Pourquoi ne pas planter

quelques vignes dans le jardin ?

Même s’il est le premier mois du printemps météorologique qui s’annonce par l’allongement rapide des journées et la hausse de la température, qui dépassera parfois 20 ºC, mars nous rappelle que l’hiver n’est pas nécessairement fini : des nuits de gel et des giboulées neigeuses en attestent.

Au verger, outre les dernières plantations évoquées ci-dessus, on épandra un engrais composé N+P+K pour jardins et on réalisera les dernières tailles. La plantation des vignes sera également effectuée durant cette période.

Depuis quelques années, il existe une famille de variétés nouvelles de vignes peu sensibles ou non sujettes aux maladies cryptogamiques, et qui dispensent d’effectuer au printemps et en été de fréquents traitements fongicides comme c’est le cas avec les vignes européennes classiques.

Certains jardiniers, en entendant de plus en plus souvent parler de réchauffement climatique, mais sans savoir en quoi il consiste réellement, imaginent que bientôt nous aurons un climat de type provençal ! Un enthousiasme qu’il convient de modérer.

Un emplacement favorable

Le succès de la viticulture dépend en premier lieu de la satisfaction des exigences pédo-climatiques de la vigne. Comme il est admis que la Belgique, même à une altitude inférieure à 250-300 m, se situe au-delà de la limite naturelle Nord de la culture de la vigne, celle-ci ne réussira que si l’on a choisi soigneusement le site d’implantation et le matériel végétal : sujet porte-greffe et variétés, ainsi que le système de culture, soit en plein vent, soit adossé à un mur bien exposé, ou encore sous serre.

Les vignes peuvent s’adapter à une grande diversité de sols, sauf trop humides et mal drainés, ou trop argileux, ou encore trop salins. On dispose pour cela d’une vaste gamme de sujets porte-greffe adaptés aux différentes caractéristiques du sol.

Pour les situations les plus fréquentes en Belgique : des sols limono-argileux modérément humides et à pH neutre, on préférera un sujet porte-greffe polyvalent comme la Sélection Oppenheim nº 4 (= SO4), ou encore le 5BB Kober ou le 5C Teleki. Il s’agit d’hybrides entre deux espèces américaines résistantes au Phylloxera, un puceron du système radiculaire qui a provoqué de très graves dégâts à partir de la fin du XIXe siècle.

Exigeante en chaleur mais résistante au froid

Pendant la période de végétation, les vignes sont exigeantes en chaleur : la température moyenne doit être supérieure à 18 ºC pendant au moins trois mois. Les variétés de raisin sont classées en quatre groupes selon cette exigence. Ainsi peut s’expliquer le développement de la culture en serres à partir du milieu du XIXe siècle au Sud de Bruxelles et à Louvain : une production de fruits de luxe qui a très fortement régressé après 1960.

Pour autant que l’arrêt de végétation soit complet, la vigne résiste bien au froid hivernal jusque -15 ºC ; à des températures plus basses, les bourgeons hivernants peuvent être détruits. Au printemps, la croissance commence dès que la température dépasse 10 ºC, et les jeunes pousses tendres sont sensibles aux gelées tardives (minimum = - 4 ºC) qui peuvent survenir en Belgique jusque fin avril et parfois même en mai.

La pluviométrie naturelle, bien répartie sur toute l’année suffit à l’alimentation des vignes en eau. Afin d’optimaliser l’activité photosynthétique des plants, on recherchera un éclairement maximum.

Un terrain en pente permettra l’écoulement de l’air froid et humide.

Au Grand-duché de Luxembourg, une méthode chiffrée prend en compte huit paramètres du site, du sol et du climat afin d’évaluer l’aptitude d’une parcelle à porter de la vigne.

Plantation et conduite

Nous avons cité plus haut quelques sujets porte-greffe recommandés pour nos sols limono-argileux. On peut aussi envisager, sans prendre trop de risques, la plantation de vignes non greffées que l’on aura multipliées par bouturage hivernal de rameaux, en pépinière ou directement en place.

Dans un jardin disposant de murs bien exposés, des vignes peuvent y être adossées en cordon vertical ; elles bénéficieront d’un microclimat plus favorable qu’en plein vent. Il est également possible d’édifier une pergola qui ombragera une terrasse ou une zone de repos.

Dans un verger, les vignes seront conduites en haie verticale palissée sur 4 fils horizontaux : les deux systèmes les plus courants sont le cordon de Royat (simple ou double) et le système Guyot (simple ou double). On adoptera un interligne de 2,5 m et une distance de plantation dans la ligne de 1-1,2 m pour les conduites simples et 1,5-1,8 m pour les systèmes doubles.

Les cépages : un choix difficile

Le nombre très élevé de variétés de raisin proposées rend parfois le choix difficile. Pour la production en plein air de raisin de table, on dispose de quelques variétés de vignes européennes ou hybrides comme « Gloire de Boskoop (noir – N) » ou « Vroege van der Laan (blanc – B) ». Les variétés « Royal (N) », « Frankenthaler (N) » et « Chasselas de Fontainebleau (B) » ne conviennent que pour la culture en serre ou adossée à un mur bien exposé.

Certaines variétés peuvent produire des raisins de table ou des raisins de cuve : « Palatinat (B) », « Phoenix (B) », « Sirius (B) », « Solaris (B) », « Regent (N) », « Rondo (N) » ou « Saint-Laurent (N) », par exemple.

Les cépages hybrides destinés uniquement à la production de vin blanc sont nombreux ; leur choix sort du cadre de cet article.

Des soins d’entretien attentionnés

Les vignes requièrent, comme les autres espèces fruitières, des interventions tout au long de la saison.

En hiver, on épandra au pied des plantes une fumure organique (30 kg de compost par plant) ; la taille d’hiver se pratique une fois que le risque de grand froid s’éloigne, soit au début de mars.

Pendant la végétation, plusieurs tailles doivent également être effectuées. Ainsi, avant la floraison, on éliminera les pousses mal placées, inutiles ou stériles. Après floraison, on pincera les sarments à 5 ou 6 feuilles au-dessus des grappes. Ensuite, toutes les trois semaines, on coupera toutes les repousses et on veillera à enlever les grappes en surnombre.

En fin d’été, effeuiller le bas des plants conduits en haie amènera de l’air et de la lumière au niveau des grappes et favorisera la maturation du raisin.

Le sol doit être désherbé au moment de la taille de mars et on épandra une fumure minérale N+P+K, que l’on complétera après la floraison par un second apport à demi-dose.

Si l’on a opté pour des variétés de vignes européennes, la lutte contre les champignons est une contrainte importante ; la fréquence des interventions fongicides dépend du climat, surtout de la pluviométrie ; ils doivent débuter dès que le feuillage apparaît et se poursuivre jusqu’en fin de saison. Par contre, les vignes hybrides peuvent se passer de ces interventions : nos vignes « Regent (N) » plantées en 2007 n’ont jamais reçu le moindre traitement depuis lors : ni fongicide, ni insecticide-acaricide.

Pendant la phase de maturation du raisin, devenant alors attractif pour différents oiseaux, la pose de filets peut être nécessaire pour préserver le raisin. De même, des bouteilles-pièges éviteront les dégâts de guêpes.

ir. André Sansdrap,

Wépion

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