Wapimeat: les éleveurs s’unissent pour sauver l’abattoir d’Ath
Bonne nouvelle : l’abattoir d’Ath va pouvoir continuer à fonctionner. Sa survie, il la doit à Wapimeat, une coopérative composée de 15 éleveurs mais aussi de bouchers et chevilleurs. Ces derniers reprendront officiellement les rênes de la structure d’ici la fin de l’année. Une transition public-privé en douceur afin que les clients puissent continuer à bénéficier de ce service de proximité.

Géré par la Ville d’Ath, l’abattoir passera prochainement entre les mains de cette nouvelle coopérative. Concrètement, le site continuera à fonctionner avec trois lignes : les bovins, les ovins et les porcs, bien qu’il soit possible d’y abattre des caprins et des équidés.
Agréé bio, il peut traiter des races particulières ainsi que des animaux présentant des conformités spécifiques, par exemple des porcs laineux ou pesant plus ou moins que le poids dit standard. Ouvert aux professionnels et aux particuliers, l’abattoir accepte les petits comme les gros lots. Si vous souhaitez donc y amener une seule bête, aucun souci. Notons que les particuliers devront procéder au paiement le jour même, tandis que les professionnels disposeront d’un délai de 30 jours.
Une faible hausse des prix
Garder cet outil essentiel
« Globalement, peu de choses vont changer. Les clients pourront toujours se rendre dans une infrastructure locale, proche de chez eux. Le site reste identique, puisque nous en reprenons l’ensemble. Ce qui évolue, c’est la gestion, qui sera désormais privée. Les éleveurs sauront que l’abattoir est dirigé par leurs pairs », ajoute la compagne d’Aurélien Holvoet, éleveur, membre de la coopérative et directeur actuel de l’abattoir. « Comme le directeur fait partie des fondateurs de notre groupe, cela facilite une transition en douceur », complète-t-elle.
Traditionnellement fermé une semaine en été, l’abattoir pourrait afficher portes closes quelques jours supplémentaires durant cette période afin de procéder à une remise à neuf. En effet, un investissement d’environ 750.000 €, soutenu notamment par les autorités, est prévu pour la mise aux normes, le renouvellement des équipements, le remplacement des groupes de froid… et pour le fonds de roulement nécessaire au démarrage. Le tout afin de permettre aux éleveurs de continuer à bénéficier de cette infrastructure de qualité, essentielle pour la profession, comme l’ont rappelé d’une seule voix les membres de la coopérative.
« Au sein de la ferme, nous réalisons de la vente directe. Puis j’ai commencé à engraisser des porcs. Si l’abattoir s’était arrêté, j’aurais dû aller beaucoup plus loin, et inévitablement cela se serait répercuté sur le prix des colis. Je ne voulais pas qu’il y ait un tel impact pour le consommateur, ça ne m’intéresse pas », raconte Victor Pardons, éleveur et boucher. Ce professionnel travaille, en effet, à mi-temps dans l’une des trois salles de découpe de l’abattoir. Avec sa reprise, c’est aussi son emploi qui est assuré. « Cela fait trois ans que j’y suis. Avec le risque de fermeture, le personnel se demandait ce qu’il allait devenir. Des jobs, il y en a car des abatteurs, ça ne court pas les rues. Néanmoins, travailler à Ath, c’est différent : on connaît les clients, c’est comme une grande famille ».
Un déficit trop important pour la Ville
Rappelons que l’abattoir d’Ath existe depuis plus de 30 ans. Géré par la Ville, il présentait un déficit de plus en plus important depuis plusieurs années. Une charge qu’elle ne pouvait plus supporter seule. C’est pourquoi, début 2024, elle a demandé au Parc naturel du pays des Collines de l’aider à rechercher des solutions de maintien. « Cette transition est le fruit d’une réflexion. Nous avons toujours eu à cœur d’assurer la pérennité de cette infrastructure, pas de l’abandonner », a souligné le bourgmestre athois, Florent Van Grootenbrulle. Une survie désormais assurée par cette équipe de passionnées, prête à reprendre l’abattoir, dont la rentabilité est prévue après le premier exercice, soit fin décembre 2026.