Le Parlement européen veut interdire l’appellation «burger végétarien»
Le Parlement européen a voté mercredi pour une interdiction de l’usage de termes comme « steak », « saucisse » ou « hamburger » pour des produits sans viande.

La commission de l’agriculture du Parlement européen avait proposé de réserver ces noms aux produits alimentaires contenant de la viande animale. Ces appellations ne pourraient alors plus être utilisées pour les alternatives végétales à base de légumes ou de céréales.
Selon la députée française de droite Céline Imart (PPE), l’interdiction se justifie par « le risque réel de confusion » chez les consommateurs, ce qui désavantage les agriculteurs. De plus, une règle similaire a été adoptée il y a quelques années pour les produits laitiers, et « il est juste de faire de même pour la viande ».
Les opposants dénoncent une mesure poussée par l’industrie de la viande et contraire à la transition alimentaire. Selon eux, ce débat détourne l’attention de questions plus essentielles.
L’interdiction des « burgers végé » figurait sous forme d’amendement à un texte plus large sur le renforcement de la position des agriculteurs dans la chaîne agroalimentaire. Les députés ont par ailleurs soutenu plusieurs simplifications dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC).
Le groupe PPE n’avait pas donné de consigne de vote sur cet amendement, jugé trop controversé. Son président, Manfred Weber, a d’ailleurs reconnu mardi que « ce n’était pas une priorité » pour lui : « les gens ne sont pas stupides lorsqu’ils vont au supermarché et achètent leurs produits », a-t-il déclaré.
Au final, 355 députés ont voté pour l’interdiction, 247 contre et 30 se sont abstenus.
Une proposition similaire avait été rejetée en 2020 à une large majorité. Mais depuis les élections européennes de 2024, le rapport de force a évolué au Parlement, avec davantage d’élus de droite entretenant des liens étroits avec le secteur agricole.
Il n’est toutefois pas certain que l’interdiction voie le jour : le Parlement doit encore entamer des négociations avec les États membres avant toute adoption définitive.
La députée écologiste Sara Matthieu a qualifié le vote « de honteux » et « condescendant », estimant que la droite « se dispute sur des mots alors que les agriculteurs peinent à vivre de leur travail ». Elle a plaidé pour des contrats plus équitables et un soutien à l’innovation.
Le socialiste Bruno Tobback (Vooruit) a lui aussi dénoncé une mesure « inutile » qui « n’aide ni les agriculteurs ni les consommateurs », rappelant que la Cour de justice de l’UE avait déjà rejeté une interdiction similaire en France. Selon lui, la priorité devrait être de renforcer la position de marché et les revenus des producteurs.