«Les agriculteurs n’accepteront plus cette position schizophrénique et ces discours à double sens»
Une centaine d’agriculteurs et de leurs soutiens étaient à nouveau présents dans le quartier européen à Bruxelles mercredi matin. Ils se sont rassemblés, à l’initiative du syndicat agricole wallon Fédération unie de Groupements d’Eleveurs et d’Agriculteurs (Fugea), pour protester contre l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie), en passe d’être signé mais vivement critiqué sur son volet agricole.

L’organisation a tenu à manifester alors que la perspective se dessine pour une conclusion des négociations, démarrées il y a près de 25 ans, lors du sommet du G20 au Brésil les 18 et 19 novembre. Le syndicat s’oppose notamment à la « concurrence déloyale » induite par cet accord, en particulier sur les importations de viande bovine. « Les normes sont largement inférieures, la viande arrive à bas coût et tire les prix du marché vers le bas », fustigent les organisations. « Elles encouragent la production de viande industrielle au Brésil et entraînent ainsi une déforestation massive », ajoutent-elles.
« Pour la Commission, c’est l’heure du choix : soit le Green Deal, soit le Mercosur », a averti le porte-parole de la Fugea, Hugues Falys. « Nos agriculteurs ne peuvent être soumis à des injonctions contradictoires les sommant de respecter des standards de production plus élevés, tout en étant concurrentiels avec des productions encadrées par des normes plus laxistes. Ils n’accepteront plus cette position schizophrénique et ces discours à double sens », a encore ajouté le représentant syndical. « On a voulu venir aujourd’hui, avant la réunion du G20 le 18 novembre, pour dire à Mme Von der Leyen que si ces accords font l’objet d’une signature, la colère des agriculteurs explosera à nouveau comme au début de cette année ».
Dans la première moitié de l’année, des centaines de tracteurs ont déferlé à plusieurs reprises dans les rues de la capitale, notamment contre l’accord de libre-échange déjà. M. Falys a encore souligné que le Brésil a récemment admis qu’il ne pouvait pas garantir que le bœuf qu’il exporterait ne serait pas traité avec des produits interdits en Europe, tels que les hormones.
Une lettre ouverte au gouvernement flamand
Le syndicat flamand Algemeen Boerensyndicaat (ABS) a, de son côté, adressé une lettre ouverte au gouvernement flamand pour lui demander d’abandonner le volet agricole et alimentaire du traité. Comme son pendant francophone, l’ABS s’est dit opposé à la création d’un fonds de compensation et aux clauses-miroir. Et d’avertir : si l’accord commercial est approuvé, « la dernière parcelle de confiance que les agriculteurs et les citoyens ont placé dans l’Europe sera perdue pour de bon ».
Une quarantaine d’agriculteurs venant de toute l’Europe comptaient parmi les participants à la manifestation, ainsi que des représentants du Réseau de Soutien à l’Agriculture paysanne RéSAP et de la coalition StopUE-Mercosur. Quelques eurodéputés, parmi lesquels Saskia Bricmont (Ecolo), Benoit Cassart (MR), Estelle Ceulemans (PS) ou encore la Française Manon Aubry (La France insoumise – LFI) étaient également présents, tout comme le député fédéral Patrick Prévot (PS).