Se distinguer grâce aux salades non pommées et à leurs nombreuses variétés
Pour les fermes maraîchères diversifiées, la vente directe ou en circuit court offre des opportunités, mais aussi des faiblesses. Il s’agit notamment de proposer des légumes moins présents de manière fréquente dans les points de ventes en circuits longs. Cela peut notamment être le cas des salades non pommées qui permettront de se distinguer des assortiments plus classiques.

Les salades non pommées complètent des légumes comme la salade de blé ou mâche, les épinards, les roquettes, les salades à couper et autres espèces proposées en diversification.
Elles sont de plusieurs types. Les plus demandées dans nos régions forment une rosette dense de feuilles libres. Certaines variétés sont de couleur vert pâle, d’autres sont anthocyanées, elles peuvent être frisées ou non. Les feuilles de chêne sont très courantes chez nous ainsi que les salad bowl.
Ces dernières sont également très décoratives, néanmoins étant de faible poids, elles sont sensibles au flétrissement à l’étalage.
Enfin, notons que le terme « salade » est plus usité en France, tandis qu’en Belgique, ce mot est plutôt associé à l’usage culinaire.
Choisir la bonne variété
Le choix variétal s’est fortement étoffé lors des dernières années, par suite de la forte demande en 4ème gamme auprès des sélectionneurs.
Les laitues à couper feuilles de chêne développent des feuilles fortement échancrées. La feuille de chêne blonde et la feuille de chêne brune résistent bien à la chaleur et à la montée à graines.
Salad bowl verte et Salad bowl rouge forment des rosettes denses. Plusieurs types résistants à Bremia sont disponibles chez les sélectionneurs.
Pour les laitues frisées à couper, les variétés Lollo rossa et Lollo bionda sont fortement découpées. Les types proposés par les maisons semencières sont bien distincts l’un de l’autre. Le second est vulnérable à la chaleur estivale, le premier l’est moins. Ces variétés sont très sensibles au gel, même léger.
Réussir l’élevage du plant
La germination est en théorie possible entre 0 et 23 ºC, l’optimum s’obtient entre 15 et 20°C. Des températures plus élevées induisent une mise en dormance des semences. Il faut protéger les semis d’été pour permettre le maintien de températures inférieures à 23°C, par exemple en semant le soir et en posant des plaques d’isolant sur les mottes pressées qui viennent d’être semées et ce durant deux jours, jusqu’au début de la germination.
Nous semons 1 graine par motte de 3,5 à 5 cm ou par mini motte de 2,5 cm. La cavité de semis de la motte est de 0,5 à 1 cm de profondeur. La graine n’est pas recouverte après le semis.
Durant l’élevage, nous essayons de ne pas dépasser les 20°C en intervenant sur l’aération, les arrosages voire le blanchissage de la serre.
Le stade de plantation correspond au début de sortie des racines de la motte. Cela correspondra au stade 2 feuilles pour les mini mottes, 3 feuilles pour les mottes de 3,5 cm, 4 à 5 feuilles pour les mottes de 4 cm et enfin de 6 à 7 feuilles pour celles de 5 cm.
Si le stade de plantation idéal est dépassé, nous risquons de constater le bris de racines lors de la séparation des mottes et en conséquence un retard à l’enracinement et une reprise plus difficile au terrain de production. Ce sera plus dommageable en été qu’en hiver.
Bien préparer son sol pour la plantation
Les laitues à couper, comme les laitues pommées, sont très sensibles à la compaction du sol. D’autre part, ce dernier ne peut être foisonné afin de favoriser la progression des racines et la remontée capillaire. Nous devons donc viser l’obtention d’un sol finement grumeleux et appuyé.
Concernant la plantation, nous saturons le sol en eau 10 jours avant cette opération.
La densité de plantation dépend de la variété concernée. La fiche technique du semencier nous guide. Par défaut, nous pouvons nous inspirer des densités en laitues pommées, 12 à 14 plantes/m².
Au moins 12°C pour des plantes en plein développement
En choisissant les types adaptés aux saisons, nous pouvons cultiver les laitues à couper sous tunnels maraîchers en hiver et au début du printemps. Les cultures en plein air sont possibles du printemps à l’automne.
Idéalement, le sol doit être d’au moins 7°C, ce n’est pas nécessairement le cas au début du printemps. Le plein développement des racines et donc des plantes demande une température minimum de 12 ou 13°C.
