Bruxelles et Djakarta concluent un accord de libre-échange
Avec le contexte géopolitique complexe comme justification, l’UE et l’Indonésie ont annoncé la conclusion d’un accord commercial. Si la commission européenne a beaucoup communiqué sur les effets positifs pour l’agroalimentaire, le think tank Farm Europe émet de sérieux doutes particulièrement pour l’huile de palme.

La Commission annonce notamment que les droits de douane indonésiens de certains produits comme les viandes, les produits laitiers (1/3 des exportations agricoles de l’UE en Indonésie) ou les fruits et légumes vont être libéralisés en grande partie dès l’application. L’UE obtiendrait également des contingents tarifaires limités pour ses vins (1.985 t) et spiritueux (400 t) « dans le plus grand pays musulman au monde ». Au niveau des importations dans l’UE, le sucre, le riz, les œufs, les bananes fraîches, l’éthanol sont exclus de la libéralisation alors que des quotas limités sont accordés pour l’ail (150 t), les champignons (150 t), le maïs doux (400 t), la fécule de manioc (2.000 t) et les produits à forte teneur en sucre (8.000 t). À cela s’ajoute la protection de 221 indications géographiques de l’UE et 72 Indonésiennes.
L’ombre d’un doute
Par ailleurs, le texte contient un protocole spécifique pour l’huile de palme, sujet récurrent de tensions entre les parties et ayant entraîné des contentieux à l’OMC. Celui-ci permettra l’établissement d’une plateforme de dialogue sur les évolutions réglementaires pertinentes et aura pour objectif d’établir « un cadre pour une collaboration plus étroite » et de « faciliter le commerce des produits dérivés du palmier ».
Mais pour le cercle de réflexions Farm Europe, « les agriculteurs européens ont très peu à gagner de l’ALE UE/Indonésie ». Le think tank émet « de sérieux doutes » sur les bénéfices de l’accord et souligne l’accès privilégié offert à l’huile de palme indonésienne, sa principale exportation agricole vers l’UE. Une crainte d’autant plus légitime que Bruxelles a annoncé, le même jour, une proposition visant à reporter d’une nouvelle année la mise en œuvre du règlement sur la déforestation dont Djakarta est l’un des principaux opposants.
Pour pouvoir s’appliquer, le traité va à présent devoir suivre la procédure classique de conclusion des accords commerciaux. Étant donné son architecture juridique, il ne nécessitera pas de ratification de la part des parlements nationaux.