Accueil Archive

Du bon usage du pulvérisateur

En cultures maraîchères aussi, nous sommes parfois amenés à employer un pulvérisateur (à dous ou à lance) pour appliquer des produits de protection des plantes, des engrais foliaires, des stimulants ou des régulateurs de croissance.

Temps de lecture : 5 min

Si les outils utilisés en grandes cultures sont soumis au contrôle périodique officiel, les pulvérisateurs à dos ou à lance en sont dispensés. Or, l’emploi de ces petits engins s’adapte bien à la dimension souvent modeste des parcelles maraîchères. Le professionnel a toutefois intérêt à contrôler régulièrement la régularité et la performance de ses outils. À côté du bon entretien et du bon réglage de ces appareils, nous devons aussi calculer les doses en fonction des conditions pratiques du terrain. Mais avant tout, il convient d’apprécier l’opportunité d’une intervention.

Prévenir plutôt que guérir

De manière générale, nous choisissons autant que possible les méthodes agronomiques recommandées par les bonnes pratiques pour éviter l’emploi de produits de protection des plantes. La rotation et le choix de variétés résistantes ou tolérantes permettent d’éviter pas mal de maladies et de dégâts. La surveillance attentive des cultures permet de repérer rapidement les foyers de maladies et de ravageurs et de n’intervenir que là où c’est absolument nécessaire.

Les interventions sous abri doivent être décidées avec une prudence toute particulière: d’une part, les homologations de nombreux produits ne sont pas les mêmes qu’en plein air et d’autre part, la température peut monter très vite sous abri, augmentant sensiblement les risques de phytotoxicité tout en réduisant l’efficacité pratique.

On veillera également à réaliser les traitements en dehors des heures de butinage des abeilles et autres insectes pollinisateurs. Bien entendu, l’utilisateur doit disposer de la phytolicence correspondant à son niveau de responsabilité (P1, P2 voire P3).

Bien entretenir…

Le nettoyage des filtres et des buses doit être fréquent et approfondi.

Le type de buse employé doit répondre aux besoins. C’est un des points critiques de nombreux pulvérisateurs à dos.

L’appareil sera muni d’un manomètre pour pouvoir mesurer la pression de travail et d’un porte buse pour faciliter les interventions.

Les buses à réglage approximatif couvrant de la grosse goutte jusqu’aux fines gouttelettes n’ont pas du tout un niveau de précision suffisant. Elles équipent parfois des pulvérisateurs à dos lors de l’achat, elles seront changées immédiatement !

Pouvant contenir de l’eau de rinçage dans les tuyauteries ou dans la pompe, les pulvérisateurs seront remisés à l’abri du gel.

… et régler le pulvérisateur à dos

Dès l’acquisition d’un pulvérisateur à dos ou à lance, il est recommandé de vérifier le débit de la buse ou de chaque buse. A une pression constante, nous chronométrons le temps de remplissage d’un récipient. Nous connaîtrons ainsi le débit par minute. Nous basant sur la notice du fabricant de buses pour la largeur de travail (le plus souvent, c’est 50 cm), et connaissant la vitesse d’avancement (un ouvrier avec un pulvérisateur sur le dos et marchant entre deux planches de maraîchage avance à une vitesse proche de 1 m/seconde, soit 60 mètres/minute). En combinant ces deux données, nous avons le volume d’eau appliqué par are.

Un exemple

Considérons le cas suivant :

– débit mesuré à la pression de 3 bars : 0,9 litre / minute ;

– largeur de travail de la buse : 0,50 m ;

– vitesse d’avancement : 1 m/seconde, soit 60 m par minute ou 3,6 km/heure ;

– surface concernée par ce travail durant 1 minute = 0,50 x 60 = 30 m².

En conséquence :

– pour traiter 1 m², il faudra 30 fois moins de temps, soit 2 secondes ;

– pour traiter 100 m², soit 1 are, il faudra 100 fois plus de temps, soit 200 secondes, ou 3 minutes et 20 secondes. Le volume d’eau concerné sera de (0,9 litre / 60 secondes) x 200 secondes = 3 litres.

Pour vérifier tout cela, rien de tel qu’un test grandeur nature avec de l’eau pure.

Plusieurs marques de pulvérisateurs proposent en option des rampes porteuses de 2 ou de plusieurs buses en parallèle. Ce choix est très intéressant pour les maraîchers travaillant sur planches (voir l’édition du Sillon Belge du 21 octobre dernier). Toute la largeur de la planche est traitée en un seul passage; il faut actionner la pompe avec plus de vigueur, mais le temps de l’opération diminue.

Choix du produit

Il faut vérifier que le produit est encore bien homologué pour l’usage attendu dans la culture à protéger, au stade de développement visé. Le site www.fytoweb.be est la référence en Belgique. N’hésitons pas à le consulter pour s’assurer qu’il n’y a pas de changement récent.

Il faut aussi s’assurer que les cahiers de charges en application à la ferme permettent ledit usage.

Quel volume d’eau?

En se basant sur l’expérience des grandes cultures et tenant compte des spécificités de nos petites fermes maraîchères, nous pouvons nous baser un volume de 200 à 1.000 l d’eau /ha, soit 2 à 10 l. par are. C’est plus qu’en grandes cultures. Cela s’explique par les moins bonnes performances du matériel employé.

Combien de produit ?

D’abord, nous déterminons le volume d’eau qui sera nécessaire pour protéger la surface de la parcelle. Ensuite, nous calculons la quantité de produit nécessaire pour constituer la bouillie.

La stabilité des bouillies est un point essentiel. Sans agitation performante, celles-ci perdent très vite leur stabilité. Les éléments en suspension remontent ou descendent en fonction de leur densité. Cela signifie qu’il y a un risque de concentration variable dans le temps. Pour éviter des variations éventuelles dans les concentrations, préparons les bouillies immédiatement avant l’usage, et travaillons avec de petits volumes à chaque fois. Les modèles de pulvérisateurs pourvus d’une agitation performante présentent un avantage sur ce plan.

Au moment de l’application

Les règles, obligations et recommandations classiques sont toutes d’application. Retenons en particulier le respect de zones tampons, la tenue de registres d’entrée des produits et de leurs applications en pratique (parcelle, date, doses).

Les traitements doivent se faire avec une vitesse d’avancement constante et correspondant à celle éprouvée lors des tests de réglage. Le traitement se fait dès lors en tenant la rampe ou la lance à une hauteur bien déterminée de la surface à protéger. Cela signifie aussi que la trajectoire de la rampe ou de la lance est une droite ou une légère courbe parallèle au sens de traitement. Les mouvements alternatifs de gauche à droite doivent être bannis. Ils généreraient inévitablement des manques et des redoublements. Ils causeraient des manques d’efficacité en alternance avec des surdosages.

F.

La Une

Micro-méthanisation agricole: plus d’autonomie énergétique avec un projet qui s’adapte à l’exploitation en place

Elevage L’exploitation laitière de François-Hubert et Stéphane Van Eyck, à Corroy-le-Château, accueille depuis peu une unité de micro-méthanisation, une manière intéressante d’optimaliser la gestion des effluents d’élevage tout en produisant sa propre énergie. Ils nous présentent le concept, en compagnie de Sigrid Farvacque, manager chez Biolectric.
Voir plus d'articles
Le choix des lecteurs