La gestion de l’irrigation
L’irrigation par aspersion permet d’apporter l’eau nécessaire à la croissance des plantes et humidifie l’air. Elle est réglée pour des apports fréquents basés sur le calcul de l’évapotranspiration potentielle (ETP) avec un coefficient de 1 ou sur base de tensiomètres réglés sur 15 ou 20.
Nous devons limiter les risques de brûlures marginales lorsque l’air est très sec sous tunnel maraîcher ou en plein air lors de journées très ensoleillées.
Ces salades sont sensibles à la salinité du sol, nous devons en tenir compte en serre, par exemple après une culture estivale de tomate, de poivron, de concombre ou d’une culture semblable.
À défaut de mesures effectuées sur place, nous pouvons estimer un ordre de grandeur de l’ETP par jour sous tunnel : 2 mm en septembre, 1,2 mm en octobre, 0,6 mm en novembre, 0,3 mm en décembre, 0,4 mm en janvier, 0,8 mm en février, 1,6 mm en mars, 2,6 mm en avril.
L’équilibre du sol pour une culture optimale
Le pH idéal pour les laitues est proche de la neutralité. Pour éviter l’effet excessif d’un chaulage sur la salinité, il est préférable de procéder aux éventuelles corrections par palier d’une demi-unité à la fois quand il s’agit d’intervenir juste avant la culture de laitues.
La salinité tolérée doit être interprétée en fonction de la capacité d’échanges cationiques (CEC) du sol. La tolérance est donc plus haute pour les sols à teneur élevée en argile et en matières organiques. Il est difficile de changer ce premier facteur, par contre il est envisageable de modifier la teneur en matières organiques. Dans nos conditions pédoclimatiques, retenons les teneurs de 4 à 5 % en plein air et de 6 à 8 % sous serre maraîchère. Dans ces conditions, nous pouvons cultiver la laitue avec des conductivités électriques jusque 500 µS/cm, ce qui peut correspondre à près de 4 g de sels par litre de sol (à confirmer par une analyse de sol du terrain). La salinité est un facteur limitant du développement racinaire et par conséquent de l’équilibre feuilles/racines. Les risques de nécrose marginale dépendent de la salinité générale de la solution du sol et aussi de l’équilibre entre les éléments N-K-Mg-Ca.
La minéralisation attendue dans un terrain avec une teneur correcte en matières organiques couvre largement les besoins totaux en azote des laitues à couper, de l’ordre de 80 à 100 unités.
Nos terres sont généralement suffisamment pourvues en P2O5 pour couvrir les exportations de la culture (40 à 50 unités).
Le potassium est l’élément clé dans la fertilisation de la laitue à couper. Les exportations sont de l’ordre de 200 à 250 unités. Mais surtout, nous devons veiller au bon équilibre avec Mg et Ca. L’analyse de sol nous renseigne et nous pilote. Notons que si le rapport K2O/N est inférieur à 2, les risques de nécrose marginale augmentent sensiblement, l’idéal étant entre 3 et 4.
Maintenir la santé des laitues par une aération adaptée
Les types Lollo sont très sensibles au gel même modéré. Le plus simple serait de se passer de ce type dans nos choix variétaux pour l’hiver.
Pour une croissance soutenue en automne en vue d’une récolte en novembre ou décembre, nous aérons au maximum pour viser l’obtention de 7 à 10°C. N’hésitons pas à aérer la nuit également quand les températures le permettent.
En plein hiver (janvier, février) nous aurons deux types de situations fréquentes. S’il fait froid et sec, nous craignons la nécrose marginale et le déficit hydrique. Nous bassinons les plantes le matin, nous poursuivons avec l’arrosage en matinée si le sol est sec. S’il fait couvert et humide, nous aérons au maximum. Il est également possible de donner un petit coup de canon à chaleur pour charger l’air d’humidité avec la serre fermée, puis d’aérer pour évacuer l’humidité dans les minutes qui suivent.
En fin d’hiver et début de printemps, l’air se réchauffe alors que le sol est encore très froid. En journée, nous combinons l’aération et le bassinage qui imitent la température le jour au niveau du feuillage. La nuit, nous recommandons la fermeture de la serre, éventuellement avec un canon antigel pour favoriser le réchauffement du sol.
Bien récolter et conserver sa production
Au niveau de la récolte, le stade optimum n’est pas aussi précis que pour les laitues pommées. Ce sont les caractéristiques variétales qui nous guident.
Lorsque cette opération est réalisée, il est possible de conserver correctement les laitues à couper à 0°C et 95 % d’humidité relative, quelques jours, avec un film perforé pour protéger les feuilles du courant d’air de la ventilation du frigo.