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La bio-adversité dans la biodiversité!

Tandis que nous passions un bon moment à Libramont, où la pluie n’a pas pu empêcher de très belles rencontres, un incident mineur s’est déroulé chez moi, en mon absence ou, probablement, la nuit précédente. Qu’on se rassure, à ce niveau, c’est sans conséquences pour l’avenir de la planète, ni pour l’économie du pays.

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Un mois après une première visite, une fouine est repassée dans mon petit poulailler, a tué une première poule pour manger les 120 g de viande qui lui sont nécessaires, puis a zigouillé les deux dernières pour se faire plaisir.

Vous allez rire mais je me suis senti touché personnellement. Mes poules, je vais leur dire bonjour quotidiennement, leur donner à manger, ramasser les œufs. Elles se laissent approcher par mon chien et je les caresse affectueusement.

Soit, il faudra prendre les grands moyens : renforcer les clôtures, mettre des capteurs de détection, automatisation de la petite porte du poulailler intérieur, installation d’une cage pour piéger l’agresseur si le ministère m’y autorise et… acheter de nouvelles poules. Je n’ose pas calculer le prix des œufs de l’an prochain.

Par solidarité avec mes poules, j’ai pensé à tous les êtres vivants, les végétaux notamment, qui souffrent et meurent chaque année, pour cause de « non-assistance à plantes en danger ». J’ai pensé à ces petites graines de maïs qu’on vient de mettre en terre, qui ne pourront vivre la destinée qui leur était promise parce qu’on ne peut plus dissuader les ramiers d’en faire une bouchée. J’ai pensé à ces betteraves qui sont exposées au virus de la jaunisse depuis que la protection par enrobage de la semence leur est interdite. Son cousin, le virus du Covid, a eu moins de chance en s’attaquant à notre espèce. Personne n’a cherché à empêcher la lutte contre ce virus…

J’ai pensé à nos amis les buis, désormais exposés à la pyrale. On m’a dit : « Bof, c’est une espèce ornementale d’importation, elle n’a pas sa place chez nous ! » Désolé, c’est une espèce indigène et séculaire qu’il faut maintenant protéger au mieux, comme beaucoup de cultures agricoles.

Bref, le mal n’est pas omniprésent ni partout chaque année, mais l’absence totale de protection interpelle. En Belgique, entre 1994 et 2019 (25 ans), on a réduit de 46 % la quantité de matières actives épandues sur les champs et, dans le même temps, le budget de l’Inami a grimpé de 66 % pour notre espèce. Tant mieux, très bien, mais pouvons-nous plaider pour la survie des PPP (Produits de Protection des Plantes comme on dit aujourd’hui) sur base du « Aussi peu que possible, autant que nécessaire » ?

À Libramont, sur 700 exposants, un modeste espace intitulé « Pôle de la santé végétale », le 21 dans le hall 1, abordait le sujet en y mettant les pincettes de la plus grande discrétion. Rien qui ne puisse susciter l’ire des écoterroristes. Pas de T-shirt où l’on arbore fièrement Bayer, Syngenta, Dow, Amada, Etcetera. L’anonymat est de rigueur. Peut-être que l’an prochain, on y s’y déguisera pour être sûr de ne pas être reconnu.

Soit, j’exagère à peine. Mais c’est tellement évident qu’on est passé de l’assurance tous risques au monde de bisounours, où « tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil ». On peut quand même sourire dans ses moustaches et poser une bête question : Jusqu’où ne pas aller trop loin ?

JMP

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