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Primordial pour commencer une activité maraîchère: organiser le temps de travail!

Au lancement d’une activité de production maraîchère, bien sûr, la position géographique du point de vente, la qualité des sols, la disponibilité en eau et en énergie sont importants. Mais la main-d’œuvre est le premier facteur de production!

Temps de lecture : 4 min

Lorsqu’un futur maraîcher réfléchit à son installation ou qu’un agriculteur envisage de se diversifier en production maraîchère, la tendance est de focaliser l’attention sur les aspects techniques, commerciaux et environnementaux. Pourtant, les aspects sociaux sont tout aussi importants, en l’occurrence le bon emploi de sa propre main-d’œuvre.

Réfléchir avant de produire

Les choix personnels des cultures maraîchères à produire sont à moduler et à modérer sous deux contraintes majeures : le débouché et la situation pédoclimatique. S’il est évident qu’à l’échelle d’un petit potager, nous pouvons nous faire plaisir en cultivant nos légumes préférés. Sur les surfaces professionnelles, il n’y a de la place que pour les cultures justifiées économiquement ou agronomiquement. De plus, nous devrons tenir compte des moyens de protection et de conservation disponibles comme la présence de serres et de frigos.

La limite commerciale est aussi déterminante. Bien que les statistiques démontrent clairement une insuffisance de la production en Wallonie par rapport aux besoins, la réalité s’étudie sur des espaces géographiquement plus larges. Même en circuits courts, il y a encore des opportunités, mais il convient de tenir compte de la présence de fermes maraîchères dans les environs proches.

La limite pédoclimatique intervient dans le potentiel de production mais aussi et surtout sur les besoins en main-d’œuvre pour l’élaboration et la présentation des légumes pour la vente. Les terrains lourds permettent de plus grandes facilités de maintien de la fraîcheur dans le sol ce qui est intéressant pour des légumes comme les choux par exemple. Par contre, le décrottage des racines de légumes comme les carottes ou des fûts de poireaux seront compliqués.

Attention, le maraîchage professionnel, ce n’est pas savoir gérer un potager «en plus grand», c’est mille fois plus complexe et énergivore que cela!
Attention, le maraîchage professionnel, ce n’est pas savoir gérer un potager «en plus grand», c’est mille fois plus complexe et énergivore que cela!

Ne pas sous-estimer les besoins

Deux grandes charges de travail sont à distinguer d’emblée pour l’installation et pour la production proprement dite.

Le travail d’installation ou d’aménagement est lourd mais ne se répète pas. Il peut être lourdconséquent lors de l’installation ou lors de réaménagements.

Le travail de production se répète au fil des semaines ; il comprend la production, la commercialisation, l’administration et la gestion. L’ensemble de ces tâches aura probablement des pointes hebdomadaires, mais il doit être déterminé pour qu’il reste supportable par les forces vives de la ferme maraîchère. C’est d’autant plus important si le recours à des entreprises spécialisées est compliqué localement.

Les paillages interviennent directement sur la rentabilité par les économies de main-d'œuvre permises lors des opérations de maîtrise de l'enherbement.
Les paillages interviennent directement sur la rentabilité par les économies de main-d'œuvre permises lors des opérations de maîtrise de l'enherbement. - F.

Une charge trop lourde peut entraîner un découragement et un épuisement après quelques années au point de mettre en péril la viabilité de l’entreprise maraîchère.

La surveillance quotidienne des cultures, les ouvertures et fermetures des aérations de serres sont des opérations indispensables. Des manquements peuvent coûter cher : les exemples ne sont pas rares de cultures perdues en raison d’excès thermiques, de stades clés ratés par manque de temps pour les observations, de serres abîmées par des vents forts à la suite d’un déficit de prévention.

Nous avons tous besoin d’un temps de repos hebdomadaire, tenons-en compte dans notre planification des besoins horaires!

Répartir les pointes de travail

Le calendrier des cultures permet d’identifier les pointes de travail liées aux implantations et aux récoltes. N’oublions pas le point essentiel de la maîtrise des adventices qui est très chronophage. Le projet Interreg Vetabio actif sur l’espace transfrontalier Hauts-de-France, Vlaanderen-Wallonie a pu déterminer que cette seule activité consommait 70 % du temps de production chez les maraîchers bio.

Il faut aussi prévoir de la réserve de temps pour s’adapter aux contraintes météorologiques.

N’oublions pas non plus le temps de formation du maraîcher: un ou deux jours par mois ne sont pas du luxe.

L'occupation des serres maraîchères au printemps et en automne est essentielle économiquement et pour la répartition des besoins en main-d'œuvre.
L'occupation des serres maraîchères au printemps et en automne est essentielle économiquement et pour la répartition des besoins en main-d'œuvre. - F.

L’administration est lourde aussi, n’oublions pas de prévoir du temps pour la gestion des commandes, les facturations, les comparaisons de prix.

La recherche de débouchés demande aussi d’accorder du temps à une veille régulière pour ne pas rater des opportunités, se tenir informé, garder des contacts avec les maillons de la filière. Avec celles consacrées à la gestion (gérer, c’est prévoir), ce sont les heures les plus rentables des activités du maraîcher.

Veiller à l’efficience !

L’efficience est la base de la réussite. Par exemple, si sur un marché, j’arrive à vendre en moyenne pour un chiffre d’affaires de 100 € à l’heure, ce n’est pas du tout la même chose qu’une situation où j’atteins 500 € sur le même temps. De même, récolter 20 ou 50 barquettes de fraises à l’heure, ce n’est pas du tout la même chose. Désherber une bande de 10 ares en 2 semaines ou en 1 jour et demi, cela n’a pas de compraison. L’effcience est une question d’habilité à la fonction et surtout de moyens disponibles et d’organisation.

F.

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