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La paix des champs

Les fêtes de fin d’année sont traditionnellement l’occasion de donner et de recevoir les meilleurs souhaits qui soient. Nous allons récolter les bons vœux à pleines charretées, sans peut-être en apprécier toute leur signification. La nuit et le jour de Noël, nous baignerons dans une ambiance tout à fait particulière, où tout est douceur et bienveillance, où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Et Paix sur Terre aux hommes de bonne volonté !

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Cela durera 24 heures chrono, puis la bagarre reprendra comme si de rien n’était, chez nous et à travers le monde. 2018 s’achève comme il a vécu, qui ne laissera sans doute pas des souvenirs très paisibles dans les mémoires, à l’image de toutes les années qui l’ont précédé… Sans doute n’est-ce là qu’un ressenti subjectif, imprimé dans notre cerveau par les médias ? Les images de violences et de souffrances sont largement diffusées dans les Journaux Télévisés et dans la presse quotidienne ; les crises de toutes natures sont placées sous les feux des projecteurs, et sont analysées en long et en large, jusqu’à les gonfler démesurément comme des ballons de baudruche monstrueux qui finissent par s’envoler bêtement, poussés par d’autres ballons. Ces dernières semaines, par exemple, nous avons eu droit aux manifestations des gilets jaunes, à la tragicomédie préélectorale du gouvernement fédéral, à diverses grèves en tous genres : le train-train habituel, quoi !

Chez l’être humain, la paix est une utopie, dans le sens littéral du terme : « en dehors du réel ». Sans bagarres ni affrontements, notre espèce s’ennuie à mourir. Seule la lutte, la guerre fraîche et joyeuse contre l’adversité, semble apporter un vrai sens à notre vie, sa vibration, son épanouissement. L’adversité, ce fut longtemps la nature, qu’il fallut dompter et domestiquer. Aujourd’hui, c’est davantage nos propres congénères, ceux qui ne pensent pas comme nous, les personnes différentes -par le genre, la religion, la couleur de peau ou l’orientation sexuelle –, sans oublier les « ennemis » étrangers, qu’il faut vaincre et soumettre car ils constituent toujours une « menace ». Bref, toutes les excuses sont bonnes pour se disputer à tort ou à raison, pour crier à l’injustice, pour cultiver amoureusement ses ressentiments, son besoin viscéral de lutter contre quelque chose ou quelqu’un, pour se shooter à cette bonne vieille adrénaline. Sans elle, sans cette hormone très addictive, sans notre paranoïa innée, nous serions d’inoffensifs primates, des plantes contemplatives en attente d’être mangées.

Au lieu de cela, voyez comme le genre humain a géré sa combativité naturelle, son agressivité pathologique ! Il a conquis le monde entier et mis la Terre et ses ressources en coupes réglées. Guerres armées, guerres diplomatiques, guerres politiques, guerres commerciales… : la guerre est partout, soit larvée, soit déclarée, provoquée, planifiée, exécutée. C’est plus fort que nous, même au sein de nos familles, même avec ceux que nous aimons le plus au monde, les affrontements sont inévitables : des discussions, des malentendus, des vexations, des blessures inutiles et regrettées. L’humanité semble maudite, qui jamais n’a été capable de construire la paix en son sein, ne fût-ce que chacun avec soi-même…

Alors, où trouver la paix en cette période de Noël ? C’est tout simple. Il suffit, un jour comme aujourd’hui, de s’éloigner dans le brouillard au milieu des champs, de patauger dans la neige fondue en s’écoutant penser. Il suffit de s’arrêter, de respirer profondément et de tendre l’oreille. Tout est silence, émaillé de-ci de-là par le cri d’un oiseau, par le beuglement feutré d’une vache, par la rumeur diffuse d’un avion invisible, très haut dans le ciel. Loin de la fureur du monde, la paix existe bel et bien, croyez-moi : c’est la paix des champs !

Acceptez, je vous prie, mes meilleurs vœux, ainsi que mes plus vifs remerciements pour vos encouragements. Et n’hésitez point, à l’occasion, de m’engueuler copieusement quand j’écris des bêtises…

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