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La faim pour guérir?

Chaque année, la médecine progresse et permet la guérison de maladies réputées autrefois incurables. Pourtant, de nouvelles pathologies apparaissent ou d’autres fort rares se développent de manière inquiétante. Ainsi, les maladies dites « auto immunes », -quand notre immunité est déboussolée et se retourne contre nous –, sont maintenant fréquemment identifiées, et semblent se répandre comme une épidémie dans notre population occidentale bien (ou trop, ou mal ?) nourrie : diabète de type 1, maladie cœliaque, lupus érythémateux, polyarthrite, etc. Les chercheurs s’arrachent les cheveux pour découvrir les causes profondes de ces dysfonctionnements immunitaires, afin de mettre au point des traitements adaptés. Récemment, des études très sérieuses menées sur des souris ont établi qu’un jeûne sévère peut aider à régler la subtile mécanique de nos systèmes de défense biologique. La faim engendre un stress excessif qui stimule les mécanismes de survie jusqu’à leur paroxysme. Le corps en « oublie » ses pseudo-souffrances ; le système immunitaire paniqué se remobilise et se concentre sur ce problème devenu très urgent. Il se reformate, comme un disque dur d’ordinateur qu’on vide de ses programmes déboussolés, pour les réinstaller ensuite et remettre de l’ordre dans tout un bazar devenu ingérable !

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La faim pour guérir, pour remettre les choses à plat et redéfinir les vraies priorités ! Notre Europe, elle aussi, est fort malade d’une gravissime pathologie sociétale auto immune. Elle est occupée à détruire consciencieusement une composante essentielle à sa survie : son agriculture paysanne ! Le parallèle avec les maladies médicales est saisissant ! Notre humanité dispose d’excellentes capacités pour lutter contre la faim, un potentiel hors norme qu’elle peut mobiliser à tout instant de manière optimale : c’est le résultat des centaines de milliers d’années de sélection naturelle de notre espèce. Par contre, l’homme est très mal armé pour lutter contre l’excès de nourriture. Son corps s’empâte et s’encrasse. Son cerveau repu s’invente toutes sortes de besoins, toutes sortes de concepts qui le détruisent de l’intérieur, toutes sortes de chimères qu’il veut combattre en dépit du bon sens.

Ainsi, ceux qui nourrissent le monde, les paysans, sont éliminés systématiquement, de toutes les manières possibles ! Voilà un mal dangereux qui risque d’anéantir à terme notre civilisation ! Une grave famine subie dans tous les étages de notre société, en guise de thérapie de choc, viendrait-elle remettre les horloges à l’heure, dans notre monde en proie au pire des égarements ? Les dernières crises alimentaires en Europe datent des deux guerres mondiales du 20e siècle. Lors de ces années funestes, les agriculteurs furent subitement adulés, courtisés, remis à l’honneur. Le statut de cul-terreux des paysans est passé au rang de sauveur de la nation, aux yeux des affamés venus des villes. Tous ces gens qui ont vécu ces événements douloureux, et crevé de faim durant des mois et des années, ont reconnu le vrai rôle de l’agriculture.

Notre PAC « bienfaitrice » a été bâtie sur les cendres de ce brasier des consciences, brûlées par la faim en temps de guerre et de reconstruction. En 2019, les affamés de ces années-là ne sont plus, et leur mémoire s’est noyée dans l’océan de nourriture où nous nageons. La PAC déboussolée a perdu toutes ses vertus immunitaires pour sauver les ventres creux, car ceux-ci sont aujourd’hui trop remplis, bourrés de toutes sortes de nourritures industrielles néfastes au bon fonctionnement des corps. La vraie mission des agriculteurs, – nourrir les hommes –, est devenue secondaire. D’autres tâches nous incombent. Économiques et sociales : produire en quantité et à bas coût pour alimenter l’industrie agroalimentaire, garantir l’activité para-agricole des 7 emplois qui gravitent autour de chaque agriculteur, en amont et en aval… Environnementales : entretenir les espaces ruraux, lutter contre le réchauffement climatique, restaurer la biodiversité… Sociétales : céder aux caprices puérils des uns et des autres, bios, écolos, bien-pensants… pharisiens lobotomisés par la surabondance et qui n’ont jamais connu la faim !

Et si une crise alimentaire majeure survenait, serions-nous réhabilités ? Rien n’est moins sûr… On nous déteste tellement, les choses ont été si affreusement loin que nous serions alors considérés comme coupables, comme des incapables, des accapareurs, des moins que rien. Ou alors, qui sait, la faim viendrait au contraire guérir les maladies auto immunes qui rongent les consciences au sein de notre société d’abondance. Qui sait ? Elle remettrait les choses à plat et redéfinirait les vraies priorités…

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