La transmission des fermes, enjeu crucial pour le maintien d'une agriculture familiale
L'agriculture familiale wallonne, grisonnante, ne peut pas se permettre de louper le tournant du renouvellement générationnel. C'est fort de cette conviction que le projet-pilote Trans'Mission, soutenu par la Wallonie et porté par les syndicats agricoles FJA et Fugea ainsi que l'Asbl Terre-en-Vue, s'attèle à accompagner des agriculteurs et agricultrices dans le délicat processus de transmission d'une exploitation.

Plus d'un agriculteur wallon sur deux a plus de 50 ans, ce qui laisse entrevoir l'ampleur des changements considérables attendus dans l'agriculture au cours des 15 prochaines années. On estime que plus de 8.000 fermes wallonnes sur les 12.500 existantes viendront à cesser leurs activités dans les 10 prochaines années et seulement 20% des agriculteurs en âge de transmettre leur exploitation disent avoir un repreneur identifié. Cela veut dire que plus de 6.800 fermes wallonnes risquent d'être vendues, démantelées ou absorbées par des acteurs extérieurs à l'agriculture d'ici 2035, souligne-t-on.
Le projet Trans'Mission, lancé à 2022, offre un accompagnement gratuit et confidentiel aux agriculteurs et agricultrices désireux de transmettre leur ferme. Un processus délicat, compliqué, aux enjeux financiers souvent considérables et qui peut être douloureux pour le cédant. Un processus de longue haleine puisqu'il prend généralement «de trois à cinq ans» pour être mené à bien, selon Fannie Jenot, chargée de mission à la Fugea pour le projet Trans'Mission.
En deux ans, Trans'Mission a accompagné près de 200 fermes, dont seulement 36 ont été transmises à des repreneurs non issus de la famille du cédant. Un focus particulier doit être accordé aux fermes sans repreneur identifié, estiment les responsables du projet. «C'est le public le plus difficile à atteindre et ces fermes sont les plus sujettes à disparition car elles sont démantelées ou vendues aux plus offrants, ce qui ne permet pas le renouvellement des générations», avertissent-ils encore.
La ministre wallonne de l'Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, se dit pleinement consciente de l'enjeu et du fait que «c'est maintenant qu'il faut agir». «L'installation des jeunes est essentielle pour notre autonomie alimentaire mais aussi pour un tissu agricole vivant et pour préserver nos villages», estime encore la ministre, pour qui «chaque jeune qui souhaite s'installer en agriculture doit pouvoir le faire et être soutenu dans sa démarche». Néanmoins, attirer les jeunes vers l'agriculture passera aussi par de meilleures perspectives économiques dans le secteur agricole et par une solution aux problèmes aigus de l'accès au foncier, du prix des terres agricoles et de la complexité administrative.