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Maladies infectieuses : prévenir les problèmes digestifs pour assurer la bonne santé des veaux

Les éleveuses et éleveurs le savent bien, seuls des veaux en bonne santé remplissent leurs promesses à l’âge adulte, effet direct d’un élevage optimalisé. Nous vous proposons donc un focus sur la problématique des diarrhées infectieuses, très fréquentes chez le jeune bovin, de sa naissance à l’âge d’un mois.

Temps de lecture : 8 min

Lorsqu’elles prennent l’allure d’une épidémie, l’impact des diarrhées est d’abord financier, lié au coût des traitements et des mortalités. Le déficit de croissance dans les six premiers mois est difficilement compensé : l’adulte présentera un plus faible développement musculosquelettique, donc une carrière productrice et reproductrice diminuée. À cela s’ajoute pour l’éleveur monopolisé par les soins et la surveillance, la fatigue voire les sentiments d’impuissance devant une évolution défavorable de la situation et d’inquiétude pour les saisons suivantes.

Autrement dit, il est essentiel de mettre toutes les chances du côté du veau dès sa naissance. Ses intestins sont progressivement colonisés par la flore bactérienne, ce qui nécessite quelques semaines d’adaptation. Il s’agit donc d’une période de grande fragilité et tributaire de plusieurs facteurs : l’immunité, la pression d’infection, la virulence de pathogènes potentiels et la gestion globale d’élevage.

Les diarrhées néonatales peuvent être alimentaires ou infectieuses. Pour les premières, nous vous recommandons l’article « Réussir l’alimentation du veau en cinq étapes clés », publié dans le Sillon Belge du 26 octobre.

Les différentes tendances observées

Lorsque la pression infectieuse dépasse son immunité alors en plein développement, dès la naissance, le jeune veau est exposé à de potentielles infections. Les résultats issus de la salle d’autopsie et du laboratoire de l’Arsia en attestent. Parmi les bovins autopsiés, si tous les âges sont représentés, chaque année les veaux de moins d’un mois sont majoritaires. Une légère hausse a, par ailleurs, été observée en 2022 pour cette classe d’âge (graphique 1). Les causes de mortalité diffèrent d’une classe d’âge à l’autre. Et sans surprise, les jeunes veaux d’un jour à un mois sont essentiellement concernés par les diarrhées néonatales, aiguës, responsables de déshydratation rapide et mortelle (graphique 2). Suivent les septicémies et les pathologies du système respiratoire.

Les péritonites sont la plupart du temps, la conséquence d’une infection par contiguïté de tissu lors d’atteintes digestives ou ombilicales.

Bien qu’associée à une autre maladie, l’état de cachexie de certains veaux (4 %) est interpellant à cet âge. Plus fréquemment observé en hiver, on peut en suspecter l’origine par un défaut d’ambiance du bâtiment ou une cause alimentaire, le veau puisant dans ses réserves énergétiques pour maintenir sa température corporelle et lutter en même temps contre la maladie. Dès lors, il est important de ne pas exposer le jeune animal au grand froid, aux courants d’air et à l’humidité, néfastes sur sa thermorégulation.

Les causes de diarrhées infectieuses

Parasitaires, bactériennes ou virales, les pathologies digestives infectieuses observées à l’Arsia en 2022 chez les jeunes veaux de moins d’un mois ont été, par ordre de fréquence, les suivantes :

La cryptosporidiose : très contagieux, le parasite Cryptosporidium parvum a été isolé sur près d’1 veau sur 2, entre quatre jours et un mois. Il agit souvent en association avec un ou plusieurs pathogènes en circulation dans l’élevage, auquel cas les symptômes sont plus sévères et la mortalité plus élevée. Les signes généraux sont : apathie, démarche ébrieuse et faiblesse musculaire. Concernant les signes digestifs, il s’agit de : émission de selles pâteuses de couleur jaune, d’odeur fétide et contenant parfois du sang. La mortalité est faible alors que le taux d’animaux malades peut atteindre jusqu’à… 100 %.

La colibacillose : la bactérie Escherichia coli est isolée sur un tiers des diarrhées. Si la plupart des colibacilles sont des hôtes normaux et nécessaires parmi les bactéries de la flore intestinale, certains sont pathogènes et responsables de désordres digestifs importants. Les diarrhées à colibacilles « entérotoxinogènes (ETEC) » se présentent sur de très jeunes veaux, dans les deux premiers jours, et sont d’apparition brutale, très liquides et de couleur jaune paille. La déshydratation de l’animal est sévère et rapide. Les diarrhées à colibacilles « entéropathogènes (EPEC) », rencontrées sur des veaux âgés de deux jours à plusieurs mois sont plus consistantes avec présence de mucus et parfois de sang digéré. La déshydratation est moins rapide, mais l’atteinte générale peut être importante. Parfois, les animaux meurent avant que la diarrhée ne se développe…

La rotavirose : elle affecte les veaux âgés de quelques jours avec des diarrhées de consistance pâteuse à liquide et d’intensité variable, selon la souche infectante et la sensibilité de l’animal infecté. Le taux de mortalité est faible.

