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Le glyphosate n’est pas cancérogène, estime l’Agence européenne des produits chimiques

L’Agence européenne des produits chimiques (Echa) a annoncé, le 15 mars, qu’elle ne classait pas le glyphosate comme cancérogène. Une décision qu’attendait la Commission européenne pour relancer les discussions avec les États membres sur la ré-autorisation de cet herbicide.

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L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) était arrivée aux mêmes conclusions contrairement à celles du Centre international de recherche sur le cancer qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé.

« La conclusion a fait consensus parmi les membres du Comité d’évaluation du risque de l’Echa », a expliqué lors d’une conférence de presse sur internet Jack de Bruijn, le directeur de cette division de l’agence européenne basée à Helsinki. « Les experts se sont basés sur toutes les informations disponibles sur le glyphosate, à la fois concernant des études sur les humains et sur les animaux », a précisé M. de Bruijn. Les conclusions finales de l’Echa seront transmises ultérieurement à la Commission européenne qui attend cette opinion pour prendre une décision concernant l’avenir du glyphosate dans l’UE.

L’utilisation de cette substance est devenue de plus en plus controversée, sur fond de campagne active des défenseurs de l’environnement. La Commission européenne n’a pas réussi à convaincre les États membres de renouveler la licence de l’herbicide, qui arrivait à expiration à l’été 2016. Lors d’un vote fin juin au sein d’un comité scientifique où les États membres sont représentés, la France et Malte avaient voté contre et sept pays s’étaient abstenus (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie), bloquant la décision. L’exécutif européen s’était alors résolu à accorder une prolongation de 18 mois à la substance autour de laquelle les enjeux économiques sont importants : elle est l’ingrédient clé des herbicides les plus utilisés par les agriculteurs européens.

Greenpeace conteste

Selon Greenpeace, pour arriver à cette conclusion, l’Echa « a rejeté de flagrantes preuves scientifiques de cancer sur des animaux de laboratoires, a ignoré les avertissements de 90 scientifiques indépendants et s’est basée sur des études non publiées financées par les producteurs de glyphosate ». Ladite conclusion pourrait ouvrir la voie à une nouvelle licence de 15 ans dans l’Union européenne pour l’herbicide le plus utilisé au monde.

« L’Echa s’est donné beaucoup de peine pour mettre toutes les preuves que le glyphosate cause le cancer sous le tapis. Les données dépassent largement ce qui est légalement nécessaire pour que l’Europe bannisse le glyphosate, mais l’Echa a préféré détourner les yeux », dénonce pour sa part Muriel de Pauw, responsable de la campagne Agriculture chez Greenpeace

Les organisations sanitaires et environnementales se sont aussi inquiétées de conflits d’intérêts au sein du comité de l’Echa en charge d’évaluer le glyphosate, et ont critiqué « son choix de s’appuyer sur des études non publiées et financées par l’industrie. »

En février 2017, une coalition d’organisations de la société civile a lancé une Initiative citoyenne européenne appelant la Commission européenne à bannir le glyphosate, à réformer le système européen d’approbation des pesticides et à mettre en place des objectifs contraignants afin de diminuer l’usage de pesticides au sein de l’Union. Près de 500.000 citoyens ont déjà signé cette pétition.

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