Les cultures intermédiaires pour le maintien de bonnes structures des sols et la maîtrise de l’enherbement
En maraîchage diversifié, nous sommes parfois confrontés à des difficultés de maintien de bonnes structures de sols et de maîtrise de l’enherbement.

Les cultures maraîchères de plein air ont été implantées lorsque ce fut possible, avec parfois bien du retard sur les dates habituelles. Depuis début juin, le déficit hydrique et la chaleur ont exacerbé les signes de défauts de structure de sol. Les racines ont bien du mal à se développer dans les terres qui ont souffert des travaux réalisés en mauvaises conditions lors des récoltes d’automne-hiver. Reconnaissons que le sol de certaines parcelles est dur comme du béton. L’irrigation permet de maintenir une certaine croissance des cultures mais ne compense pas un manque de développement racinaire et l’exploration profonde pour prélever les minéraux nécessaires à la croissance.
D’un autre côté, il est difficile en maraîchage diversifié de suivre parfaitement toutes les cultures et d’empêcher les plantes adventices de produire des semences. Après quelques années, l’état de salissement du sol peut devenir problématique.
Il est logique que le maraîcher tente d’occuper au mieux les surfaces disponibles. Mais il faut parfois savoir décider de débrayer de la production maraîchère une partie des soles pour pouvoir les remettre en bon état de fertilité et de propreté.
Plusieurs solutions se présentent à nous : implanter des cultures intercalaires qui occuperont le sol quelques semaines ou implanter des grandes cultures qui seront gérées avec des outils de travail du sol et de binage performants.
Les cultures intercalaires
En pratique, c’est la météo qui décidera pour nous, selon les possibilités ou non d’espérer une levée d’une culture intercalaire en sols ultra secs.
Améliorer la structure du sol
Les racines améliorent la structure par leur action physique de pénétration dans le sol. Les enracinements fasciculés, comme celui des Poacées (Graminées) et pivotants, comme celui des radis et moutardes sont performants. Leur importance est particulière pour les fermes pratiquant le non-labour, notamment sur les ados permanents.
L’effet des enracinements puissants ne remplace pas les façons culturales décompactant le sol. Il les complète.
Améliorer l’activité biologique du sol
C’est l’effet sur la vie du sol est le plus remarquable en cette période d’été et bientôt d’automne. La température du sol est élevée, l’incorporation d’une masse d’une vingtaine de tonnes de matière fraîche sur les quelques premiers cm de sol va faire un énorme bien à la vie dans le sol. Cet effet sera d’autant plus marqué que le pH est correct. Avec des fortes variations, nous pouvons retenir qu’une production de 2 à 3 tonnes de matière sèche de la culture intermédiaire intervient de manière significative dans la mobilisation en vue de la remise à disposition de grandes quantités d’éléments fertilisants. La faune auxiliaire du sol est stimulée.
Quelques inconvénients à réduire autant que possible
Les limaces trouvent une nourriture abondante dans la masse végétale de la culture intercalaire et elles y sont protégées des oiseaux. La phacélie et la moutarde sont moins appétées par les limaces, mais le maintien d’une humidité ambiante favorise les limaces quand même.
Les cultures intermédiaires de la même famille pourraient favoriser les maladies et ravageurs de cultures en rotation sur la parcelle. Mais ce n’est pas nécessairement le cas vu la période courte de végétation des cultures intermédiaire. La prudence incite d’en tenir compte malgré tout. Pour éviter la transmission de maladies ou ravageurs spécifiques, nous choisissons des espèces issues de familles botaniques différentes de celles cultivées dans la ferme maraîchère. La moutarde ne sera pas choisie prioritairement si la rotation comprend une forte proportion de crucifères, comme les choux par exemple. La phacélie ne pose pas de problème. Les poacées (graminées) posent moins de questionnement en maraîchage que pour les grandes cultures, sauf si l’assolement et la rotation sont mixtes. C’est notamment la présence de pucerons en grande quantité dans les céréales semées tôt qui inquiètent les céréaliculteurs. La question du voisinage des parelles demeure.
L’implantation
Le semis se fera à la volée ou au semoir, selon la forme, la taille des parcelles mais aussi suivant les espèces choisies. Les semoirs maraîchers conviennent pour la plupart des semis de cultures intermédiaires. Pour les cas où les dimensions de semences diffèrent fortement dans un mélange, il est plus aisé de semer en deux ou plusieurs passages. Pour les parcelles cultivées sur ados ou billons, nous pouvons opter pour le semis intégral de la surface ou seulement de la surface cultivée nette.
La destruction des cultures intermédiaires
Le plus souvent, la culture intermédiaire est détruite mécaniquement, thermiquement par le gel ou chimiquement. La destruction se fera de préférence lorsque le couvert n’est pas encore lignifié, avant la pleine floraison et en tout cas avant la production de semences viables. La date de destruction. Les outils animés (herses à axes horizontaux) courants en maraîchage conviennent bien pour la plupart des destructions de cultures intermédiaires. La limite d’emploi sera la portance du sol en cas de fortes pluies d’automne.
Allonger la rotation maraîchère
Les récoltes sur les sols gorgés d’eau sont parfois périlleuses. De telles situations arrivent aussi en grandes cultures. Mais la performance des outils est différente, en particuliers dans les petites fermes maraîchères diversifiées.
Lorsque les terres se sont salies suite à la présence répétée de plantes adventices en graines, il peut être nécessaire de couper la rotation pendant plusieurs années. Les seules cultures intercalaires ne suffiront pas. Cette situation a été évoquée dans le SB du 9 mars 2023 avec la production de mulch de transfert. D’autres possibilités existent.
Il peut être envisagé d’opter pour la culture plusieurs années de suite de grandes cultures. Ces céréales, des betteraves ou du lin permettent des implantations à des dates différentes et donc la germination d’espèces de plantes adventices variées. Évitons les cultures de chicorées (repousses, sensibilité à des pathogènes communs avec des Astéracées maraîchères) et la pomme de terre (repousses sauvages lors des années suivantes.
Un partenariat avec une ferme de grandes cultures voisine peut être une solution.
Les outils de travail du sol peuvent permettre un bon décompactage.