La coronavirose : en plus de l’atteinte intestinale, les coronavirus donnent lieu, contrairement aux rotavirus, à des symptômes tels qu’abattement et déshydratation, sur des veaux âgés de quatre jours à trois semaines. L’épisode diarrhéique est plus intense et plus long, parfois sanguinolent, et peut dès lors mener à la mort de l’animal.

La salmonellose : il s’agit de bactéries beaucoup moins souvent rencontrées chez les veaux que les colibacilles. Les veaux atteints entre huit jours et un mois présentent une fièvre importante (40 à 41 ºC) et une diarrhée sanguinolente. À nouveau, la déshydratation non corrigée peut avoir raison du jeune animal.

La coccidiose : cette maladie parasitaire affecte les veaux entre trois semaines et six mois d’âge, lesquels présentent dans ce cas de l’abattement et une diarrhée noirâtre.

Un diagnostic, dès le premier veau malade

Connaître le ou les agents responsables permet d’adapter efficacement le traitement et la prévention pour les vêlages suivants. Si les symptômes orientent le diagnostic du vétérinaire quant à l’origine de la diarrhée et qu’il envisage une cause infectieuse, pour confirmer cette dernière, il aura recours à des examens de laboratoire et à un antibiogramme, afin de déterminer le traitement antibiotique le plus adapté, s’il s’agit d’une infection bactérienne.

Pour être le plus efficace possible, appelez votre vétérinaire dès le premier animal malade. Les prélèvements nécessaires de matières fécales du veau doivent, en effet, être réalisés avant tout traitement, dès l’apparition des signes cliniques, voire sur plusieurs animaux congénères ne présentant pas (encore) de symptômes.

La prévention repose sur le management

Lorsqu’une ou plusieurs diarrhées surviennent dans la maternité, il importe de faire le tour des postes critiques suivants.

Hygiène : dès la naissance, le respect de l’hygiène est essentiel au cours des soins donnés au veau et autour de lui. Pour la mère, il s’agit de la toilette périnéale et du nettoyage du pis avant la première tétée. Pour le nouveau-né, cela concerne le nettoyage des narines et de la bouche, la désinfection du nombril, une litière propre… Par la suite, du matériel toujours propre et réservé au veau (seau, tétines…).

Alimentation : incontournable, la prise de colostrum à temps et à heure, de bonne qualité et en quantité suffisante est primordiale pour le transfert d’immunité et d’énergie au nouveau-né. Au besoin, l’Arsia offre un service de commande et livraison de colostrum. On peut enrichir le colostrum en recourant à la vaccination des mères, six à huit semaines avant le vêlage. Cela ne doit pas remplacer l’attention à la mère. Est-elle en bonne santé ? Reçoit-elle de l’eau en suffisance et une ration équilibrée ? Si ce n’est pas le cas, sa production de lait et de colostrum de qualité est compromise. La santé du veau passe aussi par celle de sa mère.

Pour le veau aussi, parfois oubliée, une eau de qualité doit être disponible en permanence. S’il commence une petite diarrhée, il pourra la compenser spontanément en s’hydratant.

Logement : le box de vêlage ne devrait être destiné qu’à cela (et non à une éventuelle infirmerie) et sera nettoyé après chaque vêlage. Lorsque vous entrez dans la maternité, vous y sentez-vous bien ? Certainement, si la température y est agréable, qu’un air frais mais non humide y circule, sans courants d’air et retombées froides sur le dos des jeunes veaux. Les box doivent rester aussi propres que possible, et être régulièrement paillés.

La séparation des classes d’âge est recommandée, mais plus des veaux nouveau-nés eux-mêmes. En effet, l’Union européenne, dans le respect du bien-être animal, impose désormais que soient logés les veaux par paire au minimum. Mais 2 veaux ainsi réunis devront avoir moins de quinze jours de différence.

Le bâtiment d’élevage doit offrir une zone de  protection  pour les jeunes veaux : l’ambiance d’un bâtiment d’élevage de bovins adultes n’est pas adaptée à leurs besoins : volume d’air trop élevé, risque accru de courant d’air… Il est donc nécessaire de confiner une partie du logement des veaux. Les niches ne doivent pas être orientées face aux vents dominants et les cases doivent être munies de protections à l’aplomb des ouvertures latérales du bâtiment.

Le sol des emplacements doit rester le plus propre possible. Les germes se développent à vitesse grand « V » dans les déjections… Le nettoyage, voire la désinfection, des cases/niches entre chaque passage de locataires s’impose.

Prudence face à la densité excessive d’animaux… On le comprend aisément, la pression d’infection augmente avec leur nombre et la durée de la stabulation, situation à éviter, dans toute la mesure du possible, cela s’entend.

Biosécurité, un maître mot

Si malheureusement des veaux sont malades, ils seront séparés des veaux sains par une case vide ou un espacement suffisant entre niches (70-80 cm) et soignés en fin de tournée. Le matériel, les bottes et les mains seront lavés après avoir manipulé des animaux malades.

Des visiteurs, oui… mais le moins possible et avec des bottes et un survêtement propre !

Votre vétérinaire

Parlez avec votre vétérinaire. En termes de prévention, il est votre meilleur conseiller et bien plus que le pompier qu’on appelle pour éteindre l’incendie. Si vous être confronté à ces pathologies néonatales, il reste votre meilleur allié pour rétablir l’équilibre sanitaire dans votre maternité.

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