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Protéger et valoriser les sols pour favoriser le bon développement des cultures

De nombreuses cultures maraîchères possèdent un cycle de production court. En peu de temps, les racines des plantes doivent conquérir un volume de sol suffisant afin d’assurer leur approvisionnement en eau et en minéraux. La structure du sol est déterminante pour permettre ce développement rapide.

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Les cultures avancées au printemps et retardées en automne sont nécessaires pour assurer l’approvisionnement des points de vente. Mais cela signifie aussi que l’accès aux parcelles doit parfois se faire dans des conditions limites quant au drainage de la zone travaillée et des zones d’accès et de transport.

De plus, de nombreuses espèces maraîchères ont un développement racinaire peu ou moyennement performant.

La protection des sols destinés aux cultures maraîchères est tout aussi importante que pour les grandes cultures.

Organiser le travail afin d’optimiser son potentiel

Le maraîcher dispose de peu de latitude dans le choix de ses parcelles : la ferme s’implante là où c’est possible, et les nouveaux producteurs doivent s’installer où ils trouvent de la place.

Avec ces importantes limites, le maraîcher sera amené à orienter ses choix de culture. En sols secs et excessivement drainant, les légumes exigeants en eau et surtout ceux sensibles aux déficits hydriques, seront plus compliqués à conduire. En sols lourds et se drainant moins bien, les légumes racines seront difficiles à récolter et à décrotter en automne-hiver.

Le site de cartographie de la Région wallonne apporte une foule de renseignements précieux à cet égard (géoportail WalOnMap). Ces informations sur la nature du sol sont des critères déterminants dans le choix (limité) de la parcelle. Elles sont particulièrement précieuses pour les personnes qui ne connaissent l’endroit que depuis peu de temps.

Pour affiner la connaissance du sol, un examen de son profil réalisé sur place est précieux. Les laboratoires du réseau Requasud peuvent donner les coordonnées de personnes compétentes pour nous aider dans cette démarche. Profitons de la prochaine période hivernale pour ce faire.

Le manque d’aération du sol induit des altérations de la disponibilité d’éléments minéraux, ce sont des carences induites par des défauts structurels du sol et non par le manque absolu des éléments concernés.

Le sol étant ce qu’il est, nous avons à organiser son travail pour valoriser au mieux son potentiel. L’asphyxie (manque d’aération et d’oxygène) et le tassement (lié à la compaction) sont deux défauts que le travail ou le non-travail du sol pourront réduire.

La semelle de labour ou de pseudo-labour est provoquée par des travaux réalisés avec des engins trop lourds en conditions trop humides. Le sol se tasse, l’air est expulsé de la zone tassée, une zone imperméable ou peu perméable à l’eau, à l’air, au passage des racines est créée. Un sous-solage permet de briser cette imperméabilité, les racines des légumes et des engrais verts pourront descendre plus profondément.

Des amélorations possibles et rapides avec les engrais verts

Combinés aux apports de fumiers et de compost, les engrais verts permettent des améliorations rapides de la structure du sol pour autant que les façons aratoires soient adaptées à sa texture.

Par ailleurs, le choix des outils de travail du sol doit être mûri. Ce sont les objectifs poursuivis qui guident cette décision. En cultures maraîchères, les résidus de culture après récolte sont parfois importants en masse (après des choux par exemple). Ces résidus seront mieux valorisés par le sol s’ils sont incorporés à faible profondeur.

Les récoltes se déroulent parfois en conditions de sol très humides, mais ce sont les calendriers de livraison et l’état de maturité technologique des cultures qui imposent les rythmes de travail. Il faut pouvoir décompacter le sol jusqu’à la profondeur « matraquée » Et surtout, choisissons nos moments pour bien le travailler. Il n’est pas question d’une date ou d’une période dans l’année. Ce sont plutôt les variations annuelles qui déterminent les bons moments d’intervention : ni trop sec ni trop humide à la profondeur travaillée.

Trouver le bon équilibre pour la fertilisation

La fumure minérale vient en complément, éventuellement pour corriger la fumure organique et des amendements. Et non l’inverse. La nature de celle-ci diffère selon les cahiers de charge, bio ou non.

C’est vrai en grandes cultures, et encore plus en cultures maraîchères : il est difficile de faire coïncider la disponibilité des minéraux, notamment l’azote, avec les besoins des cultures en place.

En plein air, la minéralisation, dans l’attente du réchauffement printanier du sol, prend du retard, en comparaison avec les besoins des cultures de mars à juin. Elle est ralentie quand la température du terrain est faible, l’hiver et au début du printemps, mais également si le manque d’humidité du sol freine l’activité biologique.

Sous serre maraîchère, la température et l’humidité sont propices à une forte minéralisation dès le printemps, le manque de disponibilité en eau en été la freine au détriment des cultures en place.

La fertilité, c’est aussi de bonnes rotations des cultures

Lors de l’installation de parcelles maraîchères sur des champs occupés pendant de longues années par des grandes cultures et des cultures fourragères temporaires, la question du respect de la rotation ne se pose pas vraiment. Ce ne sera qu’après quelques années que se présentent les augmentations de risques liés aux maladies et ravageurs qui survivent dans le sol. Après ce laps de temps également, une rotation basée sur des cultures d’été amène une sélection d’espèces végétales qui peuvent dominer la flore et compliquer la maîtrise de l’enherbement. En revanche, dès la première année, l’exploration trop superficielle du profil du sol peut augmenter le risque de lessivages des éléments minéraux les plus solubles, d’où l’importance des engrais verts ou des Cipan.

Afin de résoudre la question de la rotation, nous devons partir des cultures effectivement produites dans la ferme et les faire se succéder au fil du temps en tenant compte des critères ci-dessus. Les rotations-types reprises dans les livres de maraîchage sont des exemples mais sont rarement adaptées in extenso à notre propre situation.

Enfin, la fertilité d’un sol dépend aussi de son environnement et notamment des haies et des parcelles voisines. Nous abordons souvent ces aspects dans ces pages dédiées au maraîchage.

La capture de l'azote de l'air au niveau des nodosités sur les racines de Papillonnacées (ici, le haricot) n'est possible que si les échanges d'air entre le sol et l'atmosphère sont aisés et intenses. La structure du sol doit être parfaite pour que cette capture soit performante.
La capture de l'azote de l'air au niveau des nodosités sur les racines de Papillonnacées (ici, le haricot) n'est possible que si les échanges d'air entre le sol et l'atmosphère sont aisés et intenses. La structure du sol doit être parfaite pour que cette capture soit performante. - F.

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