui les rend indisponibles temporairement.

L’entreposer

Les conditions d’entreposage influencent l’évolution des matières. Le stockage en vrac et à l’air libre est le moins coûteux mais le plus risqué. La pluie peut favoriser les migrations d’éléments solubles du haut vers le bas du tas et un appauvrissement excessif des teneurs en éléments dans la partie supérieure du tas. La base de celui-ci serait alors enrichie de manière excessive, dans l’autre sens.

Les variations de température et surtout de teneur en eau peuvent altérer les qualités globales du terreau. Les matières qui se sont fortement desséchées peuvent avoir tendance à « feutrer », elles ne reprennent plus entièrement leur qualité de rétention de l’eau.

Un silo couvert ou un entreposage en sacs plastique sont des solutions pour maintenir les qualités initiales des produits.

Enfin, un stockage inapproprié ou de très longue durée peut amener une libération importante d’éléments minéraux. En passant d’une forme organique à une forme minérale, ils peuvent faire monter la salinité au point de perturber la germination des plantules ou le développement racinaires. Des brûlures marginales du feuillage peuvent être constatées. La richesse globale du terreau évolue peu lors du stockage. Mais la proportion d’éléments disponibles par rapport aux éléments totaux évolue avec le temps, lors de l’entreposage.

 

Ces plants de tomate ont souffert d'être repiquées tardivement après avoir épuisé le terreau de semis.  Elles reprennent de la couleur sur la partie supérieure de la végétaion après repiquage dans un terreau plus riche.
Ces plants de tomate ont souffert d'être repiquées tardivement après avoir épuisé le terreau de semis. Elles reprennent de la couleur sur la partie supérieure de la végétaion après repiquage dans un terreau plus riche.

Le fabriquer

Les entreprises spécialisées se basent sur des analyses précises des composants à mettre en œuvre. Le jardinier ou le maraîcher ne dispose généralement pas de ces données. C’est le principal facteur limitant.

Mais un jardinier passionné ne peut pas s’empêcher de s’y risquer et de tenter de fabriquer son substrat.

Commençons par un terreau de feuille et de tonte d’herbe. Comme les feuilles se ramassent en automne, nous les entassons dans un bac de compostage. Nous choisissons celles d’arbres et arbustes feuillus de notre jardin. En quelques mois, elles vont commencer à se décomposer très lentement. Quand les tontes commencent, au printemps suivant, nous reprenons une partie de ces feuilles et les transférons dans un second bac, en une fine couche. Nous superposons une seconde couche constituée de tontes d’herbes. Nous ne tassons pas pour laisser le tas bien aérer. Nous alternons les couches peu épaisses, en une seule fois ou à plusieurs reprises, suivant les quantités disponibles.

L’alternance de débris secs (les feuilles) et de débris humide (les tontes d’herbes) va favoriser une rapide évolution des matières. Après deux mois, nous retournons la masse pour tenter de l’homogénéiser et pour maintenir une bonne aération de la masse. Une seconde retourne deux mois plus tard complétera le travail. Nous pouvons espérer obtenir un terreau utilisable pour la culture de l’année suivante. Nous tamisons le terreau obtenu, la fraction plus fine servira rapidement. Les éléments grossiers seront ajoutés au tas de l’année suivante.

L’évolution des matières apportées en un terreau se fait grâce au travail des organismes vivants naturellement présents. Des bactéries, des champignons et des lombrics sont quelques-uns uns des types d’agents pour faire ce travail. Ils ont besoin d’une certaine humidité pour travailler. En installant les bacs à l’abri de l’ensoleillement direct, nous évitons un dessèchement excessif. Il peut être nécessaire d’apporter de l’eau se la masse se dessèche.

Notre terreau de feuilles et tontes devrait pouvoir servir de terreau de semis. Pour la culture des plantes en pleine croissance, nous pouvons utiliser notre terreau pour les 2/3 et complété de compost pour 1/3.

F.

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