Engraissement de vaches de réforme Blanc-bleu: une capacité d’ingestion journalière de 12 kg de foin séché en grange… sans forcer!
Le 17 janvier, le GAL de la Haute-Sûre Forêt d’Anlier, Fourrages Mieux, le Cra-w et le Service public de Wallonie présentaient les résultats (partiels) d’un essai d’engraissement de vaches de réformes avec du foin séché en grange sur le site du Cra-w à Libramont.


Si la technique du foin séché en grange se développe en Wallonie, elle est avant tout utilisée en élevage laitier. Quid en engraissement, et de surcroît en région herbagère, où l’herbe est la première ressource fourragère. Le projet Leader, dans lequel s’inscrit l’essai exploratoire, s’est donc intéressé à l’engraissement de bovins allaitants (ici, du Blanc-bleu, en pur et en croisement) avec du foin séché en grange pour apporter les premières données chiffrées utiles aux éleveurs intéressés.
David Knoden, de l’asbl Fourrages Mieux : « Les filières étant déjà bien en place pour les taurillons, nous avons opté pour l’engraissement de vaches de réforme. Et si les résultats sont probants en pur – où la capacité d’ingestion est plus limitée –, ils doivent l’être d’autant plus dans les autres races dont la capacité d’ingestion est plus importante et les besoins de concentrés à l’engraissement plus faible. Notons que l’idée était de partir sur des balles de foin séché et non d’avoir des infrastructures de séchage à disposition. »
Le Cra-w a accueilli l’essai dans son étable expérimentale dans laquelle les ingestions des animaux ont pu être calculées individuellement. Arrivées maigres (650 kg en sorties de prairie) le 10 octobre, les vaches ont été allotées par 7 selon trois régimes alimentaires distinctifs : R1 – foin à volonté et concentré limité ; R2 – foin et concentré « extensif » ; R3 – foin et concentré « intensif ».
Chaque lot était alimenté selon trois phases : 1. le démarrage des animaux (du 10 octobre au 10 novembre) ; 2. l’augmentation de la densité énergétique de la ration par l’introduction du concentré de finition (du 11 novembre au 8 décembre) ; 3. une période de finition pour amener les animaux à une bonne conformation pour les amener ensuite à l’abattage (du 9 décembre à maintenant).
Notons que pour ce qui est des concentrés, l’équipe expérimentale s’est orientée vers des aliments qui peuvent être produits à la ferme ou localement : triticale, orge, maïs grain, pulpe de betterave déshydratée, tourteau de colza, tourteau de lin, graine de lin et CMV. Exit le soja, la graine de lin apportera la matière grasse pour la finition. » La densité énergétique du concentré correspond à celle recommandée pour l’engraissement de vaches de réformes de ce type », explique Virginie Decruyenaere, attachée scientifique au Cra-w.
Un foin très digestible
Des analyses ont été effectuées sur le foin donné durant le premier mois de l’essai. Si elles sont encore partielles, les résultats montrent que la teneur en matière sèche était plus élevée que celle d’un foin classique (88 % vs 80-85 %). Le taux de protéines avoisine les 13 %, les teneurs en sucre tournent quant à eux autour des 9-10 %.
Si le taux de cendre est normal (9 %), Virginie Decruyenaere estime que la teneur en cellulose est très intéressante. « Elle est plus basse qu’un foin classique avec en moyenne 28 % de fibres. »
Autre donnée remarquable : la digestibilité du foin qui tourne autour de 70 %.
« Avec les modules de calcul à disposition, nous sommes sur un foin de qualité dont la teneur en énergie de l’ordre de 850 Vevi/kg de MS (à confirmer). »
Les analyses des refus montrent que les vaches trient peu et que leur valeur est assez comparable à celle du foin distribué. « Les refus laissés l’ont en fait été car l’aliment était distribué à volonté », note la scientifique.
Une capacité d’ingestion importante
8 animaux abattus