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Noël 2024

Naître dans une étable ? Quelle idée saugrenue ! Pourrait-on imaginer pareil scénario en 2024 ? Cela ne manquerait pas de poser quelques problèmes et risquerait d’engendrer des situations cocasses…

Temps de lecture : 4 min

Ceci dit, outre ce petit bonhomme né à Bethléem voici plus de deux mille ans, je connais au moins deux personnes venues au monde dans semblable lieu : voici 80 ans, lors de la Bataille des Ardennes, ainsi qu’une autre sur un tas de pommes de terre dans une cave. Disons qu’il a mieux comme maternité, question hygiène et confort de la parturiente… Mais quand bébé décide d’arriver, il frappe vigoureusement à la porte et s’engage ! Il arrive quelquefois que Maman agricultrice se dépêche à traire les vaches malgré les contractions, et perde les eaux. C’est du vécu. Il faut alors filer dare-dare à la clinique pour y accoucher de manière civilisée, avec ou sans Papa, si celui-ci est occupé ailleurs.

Naître dans une étable, cela vous forge une destinée ! À moins de devenir prophète -n’est pas Jésus qui veut ! –, ouvrir ses yeux tout neufs au milieu des animaux de la ferme vous plonge d’emblée dans le bain agricole -en théorie- ou vous rebute à jamais du métier, c’est selon… Ensuite, le petit marmot suit ses parents dans leurs occupations ; c’est ainsi qu’il prend goût -toujours en théorie- à l’agriculture. Pour reprendre un slogan des jeunes agriculteurs bretons en janvier 2024 -et repris par les manifestants belges copieurs- : « Petit on en rêve, grand on en crève ! ». Il existerait donc une prédestination à devenir fermier, lorsqu’on est tombé dès sa naissance dans la marmite agricole, sans pour autant être né dans une étable, on est bien d’accord !

Ceci dit, le retour sur Terre d’un Messie en 2024 ne serait pas du luxe, pour remettre un peu d’ordre et de bonté dans le monde. Afin de respecter la tradition, il faudrait qu’il naisse dans une étable, entre le bœuf et l’âne, dans une crèche si possible, ou à défaut dans un couloir d’alimentation. Et là, les premiers problèmes se poseront. Il faudra laisser un passage pour la mélangeuse-distributrice : pas évident ! Accoucher sur un matelas de foin, passe encore à la rigueur, mais sur une couche de fourrage haché et mélangé, avec herbes et maïs ensilés, drèches de brasserie, pulpes surpressées et mélasse ? J’imagine la chanson revisitée, jouez hautbois, résonnez musettes : « Il est né le Divin Enfant, chantons tous son avènement. Une étable est son logement, un peu d’ensilage est sa couchette ; pour un Dieu quel abaissement. »

Admettons que cela fonctionne, que l’on trouve une candidate motivée, il faudra de surcroît flanquer le berceau d’un âne et d’un bœuf, afin de respecter la tradition. On pourrait se contenter d’un gentil poney à la place d’un âne : vu la chevalisation effrénée de nos campagnes, ce devrait être facile à dénicher. Trouver un bœuf pourrait s’avérer plus compliqué, car les taureaux délestés de leurs attributs virils sont aujourd’hui plutôt rares dans nos fermes. Quelle race choisir ? Un placide BBB, un farouche Limousin ou un imprévisible Blond d’Aquitaine ? Je vote pour le premier. On changerait les paroles de la comptine, entre le bœuf et l’âne gris : « Entre le BBB et le poney gris, dort, dort, dort le petit fils ; mille anges divins, volent à l’entour de ce grand Dieu d’amour. ».

N’oublions pas l’étoile filante, pour guider les bergers. Ce ne sont pas les lumières fulgurantes qui manquent dans le ciel de l’Ukraine, ni en Syrie, ni au Liban ou à Gaza ! Elles ont pour noms : Orechnik, ATACMS, Storm Shadow, Iskander, Taurus, etc, etc. On a l’embarras du choix ! Et dans le rôle des anges dans nos campagnes ? Nos ministres agricoles, Monsieur Ponce et Madame Pilate, -aux mains bien lavées –, ainsi que nos responsables agricoles, pourraient tout à fait convenir, car ils entonnent volontiers l’hymne des cieux, et l’écho de nos montagnes redit leur chant mélodieux : « Glo-o-o-oria in excelsis Deo ».

Quid des Rois Mages : de Melchior et Balthazar, avec le roi Gaspard ? Pour changer, ils ne viendront pas d’Afrique en 2024, mais plutôt d’Amérique du Sud, du Mercosur, plus précisément. Très généreux, ils viendront chargés de cadeaux, en veux-tu en voilà : viande rouge et volaille aux hormones et antibiotiques, lithium pour nos batteries, gaz naturel et métaux rares ; ils nous achèteront des voitures, des produits phytos interdits en Europe, des produits chimiques difficiles à fourguer chez nous. Ils viendront en chantant : « Ursula et ses copains, sont venus d’Europe, sont venus d’Europe. Les benêts ont suivi, jouant de la flûte, menant leurs brebis. »

Ah, Noël, Noël ! « Douce Nuit, sainte Nuit. Stille Nacht, heilige Nacht. Silent Night, holy night. ». Tout le monde est d’accord, pour une fois, et le chante chacun dans sa langue. Dans les cieux, l’astre luit ; le mystère annoncé s’accomplit. On verra ça : et si c’était vrai ? Il naît tant de choses dans les étables…

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