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L'EMB exige l’arrêt des ventes de lait en poudre issu de l’intervention

Les agriculteurs de l'European Milk Board (EMB) manifestaient, le 23 janvier, à Bruxelles contre la vente de lait en poudre issu de l’intervention et pour la mise en place d’un instrument de gestion de crise permanent. Les contours de l’Europe et de l’Afrique ont été esquissés à cette fin sur le sol devant le bâtiment du Conseil de l’Union européenne. Un chargeur télescopique a ensuite fait pleuvoir de la poudre de lait qui a rapidement recouvert les deux continents.

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« Partout en Europe, les producteurs de lait continuent à être confrontés à une grave crise », affirme Sieta van Keimpema, productrice de lait et vice-présidente de l’EMB, dans une allocution adressée aux ministres et à la Commission européenne.

« Augmenter encore davantage la pression en mettant du lait en poudre issu de l’intervention sur le marché pose vraiment problème. Même si ces dernières semaines vous avez refusé des offres de prix extrêmement basses – dont nous nous félicitons –, la vente de lait en poudre de l'intervention doit également être évitée à tout prix dans les mois à venir », soutient la vice-présidente. « De plus, tout comme pour l'Europe, il est catastrophique pour les marchés africains d'être inondés de lait en poudre bon marché en provenance de l’UE. »

La légère reprise du marché ne peut être mise en péril !

A la fin de l’année dernière, la limitation volontaire des livraisons a contribué au redressement des prix en Europe. Les 32 centimes payés actuellement par litre de lait ne permettent toutefois pas de couvrir les coûts de production qui s’élèvent à plus de 40 centimes dans l’ensemble de l’Europe. Les prix doivent dès lors continuer à augmenter de façon à arriver enfin à couvrir les coûts.

« Il est dès lors primordial de soulager l’engorgement du marché du lait à l’aide d’instruments intelligents qui ne nous retomberont pas dessus plus tard », souligne van Keimpema. « Un Programme de Responsabilisation face au Marché (PRM), basé entre autres sur une réduction volontaire des livraisons en temps de crise, avec simultanément un plafonnement de la production de l’UE, peut réellement empêcher la production d’excédents néfastes. » L’intervention, à savoir le rachat et le stockage de lait en poudre ou de beurre, ne peut résoudre, à elle seule, le problème. Ces quantités continueraient, en effet, à être présentes et empêcheraient une hausse du prix du lait qui est indispensable.

« Certes, l’intervention peut aider à compenser les fluctuations cycliques ; c’est pourquoi, elle ne devrait pas être intégralement rayée de la liste des mesures. Mais elle ne peut pas contrer une crise chronique sur le marché du lait », poursuit van Keimpema.

« Stop à la vente de lait en poudre ! »

Tandis que le lait en poudre pleuvait devant le bâtiment du Conseil, Erwin Schöpges, producteur de lait et membre belge du Comité directeur de l'EMB, présentait la position des producteurs laitiers.

S’adressant aux ministres de l’UE et à la Commission, il déclare : « Arrêtez de vendre le lait en poudre de l’intervention ! Elaborez un projet de loi visant à introduire un instrument de gestion de crise permanent, et transmettez-le au Parlement ! Il n’y a pas de temps à perdre. Les agriculteurs sont en pleine crise et seule une augmentation de prix et une stabilisation durable du marché permettront de préserver la production de lait dans l’ensemble de l’UE. »

Eu égard aux marchés africains également, il est crucial d’avoir une production de lait équilibrée au sein de l’UE. « Mettons un terme au dumping résultant de la vente à bas prix de poudre de lait sur les marchés des pays en voie de développement. Nous voulons donner des perspectives à la production de lait en Afrique et permettre aux producteurs d’en tirer un revenu », souligne Schöpges, tout en regardant le lait en poudre qui continuait à inonder la carte de l’Afrique devant le bâtiment du Conseil.

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