Il fallait s’y attendre : le Grand Méchant Fou d’outre-Atlantique n’a fait qu’une bouchée du Petit Chaperon COP 21 et de sa Mère-Grand le GIEC ! Son accent yankee nasillard était plus désagréable que jamais, lorsqu’il a jeté, à la face du monde sidéré, son indéfectible credo : « The American way of life is not negotiable ! ». Le mode de vie américain n’est pas négociable, et tant pis pour les ours blancs, les pays du Sahel et les futures victimes des ouragans !
Président, comme vous avez de grandes dents ! « C’est pour mieux te manger, ma petite planète » ! En populiste qui se respecte, Donald Trump adore les discours orageux, où il tape du poing sur la table pour imposer son point de vue, au cours desquels il lance des affirmations à l’emporte-pièce, à la manière d’un joueur de cartes qui jette en bluffant un atout menteur sur la table. Un Donald, ça « trump » énormément (« to trump » signifie surenchérir) ! Et ça passe et ça casse, comme un éléphant en balade dans une cristallerie… Il joue à singer son idole, le Général quatre étoiles George Patton, héros tapageur de la Seconde Guerre Mondiale. Les Allemands nazis en avaient une peur bleue, car il n’avait aucun scrupule à détruire à l’arme lourde, napalm et phosphore à gogo, tout ce qui gênait le passage de ses divisions blindées, villages et civils inclus. Les bocages de Normandie et les alentours de Bastogne en frémissent encore de terreur, après plus de septante ans…
Soyez-en persuadés : Donald Trump n’hésitera pas à « pattoniser » tout ce qui risque de freiner la machine économique des États-Unis, quitte à coaguler contre lui le sang du monde entier ! De toute façon, à septante ans, il se fiche complètement de ce qui arrivera à la Terre d’ici cent ans… Je croyais les papys de son âge plus réfléchis, mais le déni du réchauffement climatique est profondément enraciné en pas mal d’entre eux, de manière comme qui dirait « vachement stupide »…
Mais au fait ? N’avons-nous pas, en chacun d’entre nous, un Donald Trump qui s’ignore ? J’ai pu le constater lors d’une réunion locale, organisée par un promoteur éolien. Notre commune est située à cheval sur la dorsale ardennaise, sur un haut-plateau battu par les vents, paradis du dieu Éole. Luminus, Électrabel, & Cie, reviennent régulièrement proposer l’implantation de parcs éoliens, le long de l’autoroute E25, et systématiquement, les projets sont refoulés sans ménagement. Lors de cette réunion, j’ai entendu plusieurs « mini-Donald » émettre leur opposition avec virulence. Les plus déterminés avaient plus de septante ans : ils craignaient pour leur cadre de vie, et pour la dévaluation de leurs biens fonciers. À cet âge-là, avec son avenir derrière soi, pourquoi s’accrocher ainsi à d’aussi pitoyables considérations matérielles ?
Personnellement, installer des turbines éoliennes, même à 300 mètres en face de chez moi, ne me gênerait en aucune façon, mais je conçois fort bien que d’autres aient leur vision en horreur. Nous sommes en démocratie, et si la majorité refuse les moulins à vent, et bien tant pis : il est logique de refuser leur implantation. Les gens d’ici préfèrent placer des panneaux photovoltaïques, car chacun sait, bien entendu, que l’Ardenne bénéficie d’un ensoleillement digne de l’Andalousie, que les nuages changent de cap au-dessus de chez nous pour ne pas gêner le soleil dans son œuvre voltaïque !
Soyons honnêtes avec nous-mêmes : chacun ne pense qu’à son confort personnel, et compte surtout sur les autres pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Et pourtant, si chacun balayait devant sa porte, la rue aurait sans doute bien meilleure allure ! À l’égal du Grand Méchant Fou américain, personne ne veut diminuer son train de vie, brûler moins de carburant fossile pour voyager ou travailler, consommer moins de plastiques et veiller à gaspiller un minimum. Trop souvent, nous faisons semblant, pharisiens pathétiques, pour nous donner bonne conscience, sans nous engager avec force et détermination !
Traquons le Donald Trump qui est en nous ! Ce sera déjà un bon début…
