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Peut-on encore manger des bananes?

S’il est un secteur en pleine expansion, c’est celui des livres traitant de la « transition énergétique » … comme on dit aujourd’hui. Pour faire simple : « Dis-moi ce que tu consommes et je te dirais à quel point tu réchauffes la planète ! »

Temps de lecture : 3 min

Pour m’aider à répondre à la question, un ami m’a prêté un livre avec pour titre « Peut-on encore manger des bananes ? » On y trouve une évaluation de l’empreinte carbone de tout ce que l’on consomme. L’auteur, Mike Berners-Lee maîtrise son sujet tout en restant pédagogique. Les chiffres sont bien entendu des ordres de grandeur.

Alors, ces bananes qui viennent du bout du monde, peuvent-elles plomber la planète ? Et bien non. S’il est politiquement incorrect d’encore parler de « Y’a bon Banania », il est écologiquement acceptable d’en manger. Pourquoi ? Elles poussent facilement en milieu chaud et humide, elles se transportent par bateau et n’ont pas besoin d’emballage. Un kilo de banane, c’est 0,67kg d’équivalent CO2. Par comparaison, un kilo de pommes de terre locales cuites à l’eau, c’est 0,53kg CO2e.

Il faut s’habituer à tout transformer en « Équivalent CO2e « autrement dit par comparaison au principal gaz à effet de serre (G.E.S) responsable du réchauffement climatique. Ainsi par exemple, un bouquet de 5 roses venues du Kenya par avion ou d’une serre aux Pays-Bas, c’est 32,3 kg de CO2e, l’équivalent de 24 bouteilles de vin français.

Il existe désormais tout un jeu de conventions pour paramétrer notre société de consommation. C’est la résultante d’un travail scientifique combiné aux lobbies économiques et idéologiques.

Autre exemple : les éoliennes. Une petite éolienne de 100 kW présente une empreinte de 134 tonnes de CO2e (fabrication, installation… mais sans démolition) pour une économie de 2629 t. CO2e sur 20 ans. Son ratio d’efficacité Carbone, c’est le rapport entre les deux : +/- 20. Par contre une éolienne de 3 MW, c’est 1046 t. CO2e investies pour 81.538 t. CO2e produites soit un ratio de presque 80. Plus c’est gros, mieux ça vaut.

Cela peut nous inspirer quelques réflexions concernant l’agriculture. Le livre évalue l’empreinte d’une tonne d’engrais azoté à 2,7 t. CO2e s’il est appliqué à dose raisonnée. Cela correspond à notre référence de 6 kg CO2e par unité d’azote puisqu’en France, il s’agit de NA 33 et que le coût de l’énergie est plus bas qu’ailleurs (nucléaire >< charbon).

En céréales, un apport de 180 unités/ha est généralement valorisé par un supplément de 4 tonnes de grains, soit 8 tonnes de matières sèches avec la paille et les racines, ce qui représente 12 tonnes de CO2e capté. Dans ce cas, l’efficacité énergétique en CO2e de l’azote, c’est X 10. À cela, il faut ajouter 40 % d’économie de terres risquant la déforestation, quelque part dans le monde. Curieusement, pour l’agriculture, on n’en parle jamais.

Il est clair que l’empreinte carbone prendra de plus en plus de place dans les discours marketing selon les intérêts en jeu. Alors, encore quelques chiffres nous concernant : 1l de lait local, c’est 2 kg CO2e mais la moyenne mondiale, c’est 3,2 kg CO2e. Un kilo de beurre, c’est 10, un kilo de bœuf local, c’est 25 mais 83 kg CO2e s’il est importé, issu de la déforestation.

Et un agriculteur qui ne part pratiquement pas en vacances par rapport au citoyen urbain qui en a tant besoin ? De cela, on n’en parlera sans doute jamais.

JMP

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