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La Commission brade-t-elle le secteur agricole ?

Prix des viandes et du lait en baisse, dangerosité des accords de libre-échange entre l’Union européenne, Mercosur… Le climat dans les campagnes est à la morosité. Si La Fugea s’est rendue lundi à Bruxelles en tracteur pour interpeller sur ces sujets le Commissaire à l’Agriculture Phil Hogan et les ministres de l’Agriculture. D’autres réactions se sont faites entendre mercredi à l’annonce d’une proposition selon laquelle la Commission porterait à 99.000 tonnes son offre de quota d’importation tarifaire pour la viande bovine.

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Le 29 janvier, le conseil des ministres de l’Agriculture s’est tenu à Bruxelles. À l’ordre du jour : Pac, marchés agricoles, négociations commerciales en cours. La Fugea en a donc profité pour directement interpeller les ministres et tirer la sonnette d’alarme en ce qui concerne notamment les négociations sur l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Un accord qui devrait selon la Fédération entraîner le déclin de milliers d’éleveurs en Europe.

De lourdes pertes financières

Le marché commun du Sud a de grandes ambitions et voit l’Union européenne comme un grand marché économique à conquérir pour ses exportations de viande bovine. Le Mercosur exige a minima obtenir un contingent de 100.000 tonnes à 130.000 tonnes de viande bovine à importer au sein de l’Union européenne. Or, une étude commandée par la Commission européenne pour évaluer les impacts d’un potentiel accord, fait état d’une perte de minimum 4,6 milliards d’euros pour le secteur de la viande bovine.

D’autant que les viandes importées des pays dudit marché n’ont pas les mêmes conditions sanitaires que nos viandes et ne respectent pas les mêmes contraintes en termes d’environnement ou de bien-être animal.

Dans certains de ces pays sud-américains, des pratiques frauduleuses sont constatées. La Fugea rappelle d’ailleurs le scandale alimentaire de viande avarié qui a secoué le Brésil en début d’année dernière. « Des pratiques illégales chez nous, comme l’utilisation d’hormones, d’activateurs de croissance ou les farines animales…, sont autorisées là-bas », précise le syndicat. Les éleveurs européens ne pourront pas rivaliser avec cette concurrence déloyale. Sans parler de l’aspect de la traçabilité et de la qualité impossible à contrôler face à un afflux massif de viande à nos frontières.

Le syndicat agricole se demande si la Commission européenne a la volonté de laisser entrer sur notre territoire cette viande de basse qualité, sous contrôlée. Dans l’affirmative, cela constituerait un véritable désaveu de l’Europe envers ses agriculteurs et ses consommateurs.

99.000 t de viande sud américaine

Plus tard dans la semaine, l’Agence Europe relayait une information selon laquelle, la Commission européenne porterait à 99.000 tonnes son offre de quota d’importation tarifaire pour la viande bovine.

Le ministre wallon de l’Agriculture s’est dit inquiet tant les concessions envisagées par l’Union européenne en matière agricole sont importantes. Elles auront des répercussions néfastes qui modifieraient en profondeur le paysage agricole mais également les habitudes de consommation. M. Collin : « Ma crainte ? Voir l’agriculture européenne, forte de 22 millions d’agriculteurs, créatrice de 44 millions d’emplois, être reléguée à une simple variable d’ajustement dans les négociations commerciales bilatérales se confirme ».

Et de poursuivre : « Ce modèle de libre-échange qui repose sur une concurrence inéquitable entre des modèles sociaux, environnementaux et sanitaires, que tout oppose, est de nature à entraîner le déclin d’une agriculture européenne, et singulièrement wallonne, durable et respectueuse de hauts standards de production, valorisant le savoir-faire de nos agriculteurs et garantissant une qualité irréprochable aux consommateurs. C’est tout bonnement inacceptable ».

Partant de l’adage qu’il vaut mieux pas d’accord qu’un mauvais accord, le ministre wallon a invité fermement le Premier ministre Charles Michel à maintenir, avec convictions, les réserves sur le volet agricole des négociations Mercosur qu’il a transmises au Président Juncker.

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