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Helmintho, rhyncho, rouille naine...

On en parle, on en parle... Mieux, on va observer leur possible apparition dans les cultures. Et le cas échéant, on les combat. Mais, ces maladies de l’escourgeon, les connaît-on si bien que cela?

Temps de lecture : 8 min

Commençons cette revue des princpaux champignons pathogènes par une maladie majeure dans toutes les régions du monde où l’orge est cultivée. Elle est capable de causer jusqu’à 40 % de pertes de rendement, mais aussi une diminution de la taille des grains, du poids spécifique et de la qualité du malt et du fourrage. Nous voulons parler de...

... l’helminthosporiose et ses nécroses

Cette maladie est causée par Pyrenophora teres, un champignon ascomycète capable d’infecter les semences, les feuilles et les tiges des plantes d’escourgeon. La contamination des semences peut constituer l’inoculum initial, mais la majeure partie de l’infection provient des débris d’orge infectés et laissés sur le sol après récolte. Les spores produites sur ces débris sont transportées par le vent vers les nouvelles plantules d’orge à l’automne.

Durant la saison culturale, les spores sont dispersées par le vent et par la pluie de feuille en feuille et parfois même sur de longues distances. Le développement de cette maladie dépend de l’humidité relative (min 80%), de la température (optimum 20°C), de l’eau libre sur les feuilles et d’autres facteurs environnementaux.

Les symptômes se présentent sous forme de nécroses brun foncé, entourées d’un halo jaune et visibles sur les deux faces de la feuille. Les nécroses sont bien souvent de forme longitudinale et disposées le long des nervures. Un réseau brun foncé en forme d’échelle se distingue au sein de ces lésions. La maladie se répartit de façon homogène dans la parcelle atteinte. L’infection monte du bas vers le haut de la plante.

La maladie est capable d’infecter les plantules d’orge avant l’hiver. Elle se réactive lors de la reprise de croissance mais les attaques sévères commencent réellement après le déploiement de la dernière feuille et jusqu’à la fin de la floraison.

Situations à risque: les semis précoces et les niveaux d’azote élevés favorisent de hauts niveaux d’inoculum car si le temps est favorable (automne doux et humide), la maladie peut effectuer un à plusieurs cycle(s) de développement avant l’hiver. Le semis direct ou le travail du sol superficiel qui laisse les résidus de culture sur le sol (pailles infectées) sont également des éléments favorisant l’infection de la maladie. Enfin il est important d’utiliser des semences désinfectées.

La rhynchosporiose, de splash en splash

L’agent pathogène responsable de cette maladie est un champignon ascomycète hémibiotrophe : Rhynchosporium secalis. Cette maladie est retrouvée à travers le monde et plus particulièrement dans les zones de climat tempéré. Elle est capable de causer des pertes de rendement allant jusqu’à 40 % mais aussi une diminution de la qualité des grains.

Ce pathogène a la particularité de se développer sous la cuticule des feuille de son hôte et d’y effectuer un cycle de développement avant l’apparition des premiers symptômes. Tout comme l’helminthosporiose, la majorité de l’inoculum primaire de la rhynchosporiose provient des débris de culture infectés laissés sur le champ. En moindre mesure, il peut provenir des semences infectées.

La propagation se fait principalement de proche en proche via les « splash » causés par les gouttes de pluie. Une partie de l’inoculum peut cependant être transportée par le vent sur de plus longues distances sous forme de fines gouttelettes. Rhynchosporium secalis aime les températures fraîches (optimum entre 8 et 10°C) et la présence d’eau libre sur les feuilles pour son développement. En conditions optimales, sa durée de latence est de 31 jours.

Les symptômes foliaires sont irréguliers, desséchés au centre (blanchâtre) et entourés d’une marge brune très marquée et bien délimitée. C’est parfois la base du limbe qui est touchée. Dans ce cas, un dessèchement bordé d’un liseré brun est observé au niveau des oreillettes et de la ligule.

La rhynchosporiose contamine d’abord la base des plantes et remonte ensuite les étages foliaires à la faveur des pluies. Il est donc important d’écarter le feuillage pour vérifier sa présence dans une parcelle.

Si les conditions automnales s’y prêtent, la maladie pourra déjà s’implanter sur les nouvelles plantules d’escourgeon fraîchement émergées. Ses symptômes seront nettement visibles au début du printemps où elle continuera son développement. C’est à ce moment que les risques d’épidémie sont les plus importants. Sa propagation est fortement ralentie à partir de l’épiaison car les températures au-delà des 20°C lui sont défavorables.

Situations à risque: les semis précoces et les niveaux d’azote élevés sont propices au développement de la maladie avant l’hiver. Le semis direct ou le travail du sol superficiel qui laisse les résidus de culture sur le sol (paille infectée) sont également des éléments qui favorisent l’infection de la maladie. Enfin il est important d’utiliser des semences désinfectées et une variété résistante.

