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Toxique dans le pré

ou les pesticides de Fernelmont

Temps de lecture : 4 min

J’ai regardé, il y a peu, le reportage « Toxique dans le pré » de l’émission « Devoir d’enquête » de la RTBF. Trois vérités au moins y sont démontrées :

1) il s’agit d’un débat passionnel qui demande à être poursuivi et approfondi pour objectiver les faits et ressentis;

2) le monde agricole est accusé une fois de plus de tous les torts du monde ;

3) ce dernier est très mal défendu par ses représentants.

Ces trois éléments méritent que l’on s’y attarde un peu plus et que je vous livre mon sentiment. La poursuite de l’enquête pour connaître les effets positifs et/ou négatifs sur la santé de l’emploi des pesticides est une nécessité pour objectiver, rassurer et convaincre le consommateur. La « S » ociété avec un grand S du 21e siècle ne se contente plus de beaux discours. Elle n’accepte plus le moindre risque. Elle voudrait que tout soit sous contrôle mais chacun réclame de l’autre main plus de liberté et ne supporte pas que l’on vienne regarder dans son assiette. Suivez la logique qui peut. Il n’empêche que nous devons agir et convaincre.

J’en arrive ainsi aux deuxième et troisième points : un monde agricole au banc des accusés (des « tueurs » dixit) et un monde agricole très mal défendu. J’ajouterais même « non défendu et abandonné » ! Avons-nous vu ou entendu un représentant syndical (FWA ou Fugéa)… Non ! Seulement trois agriculteurs livrés à eux-mêmes qui tendent avec leurs mots et leurs tripes de convaincre de leur bonne foi(e). Mais malheureusement, et malgré toutes les casquettes que leur métier leur demande d’excercer, ils ne sont pas des pros de la communication. Messieurs de la Fugéa, de la Fwa qu’attendez-vous pour réagir ? N’oubliez pas qu’il sera trop tard d’y penser quand il n’y aura plus d’agriculteurs !

Il eut été pertinent et percutant de montrer explicitement, image à l’appui, « le poids des mots, le choc des photos » comme le dit un slogan publicitaire :

– Quid du contrôle technique des pulvérisateurs, de la régularité de l’épandage de la bouillie ?

– Quid du dosage des produits utilisés : parfois quelques grammes/ha ! Quel jardinier amateur peut se vanter d’une telle précision ?

– Quid de la coupure automatique des rampes du pulvérisateur pour éviter le gaspillage et les redoublages ?

– Quid des 99… % de réussite des contrôles Afsca en ferme ?

– Quid de la traçabilité des produits, des zones tampons, des limites d’emploi en dose/ha/année ou cycle ?

– Quid des avancées avec traitements des semences pour éviter certaines pulvérisations ?

Et la liste n’est pas exhaustive… Bref, les agriculteurs sont soumis à une multitude de contrôles, normes et… chacun de ses arguments était et est un point imposé par la Société auxquels les agriculteurs satisfont dans la très grande majorité.

Mais en est-il de même inversement ? Qui n’a pas un voisin qui vient quémander un peu de produit, 10 x la dose nécessaire et qu’il pulvérise sur une surface imperméable (les jolis klinkers) et qui vide le solde de bouillie ou au mieux le rinçage de son pulvérisateur à dos dans l’égout. Un cas vécu !

Si vous circulez sur les routes et autoroutes qui subissent leur dernier broyage de saison, vous serez effrayé de voir autant de canettes, de sacs-poubelles, de déchets en tout genre… pourtant et assurément les agriculteurs n’y passent pas en tracteur !

Qui n’a pas dû une fois au moins descendre de sa machine pour retirer un pneu, un matelas ou un sommier courageusement déposé par son propriétaire la nuit !

Combien de fumeurs – agriculteurs ou pas – ne jettent-ils pas leurs mégots sur la voie publique dans un geste ample et sans se poser des questions que le devenir et la pollution… ?

Non, je ne veux pas rejeter la faute sur autrui, je souhaite simplement que chacun fasse sa petite introspection, balaye devant sa porte avant de regarder la paillette qui est dans l’œil de son voisin. C’est aussi cela le vivre ensemble et le bon voisinage.

Mais il est possible que tout cela ait été dit et montré mais que journalistiquement cela n’ait pas été montré car moins porteur… Ceci n’est qu’une quasi-vérité relayée par une intervenante échaudée par ces interviews précédentes…

Un observateur passionné

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