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Le secteur belge du chocolat fait le pari d’une production 100% durable d’ici 2025

Des dizaines d’entreprises, d’ONG’s ainsi que des organisations de la société civile et des représentants politiques ont signé mercredi à Anvers une charte d’engagement en faveur d’une production de chocolat 100% durable d’ici 2025. Le partenariat, dénommé «Beyond Chocolate», vise également à assurer un revenu vital aux producteurs de cacao. En dépit de la crise politique qui secoue le gouvernement, le ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo, a fait le déplacement afin de soutenir l’initiative.

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«Il est tout à fait opportun qu’un tel exemple de bonne coopération soit donné aujourd’hui dans notre pays et au niveau international», a déclaré le vice-premier ministre Open Vld, faisant implicitement allusion à la polémique autour du pacte migratoire. Le partenariat «Beyond Chocolate» formalise un ensemble d’engagements afin d’éliminer le travail des enfants dans des pays comme le Ghana et la Côte d’Ivoire (premiers producteurs de cacao), de prévenir la déforestation, de générer des revenus décents aux agriculteurs et d’offrir l’accès à l’éducation aux (familles de) producteurs de cacao avec lesquel(le)s le secteur du chocolat belge coopère. Ce dernier s’engage par ailleurs à investir 35 millions d’euros par an jusqu’en 2025 pour que l’ensemble de la production de chocolat satisfasse aux normes de certifications existantes en matière de développement durable et/ou que le chocolat soit fabriqué à partir de matières premières qui répondent au programme de durabilité de l’entreprise.

Plusieurs chaînes de grande distribution ont promis mercredi de certifier leurs propres produits et d’assurer un revenu viable aux agriculteurs locaux. D’après les signataires de la charte, le texte peut servir d’exemple à d’autres secteurs et permet de lutter contre le déclin écologique et les inégalités sociales. «Le commerce durable est le business model à défendre car il garantit la rentabilité pour tous les maillons de la chaîne commerciale et pas seulement pour quelques privilégiés qui profitent des bénéfices», a déclaré M. De Croo, qui tenait particulièrement à être présent aujourd’hui afin de remercier les quelque 80 partenaires ayant répondu positivement à l’initiative.

Si plusieurs ONG et organisations de commerce équitable soutiennent le partenariat, elles avertissent toutefois qu’il ne s’agit que d’une première étape. «C’est une première avancée importante, mais tous les systèmes de certification et les programmes de durabilité internes aux entreprises ne placent pas la barre aussi haut», relève Bart Van Besien d’Oxfam-Magasins du monde. «Un chocolat certifié n’est pas nécessairement un chocolat durable. Un label de certification peut certes améliorer les revenus des agriculteurs, mais ce n’est pas suffisant pour qu’ils bénéficient d’un revenu vital. Il faudra redoubler d’efforts.»

Fairtrade Belgium (autrefois Max Havelaar) s’est également montré prudent quant aux engagements de la charte. Dans la foulée, l’organisation a annoncé une hausse de son prix minimum passant de 2.000 à 2.400 dollars par tonne ainsi que de la prime Fairtrade pour le cacao, qui augmente, elle, de 200 à 240 dollars. Dans le même temps, plusieurs acteurs du secteur de la production de chocolat ont laissé entendre que le prix du chocolat en magasin pourrait augmenter mais ils espèrent que les consommateurs se montreront compréhensifs.

L’organisation environnementale WWF, qui s’est également ralliée au partenariat «Beyond Chocolate», salue pour sa part le soutien public de la Belgique envers un Plan d’action européen contre la déforestation. «La perte de forêt dans le monde due à l’expansion du cacao est estimée à 2 à 3 millions d’hectares entre 1998 et 2008, soit environ 1% de la perte totale de forêt au cours de cette période. (...) La déforestation est également l’une des principales causes de l’effondrement de la biodiversité. (...) Et la Belgique porte une part de responsabilité, car elle importe 10% de la production mondiale de cacao et consomme des produits qui contribuent à la déforestation à l’autre bout du monde: c’est la «déforestation importée»», a-t-elle réagi par voie de communiqué.

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