Rouille naine, ponctuellement méchante

La rouille naine du blé est causée par le parasite obligatoire basidiomycète Puccinia hordei. Cette maladie se retrouve dans toutes les régions du monde où l’orge est cultivée. Bien que le pathogène soit différent, la biologie de la rouille naine est fort similaire à celle de la rouille brune du blé. Elle est cependant plus précoce car elle tolère des températures plus fraîches.

Cette maladie est capable de causer des pertes de rendement ponctuellement conséquentes, pouvant aller jusqu’à 30 %. Elle se disperse principalement par le vent même sur de longues distances mais aussi parfois par la pluie (splashing). Son développement est influencé par la température (min 5°C) et l’humidité relative ainsi que la présence d’eau libre sur les feuilles.

Les symptômes sont des pustules orange à brune disposées aléatoirement sur le limbe foliaire. Ces pustules contiennent une poudre brun-orangé composée de spores facilement dispersées par le vent. Cette maladie ne forme pas de spot au niveau de la parcelle et se retrouve partout dans le champ infecté.

Le pathogène a besoin d’un hôte vivant pour survivre. Entre la récolte et les nouveaux semis, Puccinia hordei utilise des hôtes de transfert parmi les graminées adventices. Le vent transporte ensuite les spores de rouille jusqu’à de nouvelles plantules d’escourgeon. En sortie d’hiver, des pustules de rouille naine peuvent être visibles sur les plantes mais la maladie ne devient vraiment dangereuse qu’après le déploiement de la dernière feuille. Son développement est ralenti lorsque les températures dépassent les 25°C. Elle est donc capable de se propager jusqu’à la fin de la culture d’escourgeon.

Situations à risque: le choix d’une variété résistante est un élément primordial lors de l’installation de la culture. En effet, plus la variété est sensible et plus l’épidémie peut commencer tôt dans la culture et donc engendrer des pertes de rendement conséquentes.

Cette maladie est également favorisée par une forte densité de semis et une fumure trop importante, engendrant ainsi une humidité élevée sous le couvert.

La ramulariose, de plus en plus gênante

La ramulariose est causée par le champignon ascomycète Ramulario collo-cygni. Cette maladie est devenue de plus en plus dommageable au cours des dernières années. Les variétés les plus sensibles peuvent perdre jusqu’à 1 t/ha de rendement du fait de cette maladie.

Cette maladie a pour particularité d’apparaître tard dans la saison. La maladie se développe au sein des plantes durant leur période végétative. L’apparition des symptômes et la sporulation du pathogène sont ensuite déclenchées par croissance reproductive (floraison) des plantes hôtes. Les grains sont la principale source de propagation de cette maladie. Elle va se développer au sein des plantules sans produire de symptômes. Lorsque les feuilles infectées meurent, un changement physiologique du champignon peut induire la production de symptômes et de sporulation constituant ainsi une seconde source d’inoculum.

Notons encore que les graminées sauvages et les repousses sont également source d’infection.

Les symptômes sont de petits spots rectangulaires dont les côtés les plus longs suivent les nervures des feuilles. Les côtés les plus courts sont plus irréguliers. Ses tâches nécrotiques sont de couleur brun foncé. Le tout est entouré d’un halo jaune bien marqué. Les symptômes peuvent être vus sur les deux faces de la feuille infectée.

A ne pas confondre avec :

– les symptômes physiologiques dus à un stress lumineux : ils se présentent comme de petits spots brun très foncé et parfois entourés d’un halo jaune. Ils sont cependant uniquement limités à la surface de la feuille exposée à la lumière;

– les taches léopard : certaines variétés peuvent produire des taches brunes plus ou moins grandes, présentant parfois un léger halo jaune, mais beaucoup moins prononcé que la ramulariose;

– les brûlures polliniques : lors de la floraison durant une période humide, le pollen peut coller aux feuilles d’orge et favoriser la croissance de champignons saprophytes, de bactéries et de levures induisant de petits points bruns sur la surface de la feuille. Ils sont plus petits que les spots de ramulariose;

– les taches en réaction à l’oïdium : la plupart des variétés d’orge actuelles résistent bien à l’oïdium. Certaines cependant génèrent des taches en se défendant contre la maladie. Ce sont des spots bruns au sein desquels un mycélium blanc est visible.

La ramulariose ne se déclare réellement que lorsque la plante a enclenché sa croissance reproductive. C’est donc à la fin de l’épiaison qu’une épidémie peut démarrer. Les symptômes apparaissent très rapidement et l’état de la culture peut changer du tout au tout en une semaine si la protection fongicide n’a pas été suffisante.

Situations à risque : l’utilisation de variétés résistantes et de semences saines est les meilleures options pour lutter préventivement contre la maladie.

D’après Charlotte Bataille

, Cra-w, dans Le Livre Blanc,

février 2018

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