La mouche mineuse des Allium,

identifier et maîtriser ce redoutable ennemi

Nous repérons la présence de Phytomyza gymnostoma essentiellement par les dégâts aux cultures de poireaux, mais chez les maraîchers cultivant aussi d’autres plantes de la même famille, les dégâts peuvent être généralisés sur les plantes du genre Allium.

Signaux d’alerte

Les adultes piquent le feuillage pour se nourrir ; les traces de piqûres sont des chloroses parfaitement alignées verticalement de manière caractéristique (voir photo). Les femelles pondent sur le feuillage après avoir piqué la feuille en laissant ces traces de nourrissement alignées. Cet aspect est important : en repérant l’apparition des traces de piqûres, nous pouvons agir avant ou dès les pontes.

Dès l’éclosion, les larves creusent des galeries en direction de la base des feuilles. À la fin du développement des différents stades larvaires, la pupe est formée dans le fût du poireau ou à la base des bulbes pour les autres espèces.

La larve est de couleur blanc crème et mesure jusque 6 mm de long à la fin de son développement. Les pupes sont de couleur brun rougeâtre, mesurent jusque 4 mm de long et sont visibles entre les feuilles enroulées du fût du poireau voire entre les écailles des autres espèces d’Allium. Ceci permet une distinction aisée avec la mouche de l’oignon dont les pupes mesurent 6 ou 7 mm et se trouvent dans le sol, à proximité des plantations.

Les fermes maraîchères ont souvent des poireaux en végétation 12 mois sur 12. Les adultes qui émergent au printemps des fûts des poireaux d’hiver ne doivent pas explorer bien loin pour trouver de jeunes plantes hôtes pour s’alimenter et pour la première ponte du printemps, dès avril.

Périodes à risques

Phytomyza gymnostoma est surtout présente sur ciboulette et sur poireaux, mais nous pouvons la trouver aussi sur d’autres Alliacées comme l’oignon, l’ail ou l’échalote. Par contre, nous ne la retrouvons pas sur un autre genre qu’Allium.

Les adultes émergent des fûts pour le vol nuptial, puis le cycle recommence. Chez nous, deux cycles, et donc deux périodes de risques particuliers, sont généralement constatés par an. D’une part en avril-mai et, d’autre part, en septembre-octobre, mais cette période peut s’élargir de fin août (si le temps est couvert à cette période de l’année) à mi-novembre (s’il fait doux pour la saison).

En avril, les adultes sortent des pupes et s’accouplent rapidement. Les femelles repèrent ensuite des plantes hôtes, et effectuent des piqûres de nutrition alignées puis les pontes, alignées également.

Identifier la mineuse

C’est surtout la pupe que nous remarquons dans le fût du poireau ou dans les bulbes d’espèces du genre Allium. Notre regard est d’abord attiré par l’état général de la plante, déformée et dont la croissance est perturbée. En sectionnant le fût ou le bulbe, nous constatons la présence de pupes de couleur brun rougeâtre dans des logettes entre les écailles ou entre les épaisseurs foliaires du fût.

L’observation de la présence de piqûres de nutrition doit être quotidienne en période de vol.

La désorganisation de la plante et ses déformations peuvent ressembler aux symptômes d’attaques du nématode des tiges (Ditylenchus dipsaci).

Pauses estivale et hivernale

L’activité de cette espèce est importante dès que la température dépasse 10 ºC. En principe, l’adulte sort en avril, mais il est très possible que ce soit beaucoup plus tôt en cas d’hiver doux.

Durant l’été, le cycle semble plus long. Certains auteurs avancent l’hypothèse de la dépendance à la longueur du jour, ce qui pourrait expliquer la pause estivale dans le développement. La pause hivernale est probablement liée aux températures plus basses.

Des légumes invendables

Les plantes porteuses de pupes sont invendables car elles présentent nettement moins bien que la normale et leurs feuilles ramollissent et se déforment. Les attaques d’avril-mai provoquent une mortalité très forte car les plantes sont encore jeunes.

Lors de la préparation des poireaux à la vente, le temps d’épluchage et les pertes pondérales sont nettement plus importants.

Importance des observations

Lorsque les dégâts sont constatés, il est trop tard pour intervenir durant la période à risque concernée. Aussi, nous pouvons poser des plaques engluées jaunes et les observer chaque semaine au moins. Nous pouvons aussi planter 40 plantes de ciboulette (plante attractive) en bordure de parcelle et observer les piqûres chaque semaine.

L’examen de la parcelle permet aussi de repérer les piqûres et les pontes. Il s’agit d’un travail fastidieux.

Diverses méthodes de lutte

Placer un filet anti-insecte de mailles de 0,8 mm pendant les périodes de vol donne de bons résultats s’il ne touche pas le feuillage. Cette méthode est plus adaptée à la pépinière de production des plants en avril-mai qu’au champ de production.

Les déchets de culture contaminés doivent impérativement être éliminés. Il faut également éviter d’abandonner des poireaux porteurs de pupes sans gestion des débris. Récolter et détruire avant que les pupes n’aient éclos est essentiel. Le compostage des débris contaminés doit être évité si nous ne sommes pas certains des montées de température.

La rotation des cultures ne doit pas être négligée. L’absence d’Allium dans une ferme maraîchère pendant un an est une solution efficace.

L’enfouissement profond des pupes semble donner des résultats favorables. Les pièges jaunes sont efficaces, surtout au printemps pour repérer les vols d’adultes.

Peu de moyens de lutte insecticide existent. Les produits à base de spinosad (Boomerang, Tracer, Conserve Pro) sont agréés en poireaux. Ils seront appliqués sur base d’observations en parcelles de référence. Consulter www.fytoweb.be avant utilisation.

F.

Le direct

Le direct