Directive sur les émissions industrielles (IED) : les bovins épargnés, pas les porcs ni les volailles…
C’est un petit « ouf » de soulagement pour les éleveurs européens. Le parlement et les États membres ont trouvé un accord pour réduire les émissions polluantes des activités agricoles et industrielles de l’UE, sans toutefois s’attaquer à celles des élevages bovins. Mais l’accord n’épargne pas les porcs et les volailles…

La commission réexaminera toutefois les règles en 2026 pour évaluer si le champ d’application de la législation doit inclure les bovins ainsi qu’une clause de réciprocité pour garantir que les producteurs de pays tiers répondent à des exigences similaires lorsqu’ils exportent vers l’UE.
Trois députés sortent du bois
S’ils estiment qu’il faut s’attaquer aux émissions provenant de l’agriculture et en particulier de l’élevage, ils pensent que la durabilité des exploitations agricoles doit faire l’objet de textes dédiés et qui abordent cette durabilité de façon globale et certainement pas via l’actuelle directive. « Les animaux méritent mieux que d’être traités comme des déchets ou du ciment, les agriculteurs méritent mieux que d’être considérés comme des industriels » ont-ils conclu dans leur appel.
Seuil raboté pour les poules pondeuses
Dispositif allégé
Afin d’éviter le fractionnement artificiel des exploitations agricoles, dans le but de réduire le nombre d’UGB d’une exploitation à un seuil inférieur à celui à partir duquel s’applique la présente directive, le compromis prévoit que les États membres adoptent des mesures garantissant notamment que deux installations situées à proximité l’une de l’autre et dont l’exploitant est le même puissent être considérées comme une seule unité au regard du calcul du seuil pour les animaux d’élevage.
Les exploitations agricoles qui entrent dans le dispositif doivent demander un permis aux autorités nationales et avoir recours aux « meilleures techniques disponibles » pour limiter leur impact pour respecter des normes de rejets de polluants (oxyde d’azote, méthane, ammoniac…). Afin de réduire la charge administrative, les colégislateurs se sont accordés sur l’obligation pour les États membres de mettre en place un permis électronique d’ici à 2035.
Étant donné que les exploitations agricoles ont des opérations plus simples que les installations industrielles, celles-ci bénéficieront d’un régime de permis plus léger. De même, les élevages seront soumis à un système allégé de contrôles notamment en ce qui concerne leur impact sur le sol et l’eau.
Les contrevenants s’exposeront à des amendes d’au moins 3 % de leur chiffre d’affaires annuel réalisé dans l’UE pour les infractions les plus graves. De plus, les États membres doivent accorder aux citoyens concernés par les cas de non-respect le droit de réclamer une indemnisation pour les dommages causés à leur santé.
Bilan mitigé
Pour Jérémy Decerle « si la sortie du secteur bovin du dispositif était la meilleure chose à faire », celle-ci s’est négociée « au détriment des autres secteurs de l’élevage ».
De plus, fixer un seuil de 380 UGB pour les exploitations mixtes est, selon l’ancien président des Jeunes Agriculteurs français, « stupide alors que la commission ne cesse de plaider pour la diversification des exploitations ».