Le dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture rebondit au parlement européen
Annoncé voilà un peu plus d’un an, le dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture de l’UE, dont les conclusions ont été présentées par la présidente de la commission Ursula von der Leyen le 4 octobre, a rebondi, la semaine passée, au parlement européen où les débats ont beaucoup tourné autour de la question des moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre des recommandations du rapport final. Dans les travées, on a aussi largement évoqué les atouts de la dimension agroécologique et un nécessaire soutien aux éleveurs.

Une démarche holistique qui suscite le débat
Alors qu’elles ont pourtant des visions très éloignées de l’agriculture et qu’elles s’opposent régulièrement sur de nombreux sujets, les parties prenantes du secteur agroalimentaire ont, une fois n’est pas coutume, apporté un soutien unanime aux conclusions du dialogue stratégique sur l’avenir de l’Agriculture présentées par le professeur Peter Strohschneider qui encadrait les discussions.
Toutefois, il fallait s’en douter, chacun y voit midi à sa porte et le moyen de faire avancer ses idées et ses intérêts.
Sans se montrer trop pessimiste, on dirait, à l’instar de l’eurodéputé libéral Benoît Cassart, que ce travail « tente de faire plaisir à tout le monde ».
A défaut de proposer le remède miracle pour désamorcer la gronde paysanne et redonner un nouveau souffle à l’agriculture européenne, la démarche a eu le mérite d’exister, de dépolariser le débat et de le porter au sein des différentes institutions.
L’argent, éternel nerf de la guerre
Il fut évidemment question du revenu agricole. Pour une eurodéputée démocrate-chrétienne espagnole, « il faut parler d’argent, on ne peut pas mettre en place une Pac sans prendre en compte la rémunération des agriculteurs ». L’élue a évoqué la
La durabilité plutôt que la compétitivité
En tant que présidente d’Agroecology Europe, la Hongroise Lili Balogh a participé au dialogue stratégique. C’est à ce titre qu’elle venue au parlement européen pour évoquer, elle aussi, le futur du secteur agricole et le budget qui doit, selon elle, prévoir des fonds en plus de la Pac, « en particulier des services de conseil agroécologique indépendants, une éducation, un soutien juridique et financier, afin d’aider les agriculteurs dans la transition, de sauver leurs moyens de subsistance et de survivre aux crises du climat et de la biodiversité ».
Mme Balogh a tenu à insister sur le fait que « nous avons dépassé les limites planétaires à de nombreux niveaux. Le changement climatique est là. Les sécheresses sont quotidiennes, les inondations aussi, l’érosion des sols est à son comble ».
« Les agriculteurs sont enfermés dans un système dans lequel, par exemple, seules deux entreprises contrôlent plus de 40 % du marché mondial des semences. Selon les derniers chiffres d’Eurostat, plus de 800 exploitations agricoles disparaissent chaque jour, en raison des échecs des politiques collectives au cours des dernières décennies » a-t-elle encore souligné avant d’évoquer la grande disparité des revenus en agriculture : « 30 % des agriculteurs européens ne reçoivent aucune subvention de la Pac bien qu’ils produisent chaque jour de la nourriture pour la société. La transformation doit porter sur la stabilité des revenus, et non sur les rendements – nous produisons déjà plus que suffisamment de nourriture ».
Et de prévenir que « donner la priorité à la compétitivité plutôt qu’à la durabilité, c’est ignorer les réalités écologiques, tandis que les solutions de haute technologie, dont la plupart n’ont pas encore fait la preuve de leur efficacité, servent d’abord les intérêts des acteurs les plus puissants du système agroalimentaire ».
Pour la responsable hongroise, « il est prouvé que l’agroécologie est rentable, inclusive et compétitive et qu’elle est très innovante, apportant des nouveautés au système sous la forme de nouvelles structures sociales et organisationnelles, de connaissances agricoles indigènes et oubliées, de technologies peu coûteuses et faciles à réparer ».