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Beau temps pour la sclerotiniose!

Depuis quelques semaines, nous constatons l’émergence de foyers de sclerotiniose dans les parcelles maraîchères. Des cultures en place et des débris végétaux laissés au champ se couvrent d’un duvet blanc où apparaissent les sclérotes caractéristiques. Il faut donc être particulièrement attentifs aux parcelles de cultures sensibles : carottes, racines de chicons, chicorées, laitues…

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Les espèces du genre sclerotinia produisent des sclérotes de couleur noire et de formes variables spécifiques.

Sclerotinia sclerotiorum est polyphage et peut s’attaquer à une large gamme de légumes différents comme les aubergines, les carottes, les céleris, les choux, les cucurbitacées, les haricots, les pois, les poivrons, les pommes de terre ou les tomates.

Ce champignon est également impactant sur des grandes cultures comme le colza ou encore le tournesol. Il est aussi présent sur des plantes sauvages.

Il développe son mycélium en surface de sol. Il a besoin d’oxygène pour se développer et reste très actif dans la partie supérieure du terrain. Il progresse vers le bas en sols à structure bien aérée.

Les attaques se concentrent donc surtout au collet, aux feuilles basses et aux tiges des plantes d’où le champignon s’étend dans la plante et vers ses voisines. Le mycélium blanc est facilement repérable. Quand le sol est travaillé grossièrement, à grosses mottes ou quand il est caverneux, le mycélium du champignon peut se développer plus profondément.

Il se développe bien entre 4 et 30ºC, avec un optimum vers 20ºC. Ce champignon peut produire un mycélium au départ des sclérotes ou encore des apothécies sur lesquelles sont produits des asques contenant les ascospores (plutôt lorsque la température est proche de 8 à 16ºC). De très nombreuses ascospores peuvent être disséminées dans l’air et contaminer les plantes de l’abri ou de la parcelle. Ces ascospores germeront en présence d’un film d’eau sur les feuilles de la plante hôte (rosée, pluie, arrosage).

De plus, il prolifère très rapidement sur les organes végétaux déjà bien développés, comme c’est le cas en fin de saison de culture.

Il peut se comporter en saprophyte, en décomposeur, et rester actif une dizaine d’années dans le sol.

Sclerotinia minor s’attaque à moins d’hôtes différents, mais plusieurs légumes cultivés chez nous sont concernés. Le niveau des attaques est étroitement corrélé avec le nombre de sclérotes initialement présents dans le sol.

Les contaminations se font souvent par le mycélium issu des sclérotes se trouvant à proximité des feuilles basses des plantes sensibles (laitues, frisées, etc.). Ces sclérotes doivent avoir séché durant un certain temps avant de pouvoir germer. Sclerotinia minor est aussi favorisé par les rotations courtes, par exemple en laitues sous abris.

Les vieilles feuilles sénescentes (feuilles de la base, feuilles abîmées suite à des attaques de bremia) sont les points de départ privilégiés de la maladie.

Un climat parfait pour ces champignons

Le climat belge, avec sa température régulièrement à moins de 20ºC et ses précipitations souvent importantes, convient parfaitement aux sclerotinia. Et si nous avons été plutôt épargnés en été, l’automne est redevenu très favorable à ces champignons. Avec l’arrivée de la pluie, qui a relancé la minéralisation de l’azote des matières organiques, et les températures douces, cette saison a permis à ces deux espèces de se développer.

Parmi les légumes, la plupart sont concernés à l’exception des alliums. Mais les dégâts sont les plus importants en laitues, en chicorées frisées, scaroles, chicon et en haricots.

Tous peuvent être contaminés directement au départ du sol, les haricots peuvent aussi l’être lors de la floraison, via les pétales. Les dégâts peuvent être considérables, et s’étendre très rapidement lorsque la température est optimale (serres en automne ou printemps, couches de chicons…).

En outre, la pourriture peut s’étendre durant le stockage des légumes pour autant que la température dépasse 4ºC.

Impossible à guérir

Les sclérotes et le mycélium, présents dans les débris de culture, assurent la transmission de la maladie d’une culture à l’autre. Les sclérotes dans le sol peuvent être attaqués naturellement par des moisissures communes (trichoderma, gliocladium…) ou parasités spécifiquement par plusieurs organismes (coniothyrium minitans, sporidesmium sclerotivorum, teratosperma oligocladum).

Des centres de recherche ont pu déterminer que des fongicides anti Sclerotinia apportés dans le sol avaient un effet inhibiteur sur ces moisissures auxiliaires. Cela a joué sur la relative diminution d’efficacité de fongicides constatée dans les décennies précédentes. Des fongicides du sol qui furent utilisés contre sclérotinia ont montré leurs limites pratiques.

Notons que seules les interventions préventives sont réellement efficaces. Quand une plante est contaminée, nous ne pouvons pas la guérir.

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