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Agriculteurs de Valeurs : l’excellence agricole wallonne à l’honneur

L’importance de la terre, celle de ceux qui la travaillent au quotidien. Ce sont ces actrices, ces acteurs majeurs du territoire wallon, à la si riche diversité, qui ont été mis à l’honneur, le 2 décembre dernier. À la distance et

à l’absence forcées jaillies de la crise, ont succédé la bienveillance et l’émotion à Libramont.

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Faut-il encore rappeler, et le ministre régional de l’Agriculture Willy Borsus s’en est chargé, que ce sont non moins de 740.000 hectares qui sont confiés aux agricultrices et agriculteurs wallons, dans une région qui recèle un peu plus de 12.500 exploitations.

Des agriculteurs sélectionnés « à leur insu »

« Un chiffre qui a longtemps diminué en Wallonie, avant de se stabiliser après une longue érosion au fil des dernières années » a rembobiné M. Borsus venu accueillir et féliciter les lauréats sélectionnés pour le rôle remarquable qu’ils jouent, dans leur profession, sur les plans économique, social et environnemental.

Il faut savoir que les impétrants ne sont pas candidats à cette distinction, « ils ne savent pas qu’ils concourent avant qu’on ne les en informe » a rappelé la Directrice de la Foire de Libramont Natacha Perat, précisant que c’est le Collège des Producteurs qui effectue la difficile présélection d’un premier panel de 14 agriculteurs.

Ce sera après d’âpres discussions que seront choisis les cinq gagnants de cette treizième édition marquée par des projets menés par des jeunes, ou des associations d’agriculteurs qui ont à cœur de s’enraciner dans le terroir afin de donner sens à leur métier.

La durabilité reste le fil rouge du concours qui permet aux lauréats de repartir avec un large panneau aux couleurs de ce prix à afficher dans leur exploitation ainsi que, « last but not least », une enveloppe de 3.000€.

Pierre Le Maire, coopérateur et entrepreneur dans l’âme

C’est le fils de Pierre Le Maire qui est venu recevoir le prix, lui qui a repris l’exploitation familiale 100 % bio située à Verlaine voici un an après avoir travaillé en duo avec son père durant quatre ans.

La famille plonge ses racines en Hesbaye, là où en 1986 Pierre Le Maire crée avec trois autres associés une société de conditionnement de carottes (L’Yerne).

Dès 2000, il fait le pari de convertir les cultures classiques de l’exploitation en cultures bio afin de répondre à la demande croissante du marché. En 2014, il aménage dans une grange de l’exploitation son premier atelier de conditionnement. Les céleris sont lavés et conditionnés sur place. Les panais bio, carottes de couleurs et persil tubéreux suivront de 2016 à 2018.

La famille Le Maire fait par ailleurs partie de plusieurs coopératives, l’une de pommes de terre (STG, société du terroir de Geer), une autre dédiée de sirop de betteraves (Orso) et une troisième consacrée à la fabrication de chips (ReBel).

Aujourd’hui, son fils a ouvert un point de vente à la ferme où il propose également une foultitude de produits en provenance d’autres exploitations.

Emmanuel Samson, le fromage et les arbres fruitiers

Trois frères et sœurs, tous trois agriculteurs dont Emmanuel Samson, encore à Verlaine, très impliqué dans une démarche collaborative puisque faisant partie intégrante de « l’Association fromagère Collégiale » en partenariat avec deux autres éleveurs, deux transformateurs et le Groupe d’action locale (Gal) Condroz-Famenne.

Mais ce n’est pas tout : passionné d’arbres fruitiers, Emmanuel Samson est par ailleurs membre de la coopérative « Reinette & Co », active dans le développement de la filière des vergers hautes tiges en Belgique. Depuis quatre ans, il plante 2 à 3 hectares d’arbres fruitiers.

Daniel Deprez, tout pour les légumes

C’est Antoine, le fils de Daniel Deprez qui est, lui aussi, venu recevoir, au nom de son père, le prix d’Agriculteur de valeurs.

À la ferme de la Vallée, à Sambreville, on cultive, récolte, transforme, que ce soient des légumes sous serres ou en pleine terre pour un projet à la fois diversifié et cohérent. Au fil des années, Daniel et son épouse ont acquis un robot pour le rempotage, des chaudières biomasse et, plus récemment, des poulaillers mobiles.

La famille Deprez a également développé une conserverie pour éviter le gaspillage : les surplus de production sont transformés et stérilisés afin de pouvoir être consommés toute l’année. Et achetés dans le point de vente à la ferme.

Lionel Nailis et Nicolas Marichal, pisciculteurs innovateurs

Petit secteur, grandes innovations. La pisciculture wallonne recèle des projets aussi surprenants qu’innovants, tel celui de Lionel Nailis et Nicolas Marichal, le dynamique tandem à la tête de « La Truite d’Ondenval » dans la commune de Waimes, depuis 2014.

Les deux pisciculteurs proposent des truites affinées à l’eau de source, entières, en filets, ou fumées au bois de hêtre.

Très vite, ils s’inscrivent dans la gastronomie locale, établissent un partenariat avec un poissonnier et intègrent « Génération W », un collectif de chefs wallons, dont l’un des objectifs est de promouvoir sur le plan national et international le patrimoine gastronomique de Wallonie.

Ils font également partie du label « Made in Ostbelgien » garantissant la qualité régionale des produits créés et transformés dans l’Est de la Belgique.

En 2017, ils reprennent un site au cœur de la forêt pour assurer toute la chaîne de production, de l’œuf au poisson. « On est capable d’élaborer un produit qui remplace le saumon » a illustré Nicolas Marichal.

« La boucherie originelle », des éleveurs aux valeurs citoyennes

Créée en 2019 par quatre agriculteurs de l’entité de La Bruyère, petite commune entre Namur, Eghezée et Gembloux, la coopérative « Boucherie originelle », labellisée « Prix juste », se veut créatrice de valeur et d’emplois.

Les coopérateurs accordent une attention particulière portée à la notion de bien-être animal. Mais c’est aussi la volonté d’aller vers le consommateur, en particulier les jeunes enfants qui a séduit le jury. Une fois par an, ce sont les élèves d’une classe de la région qui se rendent chez les éleveurs.

La coopérative fait partie de la… coopérative « Les artisans de Bossimé » liée au restaurant gastronomique étoilé « L’Atelier de Bossimé ».

Et ce n’est pas fini puisque les éleveurs ont sorti de leurs cartons un projet relatif au bœuf Wagyu, un autre dédié au porc laineux (Mangalitza) en plein air, un troisième lié aux bœufs de prairie afin de diversifier leur offre.

Marie-France Vienne

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